dimanche 18 décembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 8 et le 15/12)

- Eugène Savitzkaya, A la cyprine, Minuit, 2015
- Nicolas Tardy, Liens à creuser, lnk, 2016
- Nicolas Tardy, Poèmes ménagers, L'Attente, 2002
- Eric Chevillard, Mourir m'enrhume, Minuit, 1987

1- Plus de cinéma, moins de livres. Fabriquer des livres, moins de lecture
2- Rêvasser un peu, dormir comme on sombre, abandon du polar du soir.
3- Lecture plus réussie d'A la cyprine, dont la première attaque m'avait beaucoup déçue, sans doute du fait de la diversité des formes, qui vont de choses très simples, presque vers de mirlitons, à la jungle plus dense habituelle. Et l'horizon d'attente de Cochon farci. Les choses trouvent plus leur place cette fois-ci, dans ces textes amoureux, corporels et sexués, toujours dans une luxuriance verbale.
3- Relecture d'un lnk, le travail fait. Nicolas Tardy clôt la série. J'aime son travail sur le cut up, le mix, les changements de registres, le jeu de mot, les catapultages high/low culture. Lisez les Poèmes ménagers.
4- J'ai dû lire le livre de Chevillard en 1988 ou 1989 pour la première fois, emprunté à la bibliothèque municipale, alors que je grappillais un peu à droite à gauche pour tester des choses, ce queje fais encore, mais nettement moins. Un avant-goût. Depuis, il m'accompagne et j'aime toujours avoir un de ses opus non lu dans les parages, au cas où. Comme un compagnon. Dans ces aventures drôles et absurdes, avec de drôles d'envolées délirantes, je vois maintenant mieux quelques défauts techniques, quelques sources, je perçois une évolution, mais je reste toujours très attaché à ce livre: monsieur Théo explorant l'univers et fomentant des plans diaboliques de son lit de mort pour débarrasser la Terre de son humanité, avec le soutien de la petite Lise, et la présence importune de le vieille Plock, Suzie de son prénom.
5- Sortir des livres de la bibliothèque, papillonner de l'un à l'autre, chrestomathie intime en mouvement, faire des piles, les voir s'effondrer, ranger, passer l'aspirateur. Ne pas négliger les tâches ménagères.

dimanche 11 décembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 2 et le 8/12)

- Lao-Tzeu, La voie et la vertu (Tao-tê-king), traduction de François Huang et Pierre Leyris, Seuils, "points", 1979
- Christophe Mescolini, Selves, manuscrit inédit
- Helena Eriksson, Théorème de densité, traduit par l'auteur et Jonas (J) Magnusson, Eric Pesty Editeur, 2011
- Helena Eriksson, Entre ou L'autre proximité, traduit par l'auteur et Eric Pesty, lnk, 2016
- Eugène Savistzkaya, Cochon farci, Minuit, 1996
- Martin Richet, Météorologiques, Climat de chasseur, lnk, 2016
- Martin Richet, Météorologiques,"à la dérive", lnk, 2016
- Dominique Rouche, Hiulques Copules, Gallimard, 1973
 - K.O.S.H.K.O.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 6, 2014
 - K.O.S.H.K.O.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 7, 2015
- K.O.S.H.K.O.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 8, 2015
- K.O.S.H.K.O.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 9, 2015
 - K.O.S.H.K.O.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 10, 2016

1- Lao-Tzeu, recommencé plusieurs fois en 25 ans, jamais terminé. La vie autonome des livres dans la bibliothèque. Lecture dans le bus, pas assez attentive. Je pense à Confucius par certains aspects (et à François Matton pour d'autres raisons!), prends quelques notes, survole trop rapidement. J'y suis revenu par Queneau, en pensant au Yi-King, que je ne connais pour le coup pas du tout. Y revenir encore, plus tard. Ce qui se fabrique dans l'idée du livre et son désir, dans la fixation de l'objet feuilleté.
2- "Plus loin tu vas / moins tu connais"
3- Un manuscrit est-il un livre? A-t-il sa place dans une liste de livres? Au delà de l'amitié, un texte que j'ai lu de nombreuses fois et que j'aimerais compulser dans un vrai volume. Le texte est très fort, fin dans un geste de répétition de l'image et sa création: chaque lecture, selon qu'elle se focalise sur tel ou tel détail, change la perception de l'ensemble. Je le lis non comme le livre de Christophe, mais il se détache de l'image de l'ami, comme on enlève la planche de décalcomanie pour la ranger dans sa poche: ce livre, je me l'approprie dans la lecture, les lectures multiples. Abstraction de l'amitié vers le concret de l'objet, mien. Affection à distance, prise de relai.
4- lnk en cours de fabrication: on focalise sur les charnières, les hauts et bas de page, on n'en peut plus du texte à force de le déplacer. En général, je ne les relis pas, pas tout de suite, ils doivent prendre leur place. Ici, un vrai plaisir de relecture, après la mise en page, pour vérifier des détails et profiter du texte. Ce sont les derniers et je ne mesure pas bien la chance d'avoir publié des chapbooks que j'aime, d'auteurs que j'aime.
5- Lecture ratée de Théorème de densité  - encore un livre relu à plusieurs reprises, dont chaque fréquentation apporte un jour nouveau -, encore que: une impression de quelque chose qui m'avait échappé, dans une dimension plus "lyrique", pour simplifier... Laisser reposer. Echange avec Helena sur l'évolution de sa propre lecture d'Entre ou L'autre proximité.
6- Cochon farci est sans doute le livre que je préfère de Savitzkaya, dans la maîtrise formelle, le lyrisme sauvage, clinique et détaché, amoureux et féroce.
7- Lire un livre auquel on ne comprend, rien, qui vous échappe sans cesse, l'angoisse de la page blanche du côté du lecteur, pour reprendre une idée de Susan M. Schultz, et pourtant s'y laisser aller, voir ce qui se passe au bout du bout, en ayant le sentiment d'être dans un territoire totalement étranger, inouï, d'un exotisme total. Hiulques copules fend mon activité de lecteur: j'y vois bien un désir du livre (biblique dans la profération, mallarméen, y compris dans le théâtre des paroles qui ferme le texte), sa représentation corporelle, physique, sexuée aussi, un discours sur l'analyse (lacanienne?), mais globalement cela m'échappe. Je relis le texte que Michèle Cohen-Halimi lui a consacré dans L'Anagnoste, qui me conforte dans certaines impressions, mais ne m'éclaire pas pour autant. Un mystère, une énigme. Et qui me convient.
8- Deuxième partie de la relecture de K.O.S.H.K.O.N.O.N.G, dans une cohérence fuyante, en mire, le travail de Jean Daive. Je relève: "c'est mensonge combinatoire, reconnectant / phy et psy en codique alternance explique pas relation de quelle / vérité à quel secret" (K6, J.-R. L.); "les lignes étant subdivisées en courts segments - autant de croisements" (K7, G.M.); "Les deux verbes de la langue ajouter et séparer sont les seuls que l'on ait." (K8, T.G.); "L'incertitude maintient dans la dispersion le spectacle mais, parce que, et quoi si." (K9, R.W.); "Certains riaient de ne pas comprendre, d'autres entendaient seulement des balbutiements illogiques, d'autres encore étaient saisis par cette lutte inouïe pour le concept" (K10, M. C.-H.)
9- Reprendre Iser.

mardi 6 décembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 25/11 et le 1/12)

- Martin Richet, De l'âme, Eric Pesty Editeur, 2016
- Martin Richet, Bureau vertical Onze pour table, Les cahiers de la Seine, 2006
- Martin Richet, L'autobiographie de Gertrude Stein, Eric Pesty Editeur, 2011
- Gertrude Stein, Le livre de lecture, illustrations d'Alice Lorenzi, traduction de Martin Richet, Cambourakis, 2016
- K.O.S.H.KO.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 1, 2012
- K.O.S.H.KO.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 2, 2013
- K.O.S.H.KO.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 3, 2013
- K.O.S.H.KO.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 4, 2014
- Italo Calvino, Forêt-racine-labyrinthe, traduit de l'italien par Fournel & Roubaud, Seghers, 1991
- Anne Portugal, En parlant de salut public, lnk, 2012
- Eugène Savitzkaya, La folie originelle, Minuit, 1991
- Jean-René Lassalle, Rêve : Mèng, Grèges, 2016
- K.O.S.H.KO.N.O.N.G, revue dirigée par Jean Daive, Eric Pesty Editeur, numéro 5, 2014
- Emmanuel Hocquard, Ce qui n'advint pas, CIPM, 2016

1- Lire l'écriture de Martin Richet comme une lecture. Un renversement de perspective, un manuel de lecture. Sans doute lié aux circonstances (la traduction de Gertrude Stein, texte faussement enfantin, dans le plaisir du répété, et du bel objet cartonné et toilé, que ma fille a insisté pour que je choisisse). L'autobiographie de Gertrude Stein, dans ce à quoi elle allude (Toklas), et dans l'idée des traductions qu'en avait déjà fait Martin Richet, bien sûr. Et dans la préoccupation sur les effets du langage, perceptible dès son "premier" livre (personnel, sous son nom, même si on perçoit que les traductions s'ordonnent aussi selon un travail précis, qui en font aussi une "œuvre" de Richet). Dans De l'âme, la première page pose quelque chose de l'ordre de la lecture, dont je relève: "Soumission au papier. // Je vous soumets au papier. // La page se vide de lumière. // Il y a quelque chose en vous qui écrit. Qu'est-ce que c'est? C'est moi. // Il y a quelque chose en vous qui voit. Et quelque chose en moi ne parle pas." Une idée à creuser ou abandonner, mais l'envie de relire encore Richet.
2- Relire une revue, non plus à chaque livraison mais dans un continu, volume après volume, changer sa perception.
3- L'importance de la forme: le faible volume de la revue permet cette relecture, ce tissage de liens dans la lecture.
4- Je relève: "Consistance toujours utopique du lire" (K.1, M. C.-H.); "C'est sa capacité de recommencement qui se donne à lire." (K.2, M. C.-H.) "POUR QUI J'ECRIS? MAIS POUR QUI EST-CE QUE TU LIS" (K.3, W.H.); "chaque objet / tente de rassembler un corps", "Il y aurait donc une tentative, ici, de démontrer qu'une unité se faufile au milieu de ce désordre." (K.4, C. R.-J. puis J.-M. A.); "Etablir un plan ou une carte avec des parties inconnues." (K.5, J.-M. A.)...
5- Amusant conte médiéval et logique de Calvino, avec une stratégie de de retournement, de jeux en miroirs sur les personnages, un joyeux enchevêtrement ludique et frais. Quelque chose de simple, qui témoigne d'une complexité. Bien joué/jouer.
6- Relire Anne Portugal: quelque chose du conte de fée , y compris la gravité sautillante, une "inflexion" du prendre, du désir pris. Difficile d'expliquer à quelqu'un pour quoi. Voir plus haut.
7- Un Savistzkaya polyphonique, mais s'agit-il de théâtre? Toujours la répétition, l'anaphore et les lexiques obsédants, avec un langage proféré, avec une forme de Genèse, de poème de Création, avec des allusions explicites à la Bible, dans le nom d'un personnage, certaines formulations. Un jouir du langage, des paroles croisées, listées.
8- Première lecture à toute vitesse du dernier livre de Jean-René Lassalle, plus facile que Poèmes carrés, avec une règle assez simple, un mode d'emploi, mais qui mène à l'écriture de variations scintillantes, polymorphes, des cristaux. Un bel objet, avec sa calligraphie chinoise. J'y reviendrai.
9- Hocquard revient sur ses quatre livres d'Une grammaire de Tanger, mais chaque rebours d'Hocquard a toujours quelque chose de projectif. Toujours cette lecture limpide, mais qui amène plus loin qu'on y pensait au départ. Un jeu d'élasticité entre différents plans. Il serait intéressant de réfléchir à l'élégiaque inverse par un biais de ce genre.

mardi 29 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 18 et 24/11)

- Lisa Robertson, Le temps, Nous, 2016
- Raymond Queneau, Les derniers jours, Gallimard, 1936
- Eugène Savitzkaya, Mentir, Minuit, 1977
- Edouard Zarifian, Les Jardiniers de la folie, Odile Jacob, 2000
- Guillaume Apollinaire, Le poète assassiné, Fata Morgana, 2001

1- Les cousins Cidrolin, Valentin Brû et Alfred, qui observent tout ça plus ou moins de l'extérieur, un peu actifs mais pas vraiment, la comédie humaine, les jeux de miroirs entre les personnages, vraiment démultipliés dans Les derniers jours. Une lecture qui a toujours peur de perdre l'attention, de ne pas creuser assez en profondeur, qui de toute façon échappe, tant il me manque de clés. Mais toujours un vrai plaisir, un peu potache et très sérieux. Comme tous les jeux.

2- Savitzkaya avec le corps de la mère, l'image, le mensonge, le récit qui emprunte (on pense à Duras parfois) des voies détournées, cliniques et zoologiques, dans la répétition, la vibration, le mirage.
3- Retour sur les noms propres, au croisement de ces deux livres.Un vieux hobby.
4- J'ai entendu Zarifian à la radio il y a une vingtaine d'années et j'avais trouvé le propos intéressant, il parlait notamment de l'usage des somnifères. Un peu par hasard ce livre, qui fait le point sur la "folie" et les différentes méthodes de soin. Une synthèse intéressante, ouverte et assez globale (la première édition est de 1988), sûrement daté et discutable, mais qui donne à penser.
4- Les aventures faribolantes du poète Croniamantal, qui finira assassiné, doivent beaucoup à Rabelais et donnent envie de lire Grabinoulor. On est dans l'ordre de la pochade, mais comme dans le jeu, il y a toujours quelque chose de sérieux (je pense à certains textes d'Alcools, par exemple, auxquels on peu penser ici). Les linogravures de Pierre Alechinsky, faisant ses classes, où l'on perçoit des influences - et pas ce qui fait qu'on le reconnaît immédiatement. Miniatures. Je pense à la littérature bleue.
5- Robertson ou le casse-tête: les points d'accroches fuient, dans un texte riche, qui me fait penser à Steve Reich dans son côté répétitif, mouvant et prenant.

dimanche 27 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 11/11 et le 17/11)

- Bernard Minier, Glacé, XO / Pocket, 2011
- Clair Arthur, Mama délire, sorcière d'Afrique, Nathan, 2000
- Eugène Savitzkaya, Un jeune homme trop gros, Minuit, 1978
- Jean-Luc Godard, Histoire(s) du cinéma, 1, 2, 3 & 4, Gallimard / Gaumont, 1998

1- Le polar du moment. J'avais lu les deux enquêtes suivantes du commandant Servaz. Un thriller qui fonctionne très bien, avec des passages intéressants en dehors du polar.
2- Une erreur de livre pour le travail: inadapté par rapport à des adolescent. Je ne comprends pas non plus l'intérêt de ce livre, classé "humour" (et effectivement, un assemblage de blagues carambar), du point de vue narratif ou thématique. Quelque chose parfois affleure, puis disparaît sans raison.
3- Il y a toujours chez Savitzkaya quelque chose de corporel, presque clinique, dans l'écriture. On joue sur la répétition et la collection - le travail de liste intégrée dans la forme narrative- , sur une image mythique (l'enfance, le rapport à la mère, Elvis),  sur un rapport à l'inconscient, sur l'animalité aussi... On reconnaît facilement un de ses textes, et pourtant, on est surpris, fasciné par ce qui se dessine dans une dextérité, une orfèvrerie, une mécanisme horloger savamment agencé. partir d'une fausse biographie, en dégager certains dessins archétypaux et généraliser pour que le lecteur s'y retrouve, s'y reflète.
4- Une dimension sexuelle.
5- Magnifique objet, ce coffret en quatre volumes de Godard, qui reprend le film éponyme. Gros caractères, belles images.
6- Une dimension tragique.
7- "Montage mon beau souci"
8- Le livre, comme le film, est un montage, un assemblage d'images, de textes, de citations. Sans pourtant que la citation se fasse référence. Il s'agit plutôt d'une pâte, avec laquelle Godard peint son histoire, ses histoire du cinéma. Mais il ne s'agit pas d'un film sur l'histoire du cinéma, mais d'un film de l'histoire du cinéma, pour reprendre le distinguo de la Lettre à Freddy Buache.
9- Emotion. Le livre, comme le film, émeut plus qu'il n'étouffe par les références.
10- Un chef d’œuvre ou un point cardinal.

Livres lus ou relus (terminés entre le 4/11 et le 10/11)

- David Lespiau, Récupération du sommeil, Héros-Limite, 2016

1- Lecture pour écrire. Une recension dans le CCP.
2- Je remarque et on m'a déjà signalé que je dis assez peu ce que je ressens à propos d'un livre en écrivant dessus. J'aime le moteur, le formalisme. Plus j'aime le livre, moins je parle de ce qui fait aussi mon intimité avec lui, à tel point que je me vois parfois obligé de rajouter ici un adjectif, ici un adverbe, tant c'est peu explicite. Pour moi, la forme, la technique, fait partie de cette intimité, de ce qui fait que le livre fait sens en atteignant au nerf, à une couche profonde. Peut-être y pallier.
3- Difficulté de se mettre au travail sur Lespiau, trouver une phrase d'attaque et pourtant, après-coup, étonné par la rapidité, dans une concentration intense. Difficile de formaliser un ensemble ouvert d'impressions, de désirs et d'affects, d'éléments d'investigation...
4- Feuilleter, compulser, déranger et ranger des volumes, laisser traîner des livres...
5- L'usage fréquent des usuels: j'aime les dictionnaires,les grammaires, les livres de cuisine...

samedi 26 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 28/10 etle 3/11)

- Gabriel Gauthier, Simurgh & Simorgh, Théâtre Typographique, 2016
- Raymond Queneau, Les fleurs bleues, Gallimard, 1965
- Donato Carrisi, Le chuchoteur, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza, Le livre de Poche /Calmann Levy, 2010
- Yan Gauchard, Le cas Annunziato, Minuit, 2016
- Raymond Queneau, Le dimanche de la vie, Gallimard, 1952
- Raymond Queneau, Une histoire modèle, Gallimard, 1966

1-  Relire Gauthier, pour une note dans le CCP, sans relire la quatrième de couverture de Pierre Alferi (voir après comment elle contamine, impression de portes ouvertes après avoir parcouru longuement un livre sur l'art du Moyen-Orient et des souvenirs de Londres).
2- Queneau pour l'envie d'une lecture qui soit légère dans le roman et stimulante. Et on n'est jamais déçu avec Queneau.
3- Lire Kojève un jour.
4- Les strates du roman, la mise en abyme des lectures, stimulante et vertigineuse. L'histoire et l'Histoire, le récit, le sens, l'absence de sens. Cidrolin et son essence de fenouil, remontant le cours avec le duc d'Auge. Le travail de transition, de multiplicité.
5- les aventures de Valentin Brû, avec toujours cette obsession pour l'histoire, les chiffres et la morale, finalement, qu'il n'y a pas. Un roman d'aventure assez statique. Tableaux.
6- Le bref essai inachevé, Une histoire modèle, et la perception que j'ai de ne plus avoir la même lecture, notamment sur l'humour qui s'en dégage, mélangé aux sérieuses préoccupations qui le traversent. Un modèle réduit.
7- Il m'est difficile de parler de Queneau, tant je suis impressionné par l'aspect encyclopédique du projet. Et la stature imposante.

8- Le polar du moment, assez original dans l'idée, mais qui s'essouffle dans la longueur. Il faudrait lister les clichés pour voir tout ce qu'il y a de forme fixe dans ce genre. Une sorte, aussi de sonnet, ou de chanson. Agatha Christie est très forte pour les infimes variations du récit.
9- Au delà de l'amusant prétexte (un type, traducteur, se retrouve enfermé un week-end dans un musée, suite à une blague, et la situation ne cesse d'empirer), c'est la syntaxe de Gauchard qui me plaît vraiment, quelque chose entre le fluide et le tendu, la continuité et la rupture. A la fois facile et recherché, en décrochage-raccrochage: vraiment du beau travail et un beau texte, qui fait surgir aussi d'autres préoccupation.
9- Lire au hasard, dans la surprise et le désir.

dimanche 20 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 21/10 et le 27/10)

- Leibniz, Monadologie, Gallimard (Tel) 1995

1- Première lecture rapide pour dépoussiérer deux ou trois choses, sans chercher à comprendre vraiment le texte. Certains livres ont besoin de plusieurs lectures, et laisser reposer (parce qu'on a construit trop de choses a priori sur eux).
2- Vacance. Suite.
3- Ce que la lecture, dans son développement, doit à l'amitié, la sympathie éprouvée pour telle personne, tel texte. Il est rare qu'on construise une bibliothèque par antipathie (je songe soudain à Démolir Nisard, de Chevillard: imaginer une bibliothèque négative à partir de Désiré Nisard).

vendredi 18 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 14/10 et le 20/10)

- Rien, nib, nada, que dalle, zéro...

1- L'absence de désir du livre, parfois jusqu'à une forme de dégoût. Passe.
2- Il y a deux ans, on m'avait demandé d'écrire un texte sur la lecture et de lister des livres importants pour moi (je n'ai pas lus certains d'entre eux, qui sont un horizon, et je n'aurais sans doute pas fait la même liste aujourd'hui). J'ignore si ce texte a été publié, je n'ai jamais eu de nouvelles. Je le colle donc en 3.
3-Dans la cathédrale de Grenade, un retable baroque me fascine, pas tant par sa grande qualité artistique (encore qu’il faudrait définir ce qu’on entend par là), que par l’exploration de sa surface. Sa construction visuelle est simple : par une symétrie verticale, on perçoit d’abord chaque partie de la ligne médiane comme miroir de l’autre, avant de percevoir, petit à petit, des éléments qui clochent, désaccordent cette symétrie, leur nombre peu à peu faisant masse, apportant le désordre dans un ordre apparent. Une expérience simple, pour peu qu’on s’y arrête.


*

Lorsque je lis, j’adopte une posture, liée à une habitude de lecture, posture intellectuelle, mais aussi physique, celle du corps en fonction de l’endroit choisi, et surtout celle de l’œil et de son déplacement dans l’espace de la page. Lecture rapide d’une prose, effets d’accélération, de suspens, dispersion sur la page, longueur des lignes, liens lexicaux, syntaxiques… Autant d’éléments qui confinent à des conventions, permettent une lecture plus rapide, plus sûre, plus assurée, plus rassurée. Pour résoudre une énigme, celle de l’acte de lire (qui n’est pas nécessairement acte d’épuisement du sens dans une compréhension immédiate et définitive, lire est un acte dynamique, un mouvement, davantage que l’accumulation de significations formant un objet immobile, malgré ce volume compact que j’ai entre les mains, que je range dans la bibliothèque), je dispose de plusieurs stratégies, qui s’affinent au fur et à mesure que j’apprends à lire, que je désapprends certaines pratiques pour en intégrer d’autres, chaque groupe textuel (type, genre…) ayant ses propres conventions de lecture. J’ai plus ou moins de facilité à explorer le livre, à proposer une stratégie d’investigation, à appréhender une énigme, à chercher ou non à la résoudre.
Or, certains textes m’échappent, je me retrouve face à eux sans outils, avec une difficulté de saisie qui peut m’intimider, me rebuter. L’énigme est là, je la vois, je ne sais comment l’appréhender. Comme l’enfant qui annone ses premiers exercices, j’hésite entre le désir d’explorer et le rejet de la chose, fasciné, ma naïveté m’agace. J’ai du mal. Accepter ce malaise, ce désordre qui s’institue soudain, fait aussi partie de l’acte de lire. C’est assumer ma manière d’errer, de rater, de faire des erreurs, ce déport un peu maladroit du corps.



Liste :

-          Tristram Shandy, Laurence Sterne
-          Le Grand Incendie de Londres, Jacques Roubaud
-          Délie, Maurice Scève
-          Lettres familières, Pétrarque
-          Monsieur Teste, Paul Valéry
-          Le Vrai sujet, Keith Waldrop
-          Ma Haie, Emmanuel Hocquard
-          Une Méthode descriptive, Claude Royet-Journoud
-          État, Anne-Marie Albiach
-          L’art poétic’, Olivier Cadiot
-          La Vie mode d’emploi, Georges Perec
-          Journal, Franz Kafka
-          Dictionnaire historique et critique, Pierre Bayle
-          Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne
-          Dictionnaire Français-Latin, Félix Gaffiot
-          L’Île au trésor, Robert-Louis Stevenson
-          Illuminations, Arthur Rimbaud
-          Un coup de dé jamais n’abolira le hasard, Stéphane Mallarmé
-          Dans le temps, Jean Roudaut
-          Tractatus Logico-philosophicus, Ludwig Wittgenstein
-          Billy the Kid, Jack Spicer
-          Démolir Nisard, Éric Chevillard
-          L’Aventure, Tony Papin
-          Poésie non-traduite, Armand Robin
-          Threads, Jill Magi
-          Bristols, Frédéric Forte
-          Lettres à Zanzotto, Michael Palmer
-          Poétique, Aristote
-          La Fabrique du pré, Francis Ponge
-          Fables, Jean de la Fontaine
-          Le Dit du Genji, Murasaki Shikibu
-          À la Recherche du temps perdu, Marcel Proust
-          Essais, Montaigne
-          Dans le labyrinthe, Alain Robbe-Grillet
-          Les Géorgiques, Claude Simon
-          Illusions perdues, Honoré de Balzac
-          Les Cinq livres, François Rabelais
-          L’après-midi d’un faune, Arno Schmidt
-          L’Ablatif absolu, Michel Couturier
-          La Poésie est inadmissible, Denis Roche
-          Compact, Maurice Roche
-          Notes sur le déséquilibre, Christian Prigent
-          Ma Girafe, Sébastien Smirou
-          Travail du temps, Hubert Lucot
-          Philosophie infinitive, Emmanuel Fournier
-          Les Fleurs bleues, Raymond Queneau
-          Après-midi à rien, Michel Vachey
-          Les Allures naturelles, Pierre Alferi
-          Témoignage, Charles Reznikoff
-          Lancelot du Lac (en prose)
-          Histoire générale de l’Afrique
-          Décimale blanche, Jean Daive
-          Les Arbres noirs, Henri Deluy
-          Fictions, Jorge Luis Borges
-          Discours de la méthode, René Descartes
-          Entretiens avec Marcel Duchamp, Pierre Cabanne
-          Paysages et jardins divers, Gilles A. Tiberghien
-          Théorème de Densité, Helena Eriksson
-          La Cuisine pour tous, Ginette Mathiot


jeudi 17 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés du 7/10 au 13/10)

- Joe R. Lansdale, Juillet de sang, traduit de l'américain par Claro, Gallimard 2007
- J.H. Svaeren, Trois livres, traduit du norvégien par l'auteur, A la pension victoria, 2011

1- Le polar du soir, qui débute de façon intéressante. Un peu plus lourd par la suite mais plutôt bon.
2- "traduit de l'américain": statut de la langue,d'une origine.
3- Bel objet, beau travail - espace du texte ténu, lenteur et blanc. Avec ce qui reste d'énigmatique.
4- "une image est une scène de chasse"

Livres lus ou relus (terminés entre le 30/9 et le 6/10)

- Jack Spicer, Billy the kid, traduction de Joseph Guglielmi, Fourbis, 1990
- Jorge Luis Borges, Atlas, traduit de l'espagnol par Françoise Rosset, Gallimard, 1988 (en collaboration avec Maria Kodama)
- Alberto Moravia, Préhistoire de rire un peu, texte français de Candido Temperini, Hachette 1979
- Ossip Mandelstam, Le timbre égyptien, traduit du russe par Georges Limbour et D.S. Mirsky,  Le bruit du temps, 2009
- David Lespiau, Supplément Celmins, Little single, 2008
- David Lespiau, La poursuite de Tom, Farrago / Léo Scheer, 2003
- Enid Blyton, Oui-Oui marin, Hachette, 1970
- David Lespiau, Ouija Board, Héros-Limite, 2008 (version anglaise: Cole Swensen, version allemande, Cosima Weiter)

1- Sur la façon de présenter le traducteur: traduction de X, traduit de telle langue par X., version, texte français, ou rien du tout. Statut signifiant, dans la complexité de l'acte de traduire.
2- Une traduction est, littéralement, une métaphore: un transport.
3- Je repense à ce film où un boshiman trouve une bouteille de Coca-Cola. Le rôle du traducteur est-il d'en indiquer un usage? Existe-t-il un bon usage?
4- La traduction de Billy the kid par Guglielmi, qui reste à mes yeux la meilleure, bien qu'elle soit moins proche de l'original que celle de Suchère. Sans doute parce que c'est dans cette version que j'ai lu d'abord ce texte (dans Change), et parce qu'il y a dans le travail du vers, de l'enjambement, quelque chose qui modifie l'oreille du texte, rend son aspect formel-lyrique, sa force de conviction. Chaque lecture est une intense émotion.L'introduction de Roubaud, la lettre à Robin Blaser.
5- Borges, un tour du monde en brève prose, ou comment voir de mémoire, aveuglé par la photographie et ce qui se fabrique dans la distance, les distances. Visions de l'aveugle. Le jeu entre le texte et la photographie.
6-Etonnant Moravia, acheté dans une brocante pour ma fille: un petit côté Kipling, dans les Histoires comme ça. Un livre d'enfant, objet sans doute un peu vieilli.
7-Enid Blyton: je me souviens parfaitement l'immense fierté d'avoir terminé ce qui me semblait un pavé et qui devait être Oui-Oui à l'école ou Oui-Oui à la mer. La récompense en fermant le livre: je sais lire, je suis capable de lire un gros livre seul et je découvre des liens entre les livres, que je poursuivre de manière autonome. Récemment, à la question de savoir quelle lecture avait compté pour moi, je répondis Kafka de manière un peu automatique (découvert à l'adolescence, de manière autonome, et qui a fait de moi un lecteur, disons, littéraire), mais immédiatement, je revins à Blyton: l'enfance de la lecture.
8- Enid Blyton: lu en une vingtaine de minutes, un peu surpris par la narration assez répétitive et finalement assez plate. Mais pris aussi par le redécouverte de personnages oubliés. Mémoire. Pas de traducteur.
9- Mandelstam: prose extrêmement riche, prenante, syntaxe pourtant simple mais un enchaînement onirique,  halluciné, qui préfigure certains textes surréalistes. Magnifiques trouvailles, liées aussi à une tradition (Gogol). Retrouver la note de Christophe à son sujet.
10- Ce qu'un texte doit à sa forme première en livre (Supplément Celmins), modifie sa lecture, à rebours.
11- Lespiau ou le dispositif. Ouija Board, dans sa simplicité apparente, tresse les langues et les énoncés. Une vraie réussite éditoriale.
12- La poursuite de Tom, faux récit policier à relier à Férié, dans une série. Une autre saison. Tom = mot? travail sur la répétition, la mise à distance et l'objectivation, tant du mot que du récit.

mercredi 16 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 23/9 et le 29/10)

- Atiq Rahimi, Terre et cendres, traduit du persan (Afghanistan) par Sabrina Nouri, POL, 2000
- David Lespiau, Aluminium, Argol, 2012
- Emmanuel Fournier / Pierre Rieucau, Lettre / Lettre, Contrat maint, 2016
- Pierre Ajonc, Double Deux, Contrat maint, 2016
- Pierre Ajonc, Le Double, Contrat maint, 2008
- Luis Sepulveda, Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, traduit de l'espagnol (Chili) par Anne-Marie Métaillé, Métaillé, 1996
- Eduardo Berti, Tous les Funes, traduit de l'espagnol (Argentine) Par Jean-Marie Saint-Lu, Actes sud, 2005

1- Atiq Rahimi utilise le pronom "tu" avec une focalisation interne, celle d'un vieillard accompagné de son petit-fils sourd, parti épuisé annoncer la destruction du village à son fils et patientant à une poste de garde dans l'attente d'un camion, sombrant dans le sommeil, d'où l'aspect onirique qu'on retrouve aussi dans son second roman et qui donne beaucoup de force à ce récit sobrement écrit.
2- Dans la foulée, je regarde le film éponyme du même auteur, devenu réalisateur, en me demandant comment on pouvait rendre ce point de vue, cet aspect onirique, ce monologue interne au "tu". Le film est très différent, enlève et ajoute, transforme: autre chose et pourtant très proche, la même force, la même conviction. Très beau.
3- Lespiau construit en volume: dans une série versifiée, à lier aux autres livres chez Argol (?). Penser objectivisme, au nexus, à la poésie l=a=n=g=u=a=g=e. Quelque chose de la liste, de l'inventaire.
4-Pierre Ajonc auteur biface ou le mystère dévoilé, huit ans après. Un triangle à quatre mains, double. Touchant hommage aussi, à lire et relire, dans la perspective. Emmanuel Fournier est un auteur et philosophe précieux dont il faut lire la Philosophie infinitive (éditions de l'éclat).
5- Sepulveda: lecture pour le travail, d'une forme d'apologue où l'on se laisse prendre, avec plaisir,  à suivre les aventures d'une bande de chats résolus à faire vivre une mouette. Les lectures ne sont pas les même en fonction de leur objectif: donner à lire à des adolescents, c'est changer d'angle, de désir. Flop, par ailleurs, car il n'y avait pas assez d'exemplaires.
6- Le livre d'Eduardo Berti traînait depuis un moment et c'est le fait d'avoir croisé une argentine qui me l'a fait lire: aléas bien minces des conditions. Récit dans un héritage de Borges, qui donne envie de se plonger ou replonger dans d'autres auteurs (Quiroga, notamment), sur l'identité, le nom propre et ses fictions. On comprend que Berti ait été coopté par l'Oulipo, dans cette tradition du plagiat par anticipation. Un beau labyrinthe, dans lequel on aime se perdre, et un vrai plaisir romanesque.

mardi 15 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le16/9 et le 22/9)

- Eric Audinet, Je cherche un livre, Spectres familiers, 2002
- David Lespiau, Nous avions, Argol, 2014
- David Lespiau, Poudre de la poudre, Le bleu du ciel, 2014
- Lisa Robertson, Cinéma du présent, traduit de l'anglais (Canada) par Pascal Poyet, Théâtre typographique, 2015
- Lisa Robertson, Le temps, traduit de l'anglais (Canada) par Eric Suchère, NOUS, 2016
- Christine Camara & Claudine Gaston, Comment fabrique-t-on une poule?, Ellipses, 2008

1- Lister avec effet retard, non plus dans une démarche de quasi diariste, mais avec déjà la perte-mémoire, triages et effacements.
2- J'aime infiniment les livre d'Eric Audinet, toujours fins et souvent drôles. Ici, une nouvelle un peu borgésienne, ou un manuel, qui se déguste avec beaucoup de plaisir, dans la pensée de la bibliothèque. C'est la lecture de Lespiau qui me l'a fait rechercher, avec les autres, dans les étagères et en faire une pile, au pied du lit. La bibliothèque, dans ses mouvements, et son effet oubli, une liste en 3D.
3- Lespiau pulvérulent et volatile. Je peine aujourd'hui à me mettre au travail pour une note sur son dernier, qui m'a fait lire ou relire tous les autres - trouver une  attaque, un angle, un dépôt.
4- Montage, démontage et recomposition. Kaléidoscope?
5- Lisa Robertson, dans son travail d'entrelacement et de répétition, avec un double texte: romain et italique, sur le féminin, le doublé... Une belle découverte grâce à la traduction de Poyet (lire un auteur grâce au traducteur - aussi auteur, et quel!), que je poursuis ici, grâce à Suchère, que je connais peu. Deux éditeurs fabuleux, qui plus est.
6- Revoir le programme de génétique de terminale, un quart de siècle après. Mesurer l'oubli, la réactivation, la difficulté à se remettre dans certains langages. Un livre plutôt drôle, pédagogique et de bonne vulgarisation.
7- Carambolages entre la fabrique de la poule et la poule comme animal autodidacte. comment un hasard propose sûrement des mouvements de lecture.
8- Somme des livres de Lespiau, à terme, mais sans que je puisse déterminer vraiment ce qui me semble dans le dernier opus, faire lien, comme on lie une sauce. Pourtant, à l'évidence ou à bruit secret, cela fait, hic et nunc, sens.

samedi 17 septembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre 9/9 et le 15/9)

- David Lespiau, La poule est un oiseau autodidacte, L'Attente, 2005
- David Lespiau, Réduction de la révolution la nuit, Contrat Maint, 2005
- James Sacré, Monsieur l'évêque avec ou sans mitre, Le dé bleu, 2002
- Eric Pessan, L'écorce et la chair, Les éditions du Chemin de fer, 2008
- David Lespiau, De l'électricité comme moteur, L'Attente, 2006
- David Lespiau, La fille du département fiction (carnet Hawaii), L'Attente, 2007
- David Lespiau, Djinn Jaune, L'Attente, 2008
- David Lespiau, Oh un lieu d'épuisement, Contrat maint, 2009
- David Lespiau, Férié, Les Petits matins, 2010 (Postface d'Emmanuel Hocquard)
- David Lespiau, Quatre morcellements ou l'affaire du volume restitué, Le bleu du ciel, 2006
- David Lespiau, Djinn John, L'Attente, 2011
- David Lespiau, L'intérieur du jour, Haute école d'art et de design, Genève, 2012
- David Lespiau, Un Conto, Amastra-n-Gallar, 2013 (trad. gallicienne et photographie d'Emilio Arauxo)
- David Lespiau, 70 je piqués de biais, lnk, 2013
- David Lespiau, 27 réponses, lnk, 2013
- David Lespiau, Notes de production, Contre-mur, 2013
- David Lespiau, Notes pour rien, Contrat maint, 2014
- Jean-René Lassalle, Poèmes Carrés, Grèges, 2012

1- L'histoire de la savonnette qui échappe toujours de la main quand elle a chu dans l'eau du bain: suivre une idée, avoir des intuitions, pfffffuit!
2- Penser aux bulles: une bulle seule, ses déformations, la structure formée par des bulles, leurs déformations, leur assemblage, la notion de frontière, de limite et cependant de lieu de contact, de communauté. Battre en neige, dans l'analogie, à tirer sur la corde.
3- Un livre de livres: chaque livre, son espace de lecture indépendante, ses déformations, regrouper, déformer, observer les lieux de contacts, les frontières... L'idée que Lespiau travaille avec ça.
4- Notes (au moins deux titres, mais on peut extrapoler).
5- Amusant livre de James Sacré, que je connais très mal (le lien se fait par Emilio Arauxo): simplicité de lecture, mais travail autotélique aussi, potache parfois, alternant avec finesse dans l'idée d'une compréhension immédiate. J'ai trouvé à qui l'offrir.
6- Eric Pessan: road-récit en Italie (Wenders, cité). Une sorte de nouvelle à chute (novella, pour le coup), si l'on veut, mais où la forme joue avec la forme: une réussite (aussi dans l'idée du jeu). Une lecture extrêmement agréable, qui donne envie d'aller plus loin et de donner à lire.
7- Chaque chose à son rythme.
8- Jean-René Lassalle a écrit une étude passionnante sur le poème carré, qu'on peut lire sur Poézibao (pour les autres épisodes, chercher). Un édition papier serait souhaitable.
9- Poèmes carrés: j'y ressens parfois une parenté technique mais sans gêne. Travail aux limites du sens, dans une mise en forme parfaite, jouant de diverses possibilités, chacune éclairant l'autre, anacoluthes, diffractions, néologismes, fusion de mots, texte en cours de fission, et dépôts successifs, dans une dynamique scintillante et enthousiasmante. J'aurai mis beaucoup de temps à lire ce livre, qui compte vraiment.
10- "hasard d'indifférence agrafe à saccadés par sampler" (p. 115, Champ 9)

mardi 13 septembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 2/9 et et le 8/9)

- Michel Butor, La Révolution dans l'arboretum, encres de Claude Viallat, AB éditions, 2002
- Pierre Alferi, Brefs, POL, 2016
- Olivier Cadiot, L'art poetic', POL, 1988
- Gabriel Gauthier, Simurgh & Simorgh, Théâtre Typographique, 2106
- David Lespiau, L'épreuve du Prussien, Le Bleu du ciel, 2003
- David Lespiau, Opération Lindbergh, Contrat maint, 2002
- David Lespiau, La mort dans l'au l'âme download (85 polaroïds de plage), Spectres Familiers, 2003

1- Michel Butor a beaucoup écrit de poésie. Michel Butor a publié de nombreux livres-objets chez des éditeurs minuscules. Celui-ci est une belle réussite. Quatrains en quatre saisons, lexiques au travail dans les jeux phoniques, encadrés dans les encres de Claude Viallat.
2- Pierre Alferi dans des proses qu'on peut qualifier de critiques, théoriques, ou l'on voit parfois émerger son premier livre sur Ockham. Ce livre marque par son enthousiasme et son regard sans concessions sur le champ poétique contemporain. Au delà de la polémique: il donne à penser, à chercher, à travailler. "Confection moderne" et "neuf pistes", sont remarquables comme introductions et espaces d'approfondissement et de réflexion. Relire Chercher une phrase.
3- Je connais, hélas, trop bien le livre de Cadiot. J'aimerais retrouver une lecture fraîche, la première. J'en retrouve cependant des bribes, lorsque je suis pris dans le rythme. J'ai produit un petit travail sur L'art poetic' à l'université, il y a plus de 20 ans. J'en connais encore des passages presque par cœur, dont le rythme s'est marqué dans ma mémoire. La double claque de la première lecture, qui m'avait semblé simple et évidente, et du travail sur et à partir de ce livre, balbutiant, mais qui permettait déjà de voir du champ. Heureusement, chaque lecture apporte aussi son lot de choses neuves (penser aux poètes l=a=n=g=u=a=g=e).
4- Gabriel Gautier propose un livre contenant un, deux ou trois textes et probablmenet plus. En face, tête bêche, rompus par le milieu de la page, l'espace entre les langues. Le procédé est simple (mais il fallait y penser: écrire/traduire son propre texte et jouer sur le débord, le mouvement - c'est autre chose que les craductions). Une réussite.
5- Il conviendrait de faire une grosse commande au théâtre typographique (ceci est une publicité).
6- Quelque chose me turlupine avec David Lespiau, en lien avec son dernier livre, comme s'il m'apportait un éclairage neuf sur les autres. Du coup, je relis tout (et me rends compte que certaines lectures furent trop rapides).
7- Lespiau est un auteur de procédés, de séries, de suites, de rejets (en botanique).
8- Lespiau découpe des bandes, travaille le cut-up, le ready-made, la citation, coud et rassemble, marque ou gomme les coutures, fait parfois des blagues (si si, on peut rire), construit et déconstruit un récit en entrelacs par anacoluthes.
9- Lespiau en ce moment m'intrigue (et c'est plutôt stimulant).
10- Lespiau est-il l'auteur d'un espèce de somme?

samedi 10 septembre 2016

Livres lus (terminés entre le 26/9 et le 1/9)

- Jacques Roubaud, Vieux Coppée Nouveaux, Bibliothèque Oulipienne, 221, 2015
- Jacques Roubaud, Le tour du monde en 80 strophes, Bibliothèque Oulipienne, 230, 2016
- Michel Dosza, Le Vampire de Bréhat, Astoure 2009

1- De l'importance du travail de l'éditeur: un livre mal ponctué, mal corrigé, avec des longueurs épouvantables, une intrigue du coup difficile à suivre et peu cohérente... On pourrait dire Il aurait fallu. Cependant, de ces maladresses, tirer quelque chose, dans ce qui désagrège le récit, peut-être: ce que nous apprennent les mauvais livres.
2- Jacques Roubaud s'empare d'une forme, joue avec une prosodie traditionnelle, fabrique un digest de classique romanesque en quintils octosyllabiques rimés. Un règle, un processus, à la fois vain et stimulant, jouant des délimitations générique et réceptives: "La règle est générale". Simplicité d'abord mais dans une interrogation plus vaste.
3-"Il suffit. A quoi bon s'étendre!"
4- Coppée. Pluriel des noms propres.
5- Pastiche à distance, sans naïveté, hommages et pointes acides. J.R. règle aussi ses comptes (Vieux Coppée, en abyme - mais on le sait: quoiqu'on en dise, il existe une tradition, un substrat à toute forme, qu'on s'inscrive dans ou contre - & Other traditions, pour citer Ashbery). Du coup, l'envie aussi d'aller voir les différentes parties, rouvrir d'autres livres. Lieu d'échange aussi.
6- Dans ces Vieux Coppée, le travail autobiographique, touchant, qui prend place dans, tisse des liens avec la somme des livres de Roubaud. Question de densité, et de légèreté, l'échange entre les deux. Un livre difficile à réduire, très beau.
7- Reprendre le GIL.

vendredi 9 septembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 19/8 et le 25/8)

- David Lagercrantz, Millenium 4, traduit du suédois par Hege-Roel Rousson, Actes Sud, 2015
- Dominique Fourcade, Le ciel pas d'angles, POL, 1983
- Dominique Fourcade, Xbo, POL 1988

1- Une suite, avec d'autres suites, suppose-t-on avec sagacité. Mais qui tire un peu la ligne.
2- Le polar comme forme fixe.
3- Relire Dominique Fourcade: inventivité et dextérité dans la forme. Le jeu anaphorique, qui n'est jamais dans l'idée de la répétition, toujours en densité. Système d'échos, d'avancée pas à pas.
4- Lettres, mots, phrases, dans une visée du récit éludé de ce qui se fait sous l'oeil.
5- Xbo, sans doute, le plus marquant au moment t.
6- Dans l'effacement des lectures, le retour joue aussi avec cet effacement.
7- Une semaine de vacances (trains et lits autres).

samedi 27 août 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 12/8 et le 18/8)

- Robert Grenier, 100 sentences / 100 phrases, traduit par Martin Richet avec l'auteur, L'Attente, 2005
- Jean Daive, L'Exclusion, Galerie Jean Fournier, 2015
- Horace Mc Coy, Black Mask Stories, Le Livre de Poche, 1975
- Alain Veinstein, L'introduction de la pelle (Poésies 1967-1989), Seuil, Fiction et Cie, 2014

1- Beau livre objet de Robert Grenier, fiches dans un bel emboitage, hélas épuisé (mon premier exemplaire a été détruit dans un dégât des eaux, il en reste les fiches gondolées, avec une vague idée d'en faire quelques chose - avec les images d'un autre livre presque détruit, l'Atlas).
2- Il faut lire les traductions de Martin Richet, s'abonner à Jacataqua, ainsi que ses propres livres. Relire son premier. La traduction est aussi une partie de son œuvre, dans une construction particulière semble-t-il. Une oscillation d'un pan à l'autre.
3- Plus que le temps, c'est parfois le moment de lire qui est le plus important.
4- Jean Daive: essai, autobiographie, livre d'entretiens (Beuys, Balthus, Broodhaets, Rauschenberg), archivisme. Travail ardu, radical, précieux, dans le rapport du regardeur à l’œuvre d'art, en 3D internalisée. Notule à paraître dans les CCP.
5- Des nouvelles parues dans des pulps (nom donné à la pâte à papier): à la fois un cliché, l'utilisation de canevas (particulièrement les histoires de rangers), et une inventivité stylistique assez surprenante. Black mask. Je repense à On achève bien les chevaux.
6- Veinstein: travail dans la répétition, le peu (pelle, bras, terre, etc.), dont le fonctionnement ne confine surtout pas à l'anaphore: un réagencement sans cesse. Répétition sur les amas. Je repense à Scène tournante.
7- AMA. En chambre d'écho.
8- Approfondir une lecture, un auteur, mettre en perspectives mouvantes chaque lecture.
9- Trouver le moment.



vendredi 26 août 2016

Livres lus ou relus (terminés entre 5/8 et le 11/8)

- Brenda Iijima, Audible bio, Longhouse, 2003
- Emmanuel Hocquard, Ma haie, POL, 2001
- Emmanuel Hocquard ou Juliette Valéry, Conjonctions, 2001
- Emmanuel Hocquard, Cette histoire est la mienne, Notes, 1997
- Emmanuel Hocquard, L'Invention du verre, POL, 2003
- Emmanuel Hocquard, Silva, Contrat maint, 2003
- Emmanuel Hocquard, Conditions de lumière, POL, 2007
- Emmanuel Hocquard, Méditations photographiques sur l'idée simple de nudité, POL, 2009
- Emmanuel Hocquard, Ruines à rebours, L'Attente, 2010
- Emmanuel Hocquard, Une grammaire de Tanger, CIPM, 2007
- Emmanuel Hocquard, Terrasse à la kasbah, CIPM, 2006
- Matti Yrjänä Joensuu, Harjunpää et le fils du policier, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail, Gallimard, 1997
- Emmanuel Hocquard, Les babouches vertes, CIPM, 2009
- Emmanuel Hocquard, Les coquelicots, CIPM, 2011
- Emmanuel Hocquard, Avant, CIPM, 2012
- Frédéric Forte, Dire ouf, POL, 2016
- Jeu de cartes à Tanger, ESACT, 2004
- Jeu de Cartes à Tarbes, ESACT, 2008
- Emmanuel Hocquard, Un anniversaire, Contrat maint, 2015

1- Relire tout Hocquard ou à peu près pour un travail: rythme forcé et plaisir incessant de lecture, dans l'investigation, où l'on perd la mire, sa ligne, en étant pris dans l'avancée.
2- Ma haie est un excellent investissement que l'on ne saurait trop conseiller: à la fois boîte à outil, livre de poésie, récit, rebuts intéressants, choix et investigation. Troisième lecture, me semble-t-il.
3- Submergé par l'émotion en relisant Conditions de lumière, comme je puis l'être à chaque visionnage du Miroir de Tarkovski. Se sentir idiot mais heureux.
4- Réfléchir: la dette qu'il y a envers L'art poétic' de Cadiot (chez Hocquard, mais aussi la génération qui suit Cadiot - une rythmique, un phrasé, un usage de langue...?)
5- Polar finnois très sombre: "Êtes-vous seulement humains?" demanda Nousiainen, si bas qu'on l'entendit à peine."
6- La forme d'un livre conditionne en partie sa lecture (relevés identiques ou différents selon l'édition - où se joue le rythme, l'attention posée) - plaisir de la forme livresque (les "petits" Hocquard - impeccable Silva chez Contrat maint -, Brenda Iijima, qui est aussi éditrice, notamment d'un livre de Jill Magi - son travail, à elle aussi, sur le livre, le cousu...).
7- Dire ouf, beau cadeau, inattendu dans l'attendu, la dextérité technique et la lisibilité, facile à l'abord. (merci Christophe).
8- Dévorer les livres, digérer, observer les restes, les notes, les impressions. Et le mal de dos! ("Est-ce que tu as tout retenu?"Je ne pense pas, mais je ne voulais pas apprendre par cœur. Est retenu, ce qui peut.)
9- Reprendre: les livres, relever dans un ordre donné, ne pas relever ce qu'on avait forcément prévu, laisser place à quelque chose qui pouvait n'y pas prendre place. Chercher la place dans une liste à refaire, à mettre en ordre.
10- Retrouver, dans des nœuds de lecture, des préoccupations récentes ou du moment, d'autre lieux à creuser: Godard, Larbaud...

mardi 9 août 2016

Boîte à outils

Il est question deux fois de "concept jetable" dans Ma haie d'Emmanuel Hocquard, et plus exactement dans l'entretien avec Stéphane Bacquey (273-292, et plus exactement encore: 278, 291).

"On aimerait que la "qualité" d'une architecture ne tînt ni à sa démesure, ni à son aspect spectaculaire et/ou spéculatif, mais au rôle qu'elle joue, éthiquement, dans le paysage et les vies qui l'incorporent." (Emmanuel Hocquard, Ruines à Rebours, l'Attente, 2010 - 41-42 + W. - au cas où ça pourrait aider à quelque chose sur le monumental dans l'art)

"Ces instants 'de conviction' bien réels, appelons-les des percepts." (Emmanuel Hocquard, Terrasse à la kasbah, Cipm, 2006 - 2)

"[...] se doter des outils nécessaires (les concepts mais aussi les affects) pour opérer incessamment des rapprochements, inventer des relations, permettre de nouvelles connections entre les choses [...]" (Emmanuel Hocquard, "Ne jamais chercher à conclure", entretien avec Francis Cohen, in Ligne 13, n°2, 2010 - 112)

[c'est moi qui graisse]

lundi 8 août 2016

Livres lus ou relus (terminés du 23/7au 4/8)

- Moussa Konaté, L'Empreinte du renard, Fayard, 2006 (rééd. Points Seuil)
- Moussa Konaté, La malédiction du Lamantin, Fayard, 2009 (rééd. Points Seuil)
- Claude Royet-Journoud, La Finitude des corps simples, POL, 2016
- Bastien Vivès, La Famille, Shampoing, 2012
- David Lespiau, Récupération du sommeil, Héros-Limite, 2016

1- Je ne lis plus que des polars récupérés dans les boîtes à livre, ce qui permet de se débarrasser de livres et de lire des polars qu'on n'aurait pas lus. Un échange de rebus assez intéressant.
2- Polar malien: ça change. J'ai recherché sur internet des informations sur Moussa Konaté et constaté qu'il était décédé. Une certaine tristesse: le commissaire Habib et son fidèle Sosso me sont d'un compagnonnage agréable, d'abord parce qu'ils sont joyeux, mais ensuite parce qu'en trouvant, ils interrogent et ne concluent pas.
3- Les livres de Claude Royet-Journoud offrent ceci de particulier que chacune de leurs lectures est un moment différent (et qu'en plus ils permettent de faire des lectures ratées mais sans qu'on leur en veuille). Les éléments se réorganisent sur la scène du livre, jamais de façon aléatoire mais avec des reliefs différents.
4- Lire un livre dont on avait lus les éléments qui le constituent de manière fragmentée, et attentive: il faut réagencer le livre, retrouver le rythme, oublier les lectures précédentes, qui restent pourtant là.
5- On aime en général les livres qui ouvrent, qui stimulent un en-dehors. (Mais ce n'est pas si sûr.)
6- Je ne lis presque plus de bandes-dessinées. Je ne sais pas pourquoi.
7- Bastien Vivès me fait rire avec un humour assez trash, mais parfois je ne comprends rien. On se se sent comme un idiot devant une scène étrange. Il y a aussi un côté répétitif (je repense, je ne sais pas pourquoi, au comics de David Lynch), quelque chose de ténu.
8- Deux livres peuvent se télescoper l'un l'autre, trouver des points qu'on aurait pas supposé d'entée entre les deux. Comme par rémanence.
9- La première fois que j'ai lu Récupération du sommeil, j'en avais remis la lecture parce que j'avais du sommeil à récupérer (!).
10- J'ai l'impression que David Lespiau a trouvé une nouvelle manière de faire les choses, mais je n'arrive pas à percevoir laquelle. Il y a une façon qui m'est familière quand je lis ses livres, mais autre chose que je ne parviens pas à définir. Peut-être est-ce lié au rapport au corps, parfois très trivial (je n'avais pas fait attention au départ), à la façon dont les textes s'agencent dans leur corps même? Un très beau livre, en tous cas.
11- Il faudra que je relise d'autres livres de David Lespiau pour tenter de répondre à cette question, mais plus tard, et du coup je ne relirai pas de la même manière. C'est insoluble.

vendredi 5 août 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 22/7 et le 28/7)

- Alexandre Delay / Emmanuel Hocquard, Hier, Musée de l'Elysée, 1991
- Emmanuel Hocquard, Théorie des Tables, POL, 1992
- Emmanuel Hocquard / Juliette Valéry, Le Commanditaire, POL, 1993
- Emmanuel Hocquard ou Juliette Valéry, L'année du Goujon, A passage / Le Coupable, 1996
- Alexandre Delay / Emmanuel Hocquard, Le voyage à Reykjavik, POL, 1997
- Emmanuel Hocquard, Les oranges de Saint-Michel, Stèles, 1996
- Emmanuel Hocquard, Un test de solitude, POL, 1998
- Shane Stevens, Au-delà du mal, (traduit par Clément Baude) Sonatine, 2009 (rééd. Pocket)
- Emmanuel Hocquard, Le Consul d'Islande, POL, 2000
- Emmanuel Hocquard, L'invention du verre, L'Attente, coll "Week-end", 2001
- P.N.A Handschin, L'énergie noire (Tout l'univers, VIII), Argol, 2015
- Déborah Heissler, Sorrowful songs, Aencrage & co., 2015
- Nioques # 14, Italie / Italia, Nioques outside/ La fabrique, 2015

1- Un livre n'est jamais le même. Son espace, sa complétude changent, se meuvent au gré des lectures, des publications, de l'évolution des souvenirs.
2- Le polar du soir, avant de s'endormir, "tunnel du temps perdu", pour reprendre l'expression d'Uccio Esposito Torrigiani.
3- Les mauvais livres sont utiles aussi, me disait Claude. Et il avait bien raison.
4- Le livre de Déborah Heissler, malgré une simplicité d'abord, j'ai du mal à le fixer, à en élaborer les contours. Rien de complexe à la lecture, mais après-coup c'est autre chose.
5- Emmanuel Hocquard & alii, toujours matière à repenser, vaste et dans une luminosité appréciable.
6- Je n'ai plus de magnétoscope, je ne pourrai plus regarder Le voyage à Reykjavik. Je n'ai plus de télévision, du reste.
7- Anthologie et revue. Un apéritif, avec ce qu'il a de frustrant et la joie de la découverte, l'envie de creuser. Trois femmes, particulièrement, m'y marquent.
8- Entre la dynamique active, et la tâche de fond, des brouillages.
9- Tout l'univers est un projet épatant. Il faudrait lire tout P.N.A. Handschin.
10- La question des pseudonymes, des hétéronymes internes chez Hocquard. Regrouper en séries?
11- Le mouvement oculaire.

lundi 25 juillet 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 14/7 et le 21/7)

- Emmanuel Hocquard, Album d'images de la Villa Harris, Hachette / POL, 1978
- Emmanuel Hocquard, Les dernières nouvelles de l'expédition sont datées du 15 février 17.., Hachette / POL, 1979
- Emmanuel Hocquard, Une journée dans le détroit, Hachette / POL, 1980
- Emmanuel Hocquard / Raquel, Du 1er janvier, Orange export Ltd, 1980
- Emmanuel Hocquard, Une ville ou une petite île, Hachette / POL, 1981
- Henri Deluy, Peinture Pour Raquel, Orange export Ltd, 1983
- Emmanuel Hocquard, Le cap de Bonne-Espérance, POL, 1988
- Emmanuel Hocquard, Aerea dans les forêts de Manhattan, POL, 1985
- Joseph Guglielmi, Le mais trop blanc, Orange export Ltd, 1977
- Emmanuel Hocquard / Alexandre Delay, Le modèle et son peintre, Galerie Stadler / Villa Medicis, 1987
- Emmanuel Hocquard, Un privé à Tanger, POL, 1987
- Emmanuel Hocquard, Deux étages avec terrasse et vue sur le détroit, Echo & co, 1989
- Anne Parian, Une Ligne, Éric Pesty Éditeur, 2008
- Emmanuel Hocquard, Les élégies, POL, 1990

1- Faire des listes est une activité comme une autre. Une agréable forme de récit.
2- Relire Emmanuel Hocquard entièrement et à peu près dans l'ordre est très agréable et enrichit encore la lecture qu'on avait oubliée.Je note qu'il utilise assez régulièrement le subjonctif imparfait mais toujours avec beaucoup de naturel, naturel qui donne une impression de facilité et de (fausse) évidence, très stimulantes.
3- Je relis avec un objectif précis et un champ lexical relativement arrêté, et cela provoque un va et vient entre mon oublié de l'objectif et le fait que mon objectif accentue ma myopie sur le texte. Relire souvent. Et souvent trop vite.
4- Chaque édition d'un livre propose son propre espace de lecture, modifie considérablement la lecture qu'on a du texte. C'est une question, vraiment, d'espace, de volume. J'avais déjà remarqué la chose avec Ryoko Sekiguchi.
5- J'ai longtemps fait des marques au crayon pour relever des passages, puis noté les pages sur un bout de papier, puis corné les pages (jusqu'à faire doubler un livre de volume d'un côté tantil était corné). Je glisse maintenant des bouts de papier, que je sortirai quand j'aurai fait mon relevé. L'agenda publicitaire trouvé dans la boîte à lettres est un bon pourvoyeur de bouts de papier.
6- Tout ça me semble très mouvant. Quand on s'endort, on dit parfois que les lignes du livres sautent devant nos yeux, à moins qu'un mot ne fasse surgir un récit bis, le rêve.
7- Anne Parian exerce sur moi une fascination similaire à Anne-Marie Albiach. Évidence & intimidation.
8- Les livres d'Orange export sont impeccablement fabriqués, on dirait presque sur mesure. Je serais curieux d'y lire Une nue.
9- Ici, uniquement des livres relus. Sans aucune lassitude et avec le même sentiment de découverte.