samedi 10 avril 2010


Heureux de la publication de Duo de Felos aux éditions Amastra-n-Galar par Emilio Arauxo. Le principe de la collection est l'écriture d'un texte à propos des Felos, personnages de carnaval en Galice, illustré une photographie prise par l'éditeur. Le texte a d'abord été écrit en Français à partir de la photographie et du peu de renseignements que j'ai pu trouver sur ces personnages. La partie la plus intéressante a été la traduction dans une langue inconnue pour moi, le Galicien et les choix à faire. Là ou les coupes, les juxtapositions du texte créent des espaces d'indécision, auxquels s'adjoignent quelques jeux de mots difficilement traduisibles, il fallait prendre des décisions, choisir entre plusieurs possibilités, déterminer une lecture par l'exclusion d'autres. Un travail vraiment passionnant dont je remercie vraiment Emilio.
Le texte:

Accueille en mono duo de Felos

Que dit en main canne en garde !

Au sourire crispé peint là face à

Main donne passe à duo bicorne

Pan double en cloche cloche-t-on

Pied-à-pied pour : saute & garde !

Gamelan miniature animal effigie

Homme-orchestre cheval cloche

Deux s croisés on spirale ou jauge

Un huit coupé cabre au clair que

Disiez-vous mono reste coi pour

Caler en photo vise un peu : duo.



lundi 22 mars 2010

Lecteur

Enfoncer des portes ouvertes avec une grande naïveté: chaque texte demandé pour lnk à un auteur l'est pour une raison précise et cette raison constitue en elle-même un horizon d'attente. Lorsque l'horizon d'attente correspond plus ou moins à ce qui est reçu, la décision de prendre le texte est vite prise. Lorsque l'objet est en dehors de cet horizon, déstabilise la lecture, il oblige à se questionner, à questionner la lecture en train de se faire, à trouver une autre forme d'évidence ou de placement dans un espace du livre, de sa lecture... A chaque fois, au moment d'ouvrir le pli ou le fichier, une hâte et une appréhension, l'anxiété de la décision à prendre. Bon an mal an, chaque texte trouve sa place et sa réponse, et même un refus est un exercice de lecture passionnant. Une lecture tout de suite plus fine, plus acérée, pleine de doutes. Une vraie expérience de mise en place, de déploiement.

jeudi 21 janvier 2010

Album d'images

Dernière lecture d'Album d'images de la villa Harris, d'Emmanuel Hocquard, cet été (Hachette/POL, 1978): je me demandais si on ne pouvais pas considérer le livre comme une sorte d'art poétique, dont le pivot serait "une nue" et les explications sur la façon dont le texte a été écrit, directement sur le marbre de l'imprimeur - le texte a d'abord été imprimé par Hocquard lui-même chez Orange Export ltd -, par la mise en place des caractères d'imprimeries - et faire comme si, dans le reste du livre, tout évoquait cette mise en place d'éléments minimaux. Comme si la question du livre était celle-là: comment on met en place les éléments qui constituent, au bout du compte, le livre.

jeudi 14 janvier 2010

To and fro, Stevenson

"To and fro" est une expression qui revient très souvent (une bonne dizaine de fois) dans la section de Treasure Island qui raconte le vol de L'Hispanola par Jim, son échouage et la mort d'Israël Hands, tué par Jim, plus ou moins volontairement. En Echo, le "Fort und da" de Freud (cité dans La Lecture comme jeu de Michel Picard, Minuit, 1986), à cause des préoccupations du moment. To and fro: le roulis, l'aller-retour qui résumerait le voyage de Jim, le jeu de la quête du trésor, le passage d'une figure paternelle à l'autre (intéressant de penser comme l'action héroïque de Jim, le vol du bateau, qui constitue un des noeuds de l'initiation, est aussi celui d'un meurtre, comme le départ était lié à la mort du père, à la peinture blanche qui efface le passé dans l'auberge), les mouvements des poissons entre les cadavres des deux pirates, l'intermittence - des lumières dans la nuit, des relations avec Long John Silver... -, ce qui se cache et se montre, les lectures successives du texte (voilant et dévoilant), le "black spot" comme signe de mort (pour Bones), puis signe de signe (pour Silver, qui le tourne en dérision en renvoyant les matelots à leur superstition - le second "black spot" a été déchiré dans une Bible, mauvais signe pour le coupable d'un tel outrage - ce qui permettra à Silver de se sortir d'un mauvais pas)...
Le texte est toujours à la fois resserré (dans les détails qui fonctionnent souvent par paires, les retours de différets mots, expressions, figures) et lache (dans le récit, la fuite en avant du texte vers le dénouement, la découverte du trésor - aussitôt caché par Jim par l'effacement des ccordonnées de l'île sur la carte -, à moins que le dénouement ne soit le retour en Angleterre).
Chaque lecture avance ainsi, to and fro.