mardi 29 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 18 et 24/11)

- Lisa Robertson, Le temps, Nous, 2016
- Raymond Queneau, Les derniers jours, Gallimard, 1936
- Eugène Savitzkaya, Mentir, Minuit, 1977
- Edouard Zarifian, Les Jardiniers de la folie, Odile Jacob, 2000
- Guillaume Apollinaire, Le poète assassiné, Fata Morgana, 2001

1- Les cousins Cidrolin, Valentin Brû et Alfred, qui observent tout ça plus ou moins de l'extérieur, un peu actifs mais pas vraiment, la comédie humaine, les jeux de miroirs entre les personnages, vraiment démultipliés dans Les derniers jours. Une lecture qui a toujours peur de perdre l'attention, de ne pas creuser assez en profondeur, qui de toute façon échappe, tant il me manque de clés. Mais toujours un vrai plaisir, un peu potache et très sérieux. Comme tous les jeux.

2- Savitzkaya avec le corps de la mère, l'image, le mensonge, le récit qui emprunte (on pense à Duras parfois) des voies détournées, cliniques et zoologiques, dans la répétition, la vibration, le mirage.
3- Retour sur les noms propres, au croisement de ces deux livres.Un vieux hobby.
4- J'ai entendu Zarifian à la radio il y a une vingtaine d'années et j'avais trouvé le propos intéressant, il parlait notamment de l'usage des somnifères. Un peu par hasard ce livre, qui fait le point sur la "folie" et les différentes méthodes de soin. Une synthèse intéressante, ouverte et assez globale (la première édition est de 1988), sûrement daté et discutable, mais qui donne à penser.
4- Les aventures faribolantes du poète Croniamantal, qui finira assassiné, doivent beaucoup à Rabelais et donnent envie de lire Grabinoulor. On est dans l'ordre de la pochade, mais comme dans le jeu, il y a toujours quelque chose de sérieux (je pense à certains textes d'Alcools, par exemple, auxquels on peu penser ici). Les linogravures de Pierre Alechinsky, faisant ses classes, où l'on perçoit des influences - et pas ce qui fait qu'on le reconnaît immédiatement. Miniatures. Je pense à la littérature bleue.
5- Robertson ou le casse-tête: les points d'accroches fuient, dans un texte riche, qui me fait penser à Steve Reich dans son côté répétitif, mouvant et prenant.

dimanche 27 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 11/11 et le 17/11)

- Bernard Minier, Glacé, XO / Pocket, 2011
- Clair Arthur, Mama délire, sorcière d'Afrique, Nathan, 2000
- Eugène Savitzkaya, Un jeune homme trop gros, Minuit, 1978
- Jean-Luc Godard, Histoire(s) du cinéma, 1, 2, 3 & 4, Gallimard / Gaumont, 1998

1- Le polar du moment. J'avais lu les deux enquêtes suivantes du commandant Servaz. Un thriller qui fonctionne très bien, avec des passages intéressants en dehors du polar.
2- Une erreur de livre pour le travail: inadapté par rapport à des adolescent. Je ne comprends pas non plus l'intérêt de ce livre, classé "humour" (et effectivement, un assemblage de blagues carambar), du point de vue narratif ou thématique. Quelque chose parfois affleure, puis disparaît sans raison.
3- Il y a toujours chez Savitzkaya quelque chose de corporel, presque clinique, dans l'écriture. On joue sur la répétition et la collection - le travail de liste intégrée dans la forme narrative- , sur une image mythique (l'enfance, le rapport à la mère, Elvis),  sur un rapport à l'inconscient, sur l'animalité aussi... On reconnaît facilement un de ses textes, et pourtant, on est surpris, fasciné par ce qui se dessine dans une dextérité, une orfèvrerie, une mécanisme horloger savamment agencé. partir d'une fausse biographie, en dégager certains dessins archétypaux et généraliser pour que le lecteur s'y retrouve, s'y reflète.
4- Une dimension sexuelle.
5- Magnifique objet, ce coffret en quatre volumes de Godard, qui reprend le film éponyme. Gros caractères, belles images.
6- Une dimension tragique.
7- "Montage mon beau souci"
8- Le livre, comme le film, est un montage, un assemblage d'images, de textes, de citations. Sans pourtant que la citation se fasse référence. Il s'agit plutôt d'une pâte, avec laquelle Godard peint son histoire, ses histoire du cinéma. Mais il ne s'agit pas d'un film sur l'histoire du cinéma, mais d'un film de l'histoire du cinéma, pour reprendre le distinguo de la Lettre à Freddy Buache.
9- Emotion. Le livre, comme le film, émeut plus qu'il n'étouffe par les références.
10- Un chef d’œuvre ou un point cardinal.

Livres lus ou relus (terminés entre le 4/11 et le 10/11)

- David Lespiau, Récupération du sommeil, Héros-Limite, 2016

1- Lecture pour écrire. Une recension dans le CCP.
2- Je remarque et on m'a déjà signalé que je dis assez peu ce que je ressens à propos d'un livre en écrivant dessus. J'aime le moteur, le formalisme. Plus j'aime le livre, moins je parle de ce qui fait aussi mon intimité avec lui, à tel point que je me vois parfois obligé de rajouter ici un adjectif, ici un adverbe, tant c'est peu explicite. Pour moi, la forme, la technique, fait partie de cette intimité, de ce qui fait que le livre fait sens en atteignant au nerf, à une couche profonde. Peut-être y pallier.
3- Difficulté de se mettre au travail sur Lespiau, trouver une phrase d'attaque et pourtant, après-coup, étonné par la rapidité, dans une concentration intense. Difficile de formaliser un ensemble ouvert d'impressions, de désirs et d'affects, d'éléments d'investigation...
4- Feuilleter, compulser, déranger et ranger des volumes, laisser traîner des livres...
5- L'usage fréquent des usuels: j'aime les dictionnaires,les grammaires, les livres de cuisine...

samedi 26 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 28/10 etle 3/11)

- Gabriel Gauthier, Simurgh & Simorgh, Théâtre Typographique, 2016
- Raymond Queneau, Les fleurs bleues, Gallimard, 1965
- Donato Carrisi, Le chuchoteur, traduit de l'italien par Anaïs Bokobza, Le livre de Poche /Calmann Levy, 2010
- Yan Gauchard, Le cas Annunziato, Minuit, 2016
- Raymond Queneau, Le dimanche de la vie, Gallimard, 1952
- Raymond Queneau, Une histoire modèle, Gallimard, 1966

1-  Relire Gauthier, pour une note dans le CCP, sans relire la quatrième de couverture de Pierre Alferi (voir après comment elle contamine, impression de portes ouvertes après avoir parcouru longuement un livre sur l'art du Moyen-Orient et des souvenirs de Londres).
2- Queneau pour l'envie d'une lecture qui soit légère dans le roman et stimulante. Et on n'est jamais déçu avec Queneau.
3- Lire Kojève un jour.
4- Les strates du roman, la mise en abyme des lectures, stimulante et vertigineuse. L'histoire et l'Histoire, le récit, le sens, l'absence de sens. Cidrolin et son essence de fenouil, remontant le cours avec le duc d'Auge. Le travail de transition, de multiplicité.
5- les aventures de Valentin Brû, avec toujours cette obsession pour l'histoire, les chiffres et la morale, finalement, qu'il n'y a pas. Un roman d'aventure assez statique. Tableaux.
6- Le bref essai inachevé, Une histoire modèle, et la perception que j'ai de ne plus avoir la même lecture, notamment sur l'humour qui s'en dégage, mélangé aux sérieuses préoccupations qui le traversent. Un modèle réduit.
7- Il m'est difficile de parler de Queneau, tant je suis impressionné par l'aspect encyclopédique du projet. Et la stature imposante.

8- Le polar du moment, assez original dans l'idée, mais qui s'essouffle dans la longueur. Il faudrait lister les clichés pour voir tout ce qu'il y a de forme fixe dans ce genre. Une sorte, aussi de sonnet, ou de chanson. Agatha Christie est très forte pour les infimes variations du récit.
9- Au delà de l'amusant prétexte (un type, traducteur, se retrouve enfermé un week-end dans un musée, suite à une blague, et la situation ne cesse d'empirer), c'est la syntaxe de Gauchard qui me plaît vraiment, quelque chose entre le fluide et le tendu, la continuité et la rupture. A la fois facile et recherché, en décrochage-raccrochage: vraiment du beau travail et un beau texte, qui fait surgir aussi d'autres préoccupation.
9- Lire au hasard, dans la surprise et le désir.

dimanche 20 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 21/10 et le 27/10)

- Leibniz, Monadologie, Gallimard (Tel) 1995

1- Première lecture rapide pour dépoussiérer deux ou trois choses, sans chercher à comprendre vraiment le texte. Certains livres ont besoin de plusieurs lectures, et laisser reposer (parce qu'on a construit trop de choses a priori sur eux).
2- Vacance. Suite.
3- Ce que la lecture, dans son développement, doit à l'amitié, la sympathie éprouvée pour telle personne, tel texte. Il est rare qu'on construise une bibliothèque par antipathie (je songe soudain à Démolir Nisard, de Chevillard: imaginer une bibliothèque négative à partir de Désiré Nisard).

vendredi 18 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 14/10 et le 20/10)

- Rien, nib, nada, que dalle, zéro...

1- L'absence de désir du livre, parfois jusqu'à une forme de dégoût. Passe.
2- Il y a deux ans, on m'avait demandé d'écrire un texte sur la lecture et de lister des livres importants pour moi (je n'ai pas lus certains d'entre eux, qui sont un horizon, et je n'aurais sans doute pas fait la même liste aujourd'hui). J'ignore si ce texte a été publié, je n'ai jamais eu de nouvelles. Je le colle donc en 3.
3-Dans la cathédrale de Grenade, un retable baroque me fascine, pas tant par sa grande qualité artistique (encore qu’il faudrait définir ce qu’on entend par là), que par l’exploration de sa surface. Sa construction visuelle est simple : par une symétrie verticale, on perçoit d’abord chaque partie de la ligne médiane comme miroir de l’autre, avant de percevoir, petit à petit, des éléments qui clochent, désaccordent cette symétrie, leur nombre peu à peu faisant masse, apportant le désordre dans un ordre apparent. Une expérience simple, pour peu qu’on s’y arrête.


*

Lorsque je lis, j’adopte une posture, liée à une habitude de lecture, posture intellectuelle, mais aussi physique, celle du corps en fonction de l’endroit choisi, et surtout celle de l’œil et de son déplacement dans l’espace de la page. Lecture rapide d’une prose, effets d’accélération, de suspens, dispersion sur la page, longueur des lignes, liens lexicaux, syntaxiques… Autant d’éléments qui confinent à des conventions, permettent une lecture plus rapide, plus sûre, plus assurée, plus rassurée. Pour résoudre une énigme, celle de l’acte de lire (qui n’est pas nécessairement acte d’épuisement du sens dans une compréhension immédiate et définitive, lire est un acte dynamique, un mouvement, davantage que l’accumulation de significations formant un objet immobile, malgré ce volume compact que j’ai entre les mains, que je range dans la bibliothèque), je dispose de plusieurs stratégies, qui s’affinent au fur et à mesure que j’apprends à lire, que je désapprends certaines pratiques pour en intégrer d’autres, chaque groupe textuel (type, genre…) ayant ses propres conventions de lecture. J’ai plus ou moins de facilité à explorer le livre, à proposer une stratégie d’investigation, à appréhender une énigme, à chercher ou non à la résoudre.
Or, certains textes m’échappent, je me retrouve face à eux sans outils, avec une difficulté de saisie qui peut m’intimider, me rebuter. L’énigme est là, je la vois, je ne sais comment l’appréhender. Comme l’enfant qui annone ses premiers exercices, j’hésite entre le désir d’explorer et le rejet de la chose, fasciné, ma naïveté m’agace. J’ai du mal. Accepter ce malaise, ce désordre qui s’institue soudain, fait aussi partie de l’acte de lire. C’est assumer ma manière d’errer, de rater, de faire des erreurs, ce déport un peu maladroit du corps.



Liste :

-          Tristram Shandy, Laurence Sterne
-          Le Grand Incendie de Londres, Jacques Roubaud
-          Délie, Maurice Scève
-          Lettres familières, Pétrarque
-          Monsieur Teste, Paul Valéry
-          Le Vrai sujet, Keith Waldrop
-          Ma Haie, Emmanuel Hocquard
-          Une Méthode descriptive, Claude Royet-Journoud
-          État, Anne-Marie Albiach
-          L’art poétic’, Olivier Cadiot
-          La Vie mode d’emploi, Georges Perec
-          Journal, Franz Kafka
-          Dictionnaire historique et critique, Pierre Bayle
-          Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne
-          Dictionnaire Français-Latin, Félix Gaffiot
-          L’Île au trésor, Robert-Louis Stevenson
-          Illuminations, Arthur Rimbaud
-          Un coup de dé jamais n’abolira le hasard, Stéphane Mallarmé
-          Dans le temps, Jean Roudaut
-          Tractatus Logico-philosophicus, Ludwig Wittgenstein
-          Billy the Kid, Jack Spicer
-          Démolir Nisard, Éric Chevillard
-          L’Aventure, Tony Papin
-          Poésie non-traduite, Armand Robin
-          Threads, Jill Magi
-          Bristols, Frédéric Forte
-          Lettres à Zanzotto, Michael Palmer
-          Poétique, Aristote
-          La Fabrique du pré, Francis Ponge
-          Fables, Jean de la Fontaine
-          Le Dit du Genji, Murasaki Shikibu
-          À la Recherche du temps perdu, Marcel Proust
-          Essais, Montaigne
-          Dans le labyrinthe, Alain Robbe-Grillet
-          Les Géorgiques, Claude Simon
-          Illusions perdues, Honoré de Balzac
-          Les Cinq livres, François Rabelais
-          L’après-midi d’un faune, Arno Schmidt
-          L’Ablatif absolu, Michel Couturier
-          La Poésie est inadmissible, Denis Roche
-          Compact, Maurice Roche
-          Notes sur le déséquilibre, Christian Prigent
-          Ma Girafe, Sébastien Smirou
-          Travail du temps, Hubert Lucot
-          Philosophie infinitive, Emmanuel Fournier
-          Les Fleurs bleues, Raymond Queneau
-          Après-midi à rien, Michel Vachey
-          Les Allures naturelles, Pierre Alferi
-          Témoignage, Charles Reznikoff
-          Lancelot du Lac (en prose)
-          Histoire générale de l’Afrique
-          Décimale blanche, Jean Daive
-          Les Arbres noirs, Henri Deluy
-          Fictions, Jorge Luis Borges
-          Discours de la méthode, René Descartes
-          Entretiens avec Marcel Duchamp, Pierre Cabanne
-          Paysages et jardins divers, Gilles A. Tiberghien
-          Théorème de Densité, Helena Eriksson
-          La Cuisine pour tous, Ginette Mathiot


jeudi 17 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés du 7/10 au 13/10)

- Joe R. Lansdale, Juillet de sang, traduit de l'américain par Claro, Gallimard 2007
- J.H. Svaeren, Trois livres, traduit du norvégien par l'auteur, A la pension victoria, 2011

1- Le polar du soir, qui débute de façon intéressante. Un peu plus lourd par la suite mais plutôt bon.
2- "traduit de l'américain": statut de la langue,d'une origine.
3- Bel objet, beau travail - espace du texte ténu, lenteur et blanc. Avec ce qui reste d'énigmatique.
4- "une image est une scène de chasse"

Livres lus ou relus (terminés entre le 30/9 et le 6/10)

- Jack Spicer, Billy the kid, traduction de Joseph Guglielmi, Fourbis, 1990
- Jorge Luis Borges, Atlas, traduit de l'espagnol par Françoise Rosset, Gallimard, 1988 (en collaboration avec Maria Kodama)
- Alberto Moravia, Préhistoire de rire un peu, texte français de Candido Temperini, Hachette 1979
- Ossip Mandelstam, Le timbre égyptien, traduit du russe par Georges Limbour et D.S. Mirsky,  Le bruit du temps, 2009
- David Lespiau, Supplément Celmins, Little single, 2008
- David Lespiau, La poursuite de Tom, Farrago / Léo Scheer, 2003
- Enid Blyton, Oui-Oui marin, Hachette, 1970
- David Lespiau, Ouija Board, Héros-Limite, 2008 (version anglaise: Cole Swensen, version allemande, Cosima Weiter)

1- Sur la façon de présenter le traducteur: traduction de X, traduit de telle langue par X., version, texte français, ou rien du tout. Statut signifiant, dans la complexité de l'acte de traduire.
2- Une traduction est, littéralement, une métaphore: un transport.
3- Je repense à ce film où un boshiman trouve une bouteille de Coca-Cola. Le rôle du traducteur est-il d'en indiquer un usage? Existe-t-il un bon usage?
4- La traduction de Billy the kid par Guglielmi, qui reste à mes yeux la meilleure, bien qu'elle soit moins proche de l'original que celle de Suchère. Sans doute parce que c'est dans cette version que j'ai lu d'abord ce texte (dans Change), et parce qu'il y a dans le travail du vers, de l'enjambement, quelque chose qui modifie l'oreille du texte, rend son aspect formel-lyrique, sa force de conviction. Chaque lecture est une intense émotion.L'introduction de Roubaud, la lettre à Robin Blaser.
5- Borges, un tour du monde en brève prose, ou comment voir de mémoire, aveuglé par la photographie et ce qui se fabrique dans la distance, les distances. Visions de l'aveugle. Le jeu entre le texte et la photographie.
6-Etonnant Moravia, acheté dans une brocante pour ma fille: un petit côté Kipling, dans les Histoires comme ça. Un livre d'enfant, objet sans doute un peu vieilli.
7-Enid Blyton: je me souviens parfaitement l'immense fierté d'avoir terminé ce qui me semblait un pavé et qui devait être Oui-Oui à l'école ou Oui-Oui à la mer. La récompense en fermant le livre: je sais lire, je suis capable de lire un gros livre seul et je découvre des liens entre les livres, que je poursuivre de manière autonome. Récemment, à la question de savoir quelle lecture avait compté pour moi, je répondis Kafka de manière un peu automatique (découvert à l'adolescence, de manière autonome, et qui a fait de moi un lecteur, disons, littéraire), mais immédiatement, je revins à Blyton: l'enfance de la lecture.
8- Enid Blyton: lu en une vingtaine de minutes, un peu surpris par la narration assez répétitive et finalement assez plate. Mais pris aussi par le redécouverte de personnages oubliés. Mémoire. Pas de traducteur.
9- Mandelstam: prose extrêmement riche, prenante, syntaxe pourtant simple mais un enchaînement onirique,  halluciné, qui préfigure certains textes surréalistes. Magnifiques trouvailles, liées aussi à une tradition (Gogol). Retrouver la note de Christophe à son sujet.
10- Ce qu'un texte doit à sa forme première en livre (Supplément Celmins), modifie sa lecture, à rebours.
11- Lespiau ou le dispositif. Ouija Board, dans sa simplicité apparente, tresse les langues et les énoncés. Une vraie réussite éditoriale.
12- La poursuite de Tom, faux récit policier à relier à Férié, dans une série. Une autre saison. Tom = mot? travail sur la répétition, la mise à distance et l'objectivation, tant du mot que du récit.

mercredi 16 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 23/9 et le 29/10)

- Atiq Rahimi, Terre et cendres, traduit du persan (Afghanistan) par Sabrina Nouri, POL, 2000
- David Lespiau, Aluminium, Argol, 2012
- Emmanuel Fournier / Pierre Rieucau, Lettre / Lettre, Contrat maint, 2016
- Pierre Ajonc, Double Deux, Contrat maint, 2016
- Pierre Ajonc, Le Double, Contrat maint, 2008
- Luis Sepulveda, Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, traduit de l'espagnol (Chili) par Anne-Marie Métaillé, Métaillé, 1996
- Eduardo Berti, Tous les Funes, traduit de l'espagnol (Argentine) Par Jean-Marie Saint-Lu, Actes sud, 2005

1- Atiq Rahimi utilise le pronom "tu" avec une focalisation interne, celle d'un vieillard accompagné de son petit-fils sourd, parti épuisé annoncer la destruction du village à son fils et patientant à une poste de garde dans l'attente d'un camion, sombrant dans le sommeil, d'où l'aspect onirique qu'on retrouve aussi dans son second roman et qui donne beaucoup de force à ce récit sobrement écrit.
2- Dans la foulée, je regarde le film éponyme du même auteur, devenu réalisateur, en me demandant comment on pouvait rendre ce point de vue, cet aspect onirique, ce monologue interne au "tu". Le film est très différent, enlève et ajoute, transforme: autre chose et pourtant très proche, la même force, la même conviction. Très beau.
3- Lespiau construit en volume: dans une série versifiée, à lier aux autres livres chez Argol (?). Penser objectivisme, au nexus, à la poésie l=a=n=g=u=a=g=e. Quelque chose de la liste, de l'inventaire.
4-Pierre Ajonc auteur biface ou le mystère dévoilé, huit ans après. Un triangle à quatre mains, double. Touchant hommage aussi, à lire et relire, dans la perspective. Emmanuel Fournier est un auteur et philosophe précieux dont il faut lire la Philosophie infinitive (éditions de l'éclat).
5- Sepulveda: lecture pour le travail, d'une forme d'apologue où l'on se laisse prendre, avec plaisir,  à suivre les aventures d'une bande de chats résolus à faire vivre une mouette. Les lectures ne sont pas les même en fonction de leur objectif: donner à lire à des adolescents, c'est changer d'angle, de désir. Flop, par ailleurs, car il n'y avait pas assez d'exemplaires.
6- Le livre d'Eduardo Berti traînait depuis un moment et c'est le fait d'avoir croisé une argentine qui me l'a fait lire: aléas bien minces des conditions. Récit dans un héritage de Borges, qui donne envie de se plonger ou replonger dans d'autres auteurs (Quiroga, notamment), sur l'identité, le nom propre et ses fictions. On comprend que Berti ait été coopté par l'Oulipo, dans cette tradition du plagiat par anticipation. Un beau labyrinthe, dans lequel on aime se perdre, et un vrai plaisir romanesque.

mardi 15 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le16/9 et le 22/9)

- Eric Audinet, Je cherche un livre, Spectres familiers, 2002
- David Lespiau, Nous avions, Argol, 2014
- David Lespiau, Poudre de la poudre, Le bleu du ciel, 2014
- Lisa Robertson, Cinéma du présent, traduit de l'anglais (Canada) par Pascal Poyet, Théâtre typographique, 2015
- Lisa Robertson, Le temps, traduit de l'anglais (Canada) par Eric Suchère, NOUS, 2016
- Christine Camara & Claudine Gaston, Comment fabrique-t-on une poule?, Ellipses, 2008

1- Lister avec effet retard, non plus dans une démarche de quasi diariste, mais avec déjà la perte-mémoire, triages et effacements.
2- J'aime infiniment les livre d'Eric Audinet, toujours fins et souvent drôles. Ici, une nouvelle un peu borgésienne, ou un manuel, qui se déguste avec beaucoup de plaisir, dans la pensée de la bibliothèque. C'est la lecture de Lespiau qui me l'a fait rechercher, avec les autres, dans les étagères et en faire une pile, au pied du lit. La bibliothèque, dans ses mouvements, et son effet oubli, une liste en 3D.
3- Lespiau pulvérulent et volatile. Je peine aujourd'hui à me mettre au travail pour une note sur son dernier, qui m'a fait lire ou relire tous les autres - trouver une  attaque, un angle, un dépôt.
4- Montage, démontage et recomposition. Kaléidoscope?
5- Lisa Robertson, dans son travail d'entrelacement et de répétition, avec un double texte: romain et italique, sur le féminin, le doublé... Une belle découverte grâce à la traduction de Poyet (lire un auteur grâce au traducteur - aussi auteur, et quel!), que je poursuis ici, grâce à Suchère, que je connais peu. Deux éditeurs fabuleux, qui plus est.
6- Revoir le programme de génétique de terminale, un quart de siècle après. Mesurer l'oubli, la réactivation, la difficulté à se remettre dans certains langages. Un livre plutôt drôle, pédagogique et de bonne vulgarisation.
7- Carambolages entre la fabrique de la poule et la poule comme animal autodidacte. comment un hasard propose sûrement des mouvements de lecture.
8- Somme des livres de Lespiau, à terme, mais sans que je puisse déterminer vraiment ce qui me semble dans le dernier opus, faire lien, comme on lie une sauce. Pourtant, à l'évidence ou à bruit secret, cela fait, hic et nunc, sens.