samedi 25 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 17 et le 23/11)

- Sylvie Allouche, Stabat murder, Syros, 2017
- Cia Rinne, L'usage du mot, L'Ours blanc, 2017
- Mahmoud Darwich, Ne t'excuse pas, traduit de l'arabe (Palestine) par Elias Sanbar, Actes sud, 2006

1- Lecture pour le travail, un peu prévisible dans le dénouement, mais on s'y laisse aller. Lecture double ou triple: polar du soir, plus attentive parce que c'est pour le travail, avec les élèves en tête.
3- Le best seller et sa forme: longueur, nombre de caractères par page, taille de ceux-ci, longueur de chapitre, place des blancs. Ce qui accélère?
4- Cia Rinne écrit dans une tradition de la poésie sonore (Henri Chopin est nommé, par exemple), mais aussi language (Charles Bernstein est dans les remerciements et on pense à certaines de ses lectures, parfois très drôles). Polyglotte - le texte alterne l'anglais, le français, l'italien et l'allemand, jouant sur la matérialité de la langue, les effets de sens, provoque jeux de mots, calembours, gags visuels, ... Cela fonctionne bien, sans lourdeur, et donne envie d'assister à une lecture performée.
5- "voici le résumé: // ()" (5)
6- Première lecture de Darwich, un peu désorienté. Des poèmes d'une page en général, hormis ceux de la fin, plus longs. Quelque chose qui s'apparente au journal: voyages, réflexions et notations diverses (un très beau texte sur les nuages - 76), avec une tension souterraine,, inquiète et apaisée: "Nous avons une patrie sans frontière,/ conforme à notre idée, /de l'inconnu, étroite et vaste."(37) "L'absence / est le guide. Elle est le guide." (45), "Un futur antérieur me pécède." (64), "L'image d'une chose est-elle plus forte / que cette chose?" (112)...
7- Naviguer à vue.
8- Je retourne dans les bibliothèques, c'est bien.

vendredi 24 novembre 2017

Livreslus ou relus (terminés entre le 10 et le 16/11)

- Martin Högström, Discours transposés, traduits du suédois par Julien Lapeyre de Cabanes, Cipm / Spectres familier, 2017
- James Joyce, Pomes Penyeach,  traduits de l'anglais par Bernard Pautrat, Allia, 2012
- Emmanuel Hocquard, Comme un orage, Cipm, 2017
- Emmanuel Hocquard, Muriel, film, Cipm, 2017
- Gianfranco Sanguinetti, Miroslav Tichy, Les formes du vrai, Cipm, 2017
- Cléa Chopard, ancolie commune, L'Ours Blanc, 2017
- Muscle, 14, Hanqiu Xiao / Erikur Orn Norddahl, traduits par Yuhang Li et Eric Boury, 2017
- Olivier Domerg, Plossu / Sainton, Portraits d'écrivains, Autres et Pareils 30, Contre pied, 2008
- Nicolas Antona / Nina Jacqmin, La Tristesse de l'éléphant, Les Enfants rouges, 2016

1- Découvrir Martin Högström, apprécier, lire fluidement, mais sans noter. Quelque chose qui travaille l'intervalle et la discontinuité. A relire attentivement.
2- Un très beau cadeau que ce livre de Joyce, petit objet très joli, avec une postface très éclairante du traducteur.  Le lyrisme un peu suranné  et très moderne en même temps (des tournures anciennes, thou, qui me rappellent les sonnets de Shakespeare dans une toute petite édition verte publiée à Leipzig - échos) est  un vrai tour  de force, et c'est fin et magnifique.
3- Trois livres d'images dans une collection que j'affectionne particulièrement, cahiers non reliés et chaque photographie étant imprimée sur une page cartonnée.
4- Réédition, ou édition du premier livre d'Emmanuel Hocquard, éclairs de la photographie et du texte, qui se boucle, avec une préface de Claude Royet-Journoud.
5- "Les textes, comme le passé, bougent incessamment avec les  lectures qu'on en fait. Le même texte contient d'autres textes. C'est à dire d'autres lectures." (EH, "Re-lire" - Postface)
6- Et le dernier livre d'Emmanuel Hocquard, qui monte des chutes par deux. Là aussi, sans doute, des éclairs - ce qui se produit entre deux objets associés.
7- Le nu - et donc un autre livre de l'auteur en mire. Et là aussi, ce qui, nument, nait dans la photographie. L'énigme.
8- Le texte de Gianfranco Sanguinettei est une forme d'ode à Tichy, à ce qui le rend indispensable. Les photographies, avec le bricolage connu (sur la prise de vue, le développement), jouent sur l'usure, le flou, et paradoxalement, la fraîcheur.A la fois très concrètes et confiant à une forme d'abstraction. A mettre en regard avec la nudité chez Hocquard. Là encore, un mystère.
9- Cléa Chopard associe un discours sur les fleurs, avec ce que cela évoque en termes de tropes et de poème, et des notices de médicaments (anxiolytiques ou antidépresseurs). La légèreté du début du livre dérive peu à peu, très finement, et le texte prend en profondeur de champ, petit à petit. Le procédé fonctionne très bien, et c'est une belle réussite.
10- Muscle publie les auteurs par deux dans son petit pliage. C'est bref, une bouchée apéritive. Hanqio Xiao, un peu bref peut-être pour ma lecture. Quant au texte d'Erikur Orn Norddahl, un islandais, il m'a d'abord agacé par l'usage de l'anaphore, puis je me suis laissé prendre et cela prend en effet, à la fois ironique et politique, et la forme du texte épouse le discours.
11- Olivier Domerg, relate des entretiens, des résumés de rencontres, dans une réflexion sur la méthode, le parallèle entre deux artistes qui travaillent dans l'amitié. Une belle perspective. Un autre livre d'images, en abyme .
12- Une bande dessinée lue pour le travail, pas très joyeuse.
13- Comment on se projette aussi dans un livres, comment fonctionnent les échos, qui traversent et se meuvent dans les lectures.


mercredi 22 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 3/11 et le 9/11

- Habiter cette maison (poèmes de Ghada Khalifa, Abdullah Almuhsin, Kadhem Khanjar, Rasha Omran), traduits de l'arabe par Dima Abdullah, Marianne Bahut, Leïla Kherbiche, Hala Omran et Wissam Arbache, Alidades, 2017
- Alexandre Karvovski, La forêt Russe, Alidades 2000
- Leontia Flynn, Écran de veille, traduit de l'anglais (Irlande) par Bernard Leprêtre et Emmanuel Malherbet, Alidades, 2013
- Henri Michaux, A distance, Mercure de France, 1997
- John Ashbery, Autoportrait dans un miroir convexe, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Anne Talvaz, Atelier La Feugraie, 2004
- Joël Egloff, L'étourdissement, Buchet-Chastel, 2005

1- Anthologie achetée pour Kadhem Khanjar, que j'ai vu lire à Metz au printemps et qu'il faut découvrir, et sans doute une utilisation scolaire. L'occasion de découvrir d'autre voix, de percevoir l'intervalle, les manques qui fondent une lecture naïve, une enquête. A reprendre plus tard, plus calmement (lecture trop rapide, parce qu'il y avait l'envie).
2- Alexandre Karkovski, souvent objectif ("Verre à confiture avec le couvercle, vide."), dans l'exploration quotidienne, avec quelque chose qui touche et sonne juste, "à la rétine au moi".
3- La poésie de Leontia Flynn travaille à la fois une tradition (les références multiples), le cliché (l'excellent "Dhillon voit l'océan: l'odyssée" qui résume un épisode de la Petite maison dans la prairie"!), les réverbérations dans la voix, un travail sur le décalage, la quotidienneté, la fabrication d'une culture du lire, et en même temps une simplicité et une évidence, d'un lyrisme objectif,qu'on a envie de creuser davantage.
4- Découvrir un éditeur, commander des livres un peu au hasard et en être enchanté - la belle surprise.
5- Je n'avais pas lu Michaux depuis très longtemps - hasard, ici aussi, des rayons d'une bibliothèque: une anthologie de textes parus en revue ou inédits, assez inégale, parfois très surprenante (Quelque part quelqu'un, qui pourrait être une réussite d'un poète sonore actuel, dans l'usage de l'anaphore, mais surtout des ruptures syntaxiques et lexicales - et qui date de 1938), et puis des choses qui laissent ébahi (particulièrement deux suites: Lecture de huit lithographie de Zao Wou-Ki et Lieux sur une planète petite).
6- "Squelette fibrillaire des arbres" (53)
7- Ashbery, dont la relecture me fascine toujours autant: une évidence mystérieuse, un peu impressionnante, à distance: "Les mots avaient une sorte d'éclat / Mais ne pesaient rien, portaient ce qui était dit." (37): "Idées c'est mieux, quoique pas exactement ce que je veux dire." (101), "Et puis? Des couleurs et des noms de couleurs, / La connaissance de toi qu'avait une certaine couleur." (109).
8- Certains livres semblent inépuisables, réintroduisent sans cesse un certain autre regard, reprennent un autre forme, on y sinue comme on peut, gyrovague.
9- J'avais bien ri devant le film Grand froid. On retrouve cette ambiance dans le livre de Joël Egloff, avec ses personnages un peu beckettiens, dans un joyeux désespoir un peu foutraque auquel on se laisse bien prendre, et qu'on lit presque d'une traite.


mardi 21 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 27/10 et le 2/11

- Valéry Larbaud, Fermina Marquez, Gallimard, 1926
- Jacques Dupin, Une apparence de soupirail, Gallimard, 1982
- Luc Sante, Walker Evans, Phaidon, 2001
- André Kertesz, introduction de Danièle Sallenave, Photo poche, 1985
- Jean-Claude Tardif, Prorata Temporis, Le Mort-qui-trompe, 2007
- Robert Walser, Poèmes, choisis et traduits par Marion Graf, Zoé, 2008
- Etienne-Jules Marey, introduction de Michel Frizot, Photo poche, 1987

1- Se laisser aller au roman comme à l'enfance.
2- Il y a toujours, chez Larbaud, quelque chose d'à la fois très classique et de complètement novateur dans la forme. Là où on ne l'attend pas. Un décalage, intervalle où s'engouffre un étrange plaisir de lecture. Avoir toujours un Larbaud sous la main, au cas où...
3- Quelques auteurs, qu'on ne lit pas forcément régulièrement, mais dont on aime avoir un ou deux livres en réserve.
4- Je connais trop mal Jacques Dupin: "Un rai de lumière sous  la porte, et ce long possessif dol reptilien aiguisant la langue." (15).
5- Des livres d'images: netteté de Walker Evans, dans la construction et l'immédiateté, y compris de ses photos "volées". J'aime aussi beaucoup la couleur de ses polaroïds. (étranges légendes de Luc Sante, complètement décalées, et que je ne comprends souvent pas). Les scènes de vie de Kertsz, portraits ou espaces, dans l'expérimentation, la construction d'une géométrie, très plastique. Marey, précurseur du cinéma sans le vouloir (et le travail très éclairant de Michel Frizot), utilisation scientifique de la photographie, qui confine à l'abstarction et à des résultats magnifiques.
6-  Ma naïveté devant la photographie, ce que je n'y comprend pas - comment naît une image.
7- Jean Claude Tardif: une nouvelle d'anticipation, on s'y perd un peu, un jeu fin sur les changements de narrateur, la longueur de la phrase.
8- Je connais tout aussi mal Walser. une traversée de son œuvre poétique, dans le choix de Marion Graf (et la postface très intéressante de Jochen Greven), dont on peut saluer le travail de présentation. Quelque chose de parfois très lyrique puis souvent une mise à distance très nette, soudaine - un étrange balancement. C'est très beau, j'ai particulièrement apprécié les sonnets.

lundi 20 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 20 et le 26/10)

Rien, ou une erreur dans la remontée du temps - il se glisse des oublis, des inversions, dans les listes - reprendre ou faire avec.

(Bug, été 2017)

dimanche 19 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 13 et le 19/10)

- Roland Barthes, L'empire des signes, (1970), Seuil, 2005
- Marguerite Duras, La vie matérielle, POL, 1987

1- Voies et détours des conversations, de ce qu'elles ébauchent dans le désir, le dessin de la lecture.
2- Une autre dérive, prenant en compte les sens dans la perception du sens. La multiplication. L'étrangeté.
3- "Au Japon, tout change: le néant ou l'excès du code exotique, auxquels est condamné chez lui le Français en proie à l'étranger (dont il ne parvient pas à faire de l'étrange)[...]" (132)
4- Deux lectures qui se croisent, dans les noms aussi. Les bifurcations, noeuds.
5- Duras, qui fait osciller l'agacement avec de très belles notes, ce qui y affleure.
6- La conversation se poursuit. Fiction.

samedi 18 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 6 et le 12/10)

- Roland Barthes, Le plaisir du texte, Seuil, 1973
- Roald Dahl, The magic finger, Puffin books, 1974
- Jacques Bens, Ginkgo biloba, l'arbre aux quarante écus, Semapa, 1992 (?)
- Daniel Pennac, Des chrétiens et des Maures, Gallimard, 1996
- Rudyard Kipling, Histoires comme ça, traduit de l'anglais par Louis Fabulet, Pierre Gripari et Robert d'Humières,  Folio junior Gallimard, 1978
- Arthur Conan Doyle, Le dernier problème, La maison vide, traduit de l'angalis par Bernard Tourville, Flammarion, 1998

1- Au fil d'une conversation, relire, encore une fois, ce livre bref, éclairant, toujours neuf, de Barthes. Un livre de plaisir. De lecture(s). D'évidence renouvelée.
2- "Mon plaisir peut très bien prendre la forme d'une dérive." (32)
3- Une typologie des types de lecteurs (99-100) me renvoie à Wolfgang Iser (L'acte de lire, un livre repris, aussi, plusieurs fois), à un rapport phénoménologique à la lecture dont j'avais une intuition en reprenant Barthes (et je ne peux être guère plus que dans l'intuition - voire: la rêverie).
4- Course de lecture: ma fille en français et moi en anglais. Bien sûr, je perds: ralentissement du déchiffrage par la langue étrangère, ce que cela suggère du point de vue de l'attention.
5- De Jacques Bens, un livre de commande, sans doute, pas très intéressant dans l'idée de l'écriture, mais j'y découvre le Ginkgo, que je ne connaissais pas il y a quelques mois (totem, fétiche (?) - voir aussi: le tulipier de virginie, pour les feuilles un peu exotiques - auxquelles je n'avais jamais prêté attention, et qui me paraissent comme telles - et cet autre arbre au nom amusant, le liquidambar).
6- Un peu de mal à entrer dans Pennac, puis on se laisse prendre, aller dans l'intrigue, et c'est plutôt sympathique.
7- Kipling, l'enfance, un peu étonné par ce collège de traducteur, parfois cela râpe un peu -il faudrait essayer en anglais. Lecture de travail, plaisante.
8- Encore une lecture de travail où Sherlock Holmes meurt à deux reprises.

Livres lus ou relus (entre le 29/9 et le 5/10)

Rien.

Le temps, aussi, des livres qu'on commence, qui resteront commencés, de ce qu'on feuillète, va chercher, reprend, abandonne, passe, autre chose, autre temps. Une drôle de cuisine, toujours en cours.

(Ravioles, automne 2017)

Et depuis, et j'en suis très heureux, cette traduction de textes parus initialement dans Ligne 13, avec un grand merci à Geneva Chao. J'imagine bien la difficulté de lecture et de traduction et je suis épaté par le résultat obtenu. C'est dans la revue Sink.

Tant que j'y suis, un très beau dossier sur Emmanuel Hocquard auquel j'ai eu la chance de participer - d'où les lectures de l'été 2016 - , coordonné par Anne Maurel, avec Olivier Cadiot, Gilles  A. Tiberghien, Xavier Person,Pascal Poyet, David Lespiau. C'est dans la très belle revue Hippocampe.

Livres lus ou relus (terminés entre le 22 et le 28/09)

- Madame du Châtelet, Discours sur le bonheur, Rivages & Payot, 1997

1- Passer complètement à côté d'un livre, parce qu'on attend autre chose, et du coup trouver ça poussif, avec ce qu'il y a de mauvaise fois aussi (la déception, la construction biaisée du jugement).
2- Bonheur: l'étrange bonheur de Deleuze.
3- Un coup pour rien.
4- La lecture, un étrange bonheur, aussi, ce qui vient à la bonne heure, coïncide.

vendredi 17 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 15 et le 21/9)

- John Ashbery & Joe Brainard, Le carnet du Vermont, traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Brossard, Joca seria, 2013

1- Le décalage. Multiple (temps de lectures, mémoire, moment, images, textes).
2- Olivier Brossard, traducteur, donne aussi une post face très éclairante, dans le sens aussi o elle propose des angles dont l'évidence frappe ("What's in a name?, p.125, par exemple).
3- A l'abord, sans doute l'un des livres les plus simples d'Ashbery, texte et image en regard. C'est après que tout se complique. Quand le décalage s'ouvre ("l'étrangeté de circonstances inventées" - 35).
4- A ce titre, le conseiller.
5- "Quelque chose qui bouge." (41)

lundi 6 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 8 et le 14/09)

- Pef, Zappe la guerre, Rue du monde, 1998
- Franck Pavloff, Matin brun, Cheyne, 1998

1- Lectures pour le travail, avec ce que cela suppose d'attentes (ici les premiers texte lu par les élèves en début d'année, série en stock dans l'établissement pour la première, chez moi pour la seconde).
2- Intéressante hybridation entre l'album, la nouvelle fantastique et le documentaire (et l'argumentaire contre la guerre): lecture triple.
3- La fable, l'intertexte (Le loup et l'agneau).

dimanche 5 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 1er et le 7/9)

Rien.

(boîte à livres, Metz, printemps 2017)

Livres lus ou relus (terminés entre le 25 et le 31/08)

- Bernard Minier, Nuit, XO éditions, 2017

1- Le polar du soir, habitude qui se perd, malgré les réserves.
2- On s'y laisse prendre, les personnages familiers mais peut-être aussi un épuisement, la ligne qui se tire un peu, par moments, des ficelles parfois un peu grosses.

samedi 4 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 18 et le 24/8)

- Bruno Carbonnet, Cloaque, Hippocampe, 2017

1- Être un peu déçu par un livre, parce qu'on attend autre chose (ici, je repensais au livre avec Olivier Cadiot, Rouge vers et noir).
2- Cloaque parle de l'art contemporain, de politique et de société, au sens large. Le prétexte en est le naufrage d'un paquebot en Corée, dont l'armateur est aussi un artiste ( Yoo Byung-eun, alias Ahae). Des liens se tissent avec l'économie, la dimension sociale, le politique (et c'est plutôt enthousiasmant). Carbonnet raconte, témoigne de ce qu'il a vu. Il prend des photographies, fabrique des réseaux. J'en garde un impression brouillonne, qui ne va pas jusqu'au bout, quelque chose qui serait sur l'établi. Ou bien c'est ma lecture. A reprendre plus tard. Laisse reposer.
3- Je ne comprends pas l'usage de certaines coquilles, qui semblent volontaires, à ce qu'elles apportent au texte.
4- "Les molécules d'eau se déplacent sans cesse, une multitude de vaguelettes produisent de nouveaux plis. Des ondulations, sinuosités sans fin, des remous. Les spirales qui forcent les flots ne sont pas là." (41)

Livres lus ou relus (terminés entre le 11 et le 17/08)

- Nouvelles du Mali (Ousmane Diarra, Sirafily Diango, Alpha Mandé Diarra, Moussa Konaté, Yambo Ouologem), Magellan & Cie / Le Courrier International, 2008

1- Konaté, Ouologem: un sommaire, ce qui attire dans le volume, comme pour le chapbook, le travail d'échantillon, l'anthologie. Une similitude, pourtant je préfère le chapbook, dans sa complétude (très artificielle, je m'en rends compte, et qui montre aussi une appartenance à un groupe).
2- Ousmane Diarra: une sorte de conte, ouvert, une folie sacrificielle plutôt drôle, un peu cynique, qui prend, qui joue avec la tradition et la modernité, l'obligation culturelle. (Tous les moutons du monde). Sirafily Diango: moins une nouvelle qu'une description lyrique de Bamako. Alpha Mandé Diarra (Le sucre): récit d'enfance, sur la naïveté, la découverte, un beau texte, assez drôle et en m^me temps profond. Moussa Konaté, dont j'apprécie les polars: un petit conte dont le narrateur est un chat, amusant. Et Yambo Ouologem ne s'est pas remis à écrire: reprise d'un texte d'une anthologie érotique de 1969. (relire Le Devoir de mémoire).
3- Horizons de lecture: ce qui se dessine avant et après, comment le déplacement modifie l'horizon, de quelle lecture - forcément imparfaite, incomplète, travail d'intervalle.

vendredi 3 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 4/8 et el 10/8)

- Osamu Dasai, Sake no tsuioku, Souvenirs du saké, traduit du japonais par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honnoré, La cocotte, 2011
- Rosanjin Kitaôji, Sukiyaki et canard, Brève impression de la cuisine occidentale, traduit du japonais par Ryoko Sekiguchi et Patrick Honnoré, La cocotte, 2011
- Ryoko Sekiguchi, L'astringent, Argol, 2012
- Gaston Bachelard, L'actualité de l'histoire des sciences, Les conférences du Palais de la découverte, 1951

1- Faire l'éloge du chapbook, échantillon, livre, découverte, friandise, forme brève, avec ce que cela suppose comme contraintes.
2- "la mise en scène d'une apparition-disparition" (Barthes, de mémoire, sur l'érotisme, dans Le Plaisir du texte)
3- Ici une collection de traductions du japonais choisies par Ryoko Sekiguchi, proposée gratuitement par la librairie La cocotte, reprise ensuite, et augmentée, me semble-t-il, chez POL.
4- Des souvenirs un peu nébuleux du saké - j'y associe Sei Shonagon, à la sauce un peu trash et acide, parce qu'on pose toujours les jalons qu'on a, malgré soi - et une visite plutôt drôle à la Tour d'argent: deux rapports à un certain exotisme, celui du temps passé, et celui du lieu.
5- L'astringent explore un "goût périphérique" (celui que l'on retrouve dans les tanins, ou en mordant dans une prunelle): "Apporfondir l'énigme sans prétendrela résoudre, simplement la percevoir, peut-être est-ce là l'unique façon qui nous soit donnée de vivre nos énigmes, donc notre vie." (67)
6- Je n'ai jamais lu Bachelard (pas même L'eau et les rêves) et je ne pense pas que ce soit un texte particulièrement caractéristique que celui-ci, petit fascicule qui fait suite à une conférence(un chapbook!): l'idée d'une dynamique de l'histoire des sciences, donc aussi de l'histoire, dans sa perception présente et ce qu'elle met ou remet en lumière.

jeudi 2 novembre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 28/7 et le 3/8)

- Yves Ravey, Bambi bar, Minuit, 2008
- Joseph Conrad, Typhon, traduit par André Gide, Hachette, "Bibliothèque verte", 1947 (Gallimard, 1923)
- Pierre Vidal-Naquet, L'affaire Audin (1957-1978), Minuit, 1989

1- Un livre dont je ne sais pas quoi penser, qui passe, du point de vue du narré, comme un téléfilm, avec quelque chose qui travaille l'écriture, mais sans doute déjà dans l'oubli. La novella. Lire un autre Ravey, pour voir.
2- Je ne suis quand même pas tellement un lecteur de romans.
3- L'étonnement de trouver Conrad en bibliothèque verte, avec le nom du traducteur. Le goût pour ces vieilles éditions jeunesse.
4- Un typhon comme argument, le récit court, et cette densité caractéristique, qui prend le lecteur dans son bouillonnement ("Mais la force inquiète des flots, mais leur courroux impondérable, le courroux qui passe et retombe et n'est jamais apaisé, le courroux et l'emportement passionné de la mer, voilà ce qu'il ne lui avait jamais été donné d'entrevoir." - 35). Un rythme comme un grande vague, fiévreuse et onirique, ("[...] et la vibration profonde de l'échappement semblait l'inquiet barrissement d'une créature marine, impatiente de reprendre le combat." - 152), qui se met en place et se désagrège ("Cela faisait un drôle d'effet de revoir à la lumière du soleil toutes ces faces ravagées aux yeux hagards" - 184). Une prose presque hypnotique, souterraine, qui vous prend dans ses remous, sursauts qui provoquent la rupture de l'attention au récit.
5- En écho avec le livre de Michèle Audin, Une vie brève (Gallimard, 2013), qui est une vraie réussite, avec la distance nécessaire et en même temps ce qui touche et empoigne dans cette biographie du père, ce livre d'histoire contemporaine engagée, cette enquête judiciaire, en face de la raison d'état, en plein conflit algérien - le livre a paru pour la première fois en 1958 - (en écho aussi, La Question d'Alleg, Minuit, 1961), et c'est remarquable. L'Histoire comme quelque chose qui ne se referme pas, reste brûlant, selon l'éclairage, et ce en quoi on, justement, doit continuer à l'apprendre, à la regarder.