vendredi 18 novembre 2016

Livres lus ou relus (terminés entre le 14/10 et le 20/10)

- Rien, nib, nada, que dalle, zéro...

1- L'absence de désir du livre, parfois jusqu'à une forme de dégoût. Passe.
2- Il y a deux ans, on m'avait demandé d'écrire un texte sur la lecture et de lister des livres importants pour moi (je n'ai pas lus certains d'entre eux, qui sont un horizon, et je n'aurais sans doute pas fait la même liste aujourd'hui). J'ignore si ce texte a été publié, je n'ai jamais eu de nouvelles. Je le colle donc en 3.
3-Dans la cathédrale de Grenade, un retable baroque me fascine, pas tant par sa grande qualité artistique (encore qu’il faudrait définir ce qu’on entend par là), que par l’exploration de sa surface. Sa construction visuelle est simple : par une symétrie verticale, on perçoit d’abord chaque partie de la ligne médiane comme miroir de l’autre, avant de percevoir, petit à petit, des éléments qui clochent, désaccordent cette symétrie, leur nombre peu à peu faisant masse, apportant le désordre dans un ordre apparent. Une expérience simple, pour peu qu’on s’y arrête.


*

Lorsque je lis, j’adopte une posture, liée à une habitude de lecture, posture intellectuelle, mais aussi physique, celle du corps en fonction de l’endroit choisi, et surtout celle de l’œil et de son déplacement dans l’espace de la page. Lecture rapide d’une prose, effets d’accélération, de suspens, dispersion sur la page, longueur des lignes, liens lexicaux, syntaxiques… Autant d’éléments qui confinent à des conventions, permettent une lecture plus rapide, plus sûre, plus assurée, plus rassurée. Pour résoudre une énigme, celle de l’acte de lire (qui n’est pas nécessairement acte d’épuisement du sens dans une compréhension immédiate et définitive, lire est un acte dynamique, un mouvement, davantage que l’accumulation de significations formant un objet immobile, malgré ce volume compact que j’ai entre les mains, que je range dans la bibliothèque), je dispose de plusieurs stratégies, qui s’affinent au fur et à mesure que j’apprends à lire, que je désapprends certaines pratiques pour en intégrer d’autres, chaque groupe textuel (type, genre…) ayant ses propres conventions de lecture. J’ai plus ou moins de facilité à explorer le livre, à proposer une stratégie d’investigation, à appréhender une énigme, à chercher ou non à la résoudre.
Or, certains textes m’échappent, je me retrouve face à eux sans outils, avec une difficulté de saisie qui peut m’intimider, me rebuter. L’énigme est là, je la vois, je ne sais comment l’appréhender. Comme l’enfant qui annone ses premiers exercices, j’hésite entre le désir d’explorer et le rejet de la chose, fasciné, ma naïveté m’agace. J’ai du mal. Accepter ce malaise, ce désordre qui s’institue soudain, fait aussi partie de l’acte de lire. C’est assumer ma manière d’errer, de rater, de faire des erreurs, ce déport un peu maladroit du corps.



Liste :

-          Tristram Shandy, Laurence Sterne
-          Le Grand Incendie de Londres, Jacques Roubaud
-          Délie, Maurice Scève
-          Lettres familières, Pétrarque
-          Monsieur Teste, Paul Valéry
-          Le Vrai sujet, Keith Waldrop
-          Ma Haie, Emmanuel Hocquard
-          Une Méthode descriptive, Claude Royet-Journoud
-          État, Anne-Marie Albiach
-          L’art poétic’, Olivier Cadiot
-          La Vie mode d’emploi, Georges Perec
-          Journal, Franz Kafka
-          Dictionnaire historique et critique, Pierre Bayle
-          Vingt mille lieues sous les mers, Jules Verne
-          Dictionnaire Français-Latin, Félix Gaffiot
-          L’Île au trésor, Robert-Louis Stevenson
-          Illuminations, Arthur Rimbaud
-          Un coup de dé jamais n’abolira le hasard, Stéphane Mallarmé
-          Dans le temps, Jean Roudaut
-          Tractatus Logico-philosophicus, Ludwig Wittgenstein
-          Billy the Kid, Jack Spicer
-          Démolir Nisard, Éric Chevillard
-          L’Aventure, Tony Papin
-          Poésie non-traduite, Armand Robin
-          Threads, Jill Magi
-          Bristols, Frédéric Forte
-          Lettres à Zanzotto, Michael Palmer
-          Poétique, Aristote
-          La Fabrique du pré, Francis Ponge
-          Fables, Jean de la Fontaine
-          Le Dit du Genji, Murasaki Shikibu
-          À la Recherche du temps perdu, Marcel Proust
-          Essais, Montaigne
-          Dans le labyrinthe, Alain Robbe-Grillet
-          Les Géorgiques, Claude Simon
-          Illusions perdues, Honoré de Balzac
-          Les Cinq livres, François Rabelais
-          L’après-midi d’un faune, Arno Schmidt
-          L’Ablatif absolu, Michel Couturier
-          La Poésie est inadmissible, Denis Roche
-          Compact, Maurice Roche
-          Notes sur le déséquilibre, Christian Prigent
-          Ma Girafe, Sébastien Smirou
-          Travail du temps, Hubert Lucot
-          Philosophie infinitive, Emmanuel Fournier
-          Les Fleurs bleues, Raymond Queneau
-          Après-midi à rien, Michel Vachey
-          Les Allures naturelles, Pierre Alferi
-          Témoignage, Charles Reznikoff
-          Lancelot du Lac (en prose)
-          Histoire générale de l’Afrique
-          Décimale blanche, Jean Daive
-          Les Arbres noirs, Henri Deluy
-          Fictions, Jorge Luis Borges
-          Discours de la méthode, René Descartes
-          Entretiens avec Marcel Duchamp, Pierre Cabanne
-          Paysages et jardins divers, Gilles A. Tiberghien
-          Théorème de Densité, Helena Eriksson
-          La Cuisine pour tous, Ginette Mathiot


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