dimanche 30 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 21 et le 27/4)

- Italo Calvino, Sous le soleil jaguar, traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro, Seuil, 1990
- Henri Deluy, Kérosène kitch, Flammarion, 2017
- David Lespiau, Équilibre libellule niveau, POL, 2017

1-  Sérialité: ici les cinq sens (trois sur les cinq, ouvrage inachevé): travail sur la série, la différence. Car les trois textes sont très différents, le premier tout en croisements, épisodes brefs, le second comme un faux compte-rendu de voyage, passion culinaire et amoureuse, et des histoires, et le dernier comme un apologue, un conte. Utilisations de procédés variés, d'une richesse des lexiques, de déviations. J'aime beaucoup ce livre de Calvino, qu'une amie me fait relire [et je m'aperçois que j'y ai accolé un faux souvenir, concernant la cuisine mexicaine].
2- Deluy, dans la série des Arbres noires et de L'heure dite, que j'aime infiniment, mais sur un mode différent, avec une sorte de regard en arrière sur la traduction notamment, sur la traversée d'une histoire, celle d'Action poétique et de la poésie de 60 dernières années au moins, autobiographie ("Raconter sa vie disais-tu c'était il y a longtemps / Que ça continue" - 29), rencontres, réelles ou textuelles. Un très beau livre, plus en recul, mais en prise avec le souci de poésie.
3- Le travail de la forme, de formes plus ou moins fixes, plus évident que dans ses autres livres, j'ai l'impression.
4 "Car il n'y a rien derrière les mots, pas de profondeur cachée, / pas de sous entendus, rien de cette zone de mystère que le poème / devrait révéler à lui même pour y trouver la "poésie"." - 63.
5- Lespiau, qu'il faudra relire encore: un texte fort. Une forme, bas de page, en prose-versets-blocs. Toujours le ton juste, ce qui fait jaillir, la dextérité, le texte de jouir (et l'humour, la distance, doublé d'un aspect autotélique constant mais jamais pesant, fluide dans le mouvement). Montage, assemblage encore, très fin. On pourra objecter le sens ou la difficulté, mais l'objet en lui-même scintille, produit ses effets de multiplication.
6 - Se sentir concerné.
7- Lire dans l'idée d'un relire, comme en roue-libre. Travail d'élaboration de la distance nécessaire pour une perspective, sachant que celle-ci sera changeante. Travail dans le lâcher-prise. Je me rends compte que c'est une approche plus difficile que ce que je pensais.
8- Pratique d'inconnaissance, exploratoire.

samedi 22 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 14 et le 20/4)

- Simon Hureau et Pascal Rabaté, Crève saucisse, Futuropolis, 2013
- RIP, Revue Critique et Clinique de poésie, 1.1, Poésie va pas tous mourir, 2016
- Uljana Wolf, Analogue des oranges, traduit de l'allemand par Pascal Poyet, Contrat maint, 2017
- Jacques Jouet, Pa... En..., Jorinde & Joringel, 2016 (traduction danoise de Steen Bille Jorgensen)
- Fabienne Raphoz, Parade au paradis (des paradisiers), L'Ours Blanc n°9, Héros Limite, 2016
- Georges Perec, Beaux présents, belles absentes, Seuil, 1994
- Pierre Alferi, Les allures naturelles, POL, 1991

- François Arnal, Raymond Queneau, Histoire d'un livre, Actes sud, 2002

1- Hureau et Rabaté joueent, sous forme noire, et un peu ironique, avec la bande dessinée d'aventures de notre enfance, référence à Gil Jourdan, ligne claire, narration classique: un hommage.
2- RIP est un objet étrange, quasi anonyme (il faut chercher les auteurs sous le rabat de couverture), qui tisse les textes dans un système de référencements complexe. Une belle expérience de lecture.
3- Uljana Wolf joue entre prose et vers un texte mystérieux pour moi, assez difficile, entre les langues. A reprendre, avec l'autre opus de la même auteur dans cette livraison de contrat maint. Une résistance.
4- Jacques Jouet a entrepris d'écrire un poème pour chaque personne. Une écriture quotidienne, simple, souvent objective. Il y a quelque chose de l'ordre de l'exercice d'écriture continue chez JJ (poèmes de métro, feuilleton, etc.).
4- Je ne connais pas le travail de Fabienne Raphoz, que j'ai vu lire il y a peu,  à L'autre rive, à Nancy, dans le cadre de Poema. Ici, le texte d'une conférence sur les oiseaux comme motif poétique, les oiseaux de Paradis, c'est riche et référencé. A creuser (le prétexte semble en être un autre livre paru chez Héros-Limite, Jeux d'oiseaux dans un ciel vide)
5- Poèmes de circonstances, de GP, cadeaux anagrammatiques: dextérité, travail du genre et c'est un régal: "Ça ne rime à rien ce machin, ce bric-à-brac? / macache bon, je m'en fiche! "
6- Retour sur le premier livre-de-poésie de Pierre Alferi, toujours touché, toujours pile. "[...] lecture où / la clarté / n'est pas affaire de profondeur / et d'analyse mais de vitesse / et d'angle".
7-  Je n'avais jamais entendu parler de ce livre de Queneau et Arnal, beau cadeau avalé aussi sec: livre vite, comme une travail d'échos entre texte et image, image et image, schéma et schéma: c'est simple, presque un travail brouillonné, et ça marche: comment le livre se construit, autour de ce centre mouvant de lien écrit-dessiné. Un livre pour enfant, d'enfance de la lecture, de l'écriture. C'est très beau.
8- Lire en pointillé, sourdine.


lundi 17 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 7 et le 13 /4)

- L'entretien, 01, Éditions du sous-sol, 2016
- David Lespiau, Carabine souple, L'Ours Blanc, 13, Héros Limite, 2016
- Patriotisme, 2016

1- Trois revues, de fait. Différentes.
2- L'entretien, comme son nom l'indique, dirigée par Laure Adler et Alain Veinstein. L'entretien comme genre: reprises de conversation sur France Culture, avec des parties inédites. L'écrit.
3- Je retiens surtout: Yves Bonnefoy (que je connais très mal), Françoise Héritier, Antonio Lobo Antunes (que je ne connais pas du tout) et Bernard Noël (que j'ai envie de relire).
4- L'Ours Blanc propose toujours un texte d'un seul auteur. Un livre bref. Un chapbook. Et de beaux titres.
5- Un étrange western, qui joue avec le récit, le collage, le genre (dialogue), très drôle. A relier aux autres travaux de Lespiau, trouver comment.
6- Patriotisme me met mal à l'aise. D'abord, parce que j'ai du mal avec l'ironie bleu-blanc-rouge qui s'affiche, parce que je ne saisis pas où je suis en connivence. Ensuite, parce que les influences perceptibles sont mal décantées, les textes finalement assez peu intéressants, ne me laissent pas de trace. Cela dit, on sent dans ce travail collectif une envie, un désir de travail, avec quelques rapports intéressants. Des jeunes gens, je vieillis?
7- La revue est un espace de travail précieux, tant pour l'auteur que pour le lecteur (se faire l’œil, rapide).

dimanche 16 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 31/3 et le 6/4)

- Roger Giroux, Ptères, Unes, 1985

1-Un beau petit objet, minuscule.
2- Une liste de coléoptères, un par vers.
3- Une rythmique, une ponctuation.
4- Une chute (un gag?).

Livres lus ou relus (terminés entre le 24 et le 30/3)

- André du Bouchet, Orion, Deyrolle, 1993
- Michèle Métail, La ville, de la ville (plan parcellaire), Contrat Maint, 2001

1- Je connais mal André du Bouchet. Deux textes sur la peinture (ekphrasis en question, pour moi):  Poussin et Tal Coat. Un autre livre du même sur la peinture, qu'il faudrait que je lise, qui est là, entre deux livres.
2- " et peinture, le seuil                                                                               en mouvement"
3- Relecture, sur un conseil, de Métail (oublié, et le premier tiré, magie, de la boîte où sont stockés la plupart des Contrat maint): la brièveté du vers, la datation. Très beau. Analogique.

Livres lus ou relus (terminés entre le 17 et le 23/3)

- Rien.

1- Toutes les listes se doublent d'une liste plus large de picorages: livres ouverts, commencés, parcourus à la va-vite, recherches, désirs de lecture, incipit envolés...
2- Travail prenant: temps rongé réduisant les moments de lecture.
3- La vie de la bibliothèque. Il serait intéressant de repérer les mouvements, les déplacements. Comme topographier une dune.
4- Une drôle de cuisine.

samedi 15 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 10 et le 16/3)

- Anne Maurel, Avec ce qu'il resterait à dire, Hippocampe, 2016

1- Certains livres on besoin de leur temps, leur moment, pour trouver leur place de lecture.
2- Certains livres se trouvent en parfaite résonance avec leurs circonstances de lectures: échange de liens, pertinence exacte, adéquation... Mais c'est sans doute un moment rêvé: le désir qui se met entre le livre et le lecteur. Une suite de hasardsvolontaires.
3- Après avoir acheté ce livre, j'ai lu le Giacometti de Genet, non comme un préalable, mais parce que l'acquisition du volume avait proposé le moment de l'autre, par ricochet.
4- La bibliothèque de Warburg.
5- Des prétextes: une minuscule figurine de Giacometti, une anecdote biographique amoureuse, une suite de photographies d'Eli Lotar: en fabriquer un essai fiction, une étude romancée sur l'artiste, l'acte créateur. Relier des fils, tisser quelque chose, en faire un livre magnifique - parce qu'il touchait, là, à ce moment précis, ce qui justement me touchait, peut-être.
6- "Il ne faut pas longtemps pour que les traits d'un visage s'effacent, et glissent à l'oubli." (recréer, relier, figurer)
7-"Il avait tout essayé, même le travail de mémoire, la nuit, avec le souvenir de la pose tout entière, dans une immobilité parfaite, sans cette quantité d'accidents enchevêtrés, de minuscules frémissements qui composent un visage et empêchent la figuration du tout par trop d'attention minutieuse aux détails. Il avait échoué."
8- De cette myopie, faire un récit mouvant. Flottant.


vendredi 14 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 3 et le 9/3)

- Pascale Petit, Sharawadji, Manuel du jardinier platonique, L'inventaire, 2010
- Claude Esteban, Élégie de la mort violente, Flammarion, 1989
- Ed Mc Bain, Entre deux chaises, traduit de l'américain par J. Fillion, Gallimard, 1965

1- Pascale Petit construit un petit jardin, lors d'une résidence, ce livre rend compte de cette expérience. Entre exercices de style, carnet de notes sur botanique et campagne, calepin saisonnier, rêverie, encyclopédie domestique... Lecture du bus, avec le plaisir de picorer.
2- Je connais mal le travail de Claude Esteban, envie de relire et de creuser un peu plus. Proses de mémoires, presque haïkus, long poème, un travail d'élégie, de souvenir pugnace, qui touche juste: "On marche dans ce corps / à moi.On veut / piétiner le silence".
3- Ed Mc Bain, loin du 87 ème district, dans un roman qui peut évoquer 1275 âmes. Pas de jeu sur l'attente, le suspense, c'est cousu de fil blanc, un roman noir, où seul importe le rapport du narrateur avec ce qu'il a fait, dans sa vision un peu tordue des choses. J'en aime beaucoup le titre anglais (américain?): He who hesitates.

Livres lus ou relus (terminés entre le 24/2 et le 2/3)

- Emmanuel Hocquard, Ce qui n'advint pas, CipM, 2016
- Guy Bennett, Poèmes évidents, traduit de l'américain par Frédéric Forte et Guy Bennett, l'Attente, 2015
- Guy Bennett, Ce livre, traduit de l'américain par Frédéric Forte et l'auteur, L'attente, 2017
- Rémi Froger, Planches, POL, 2016
- Christian Jungersen, L'Exception, traduit du danois par Inès Jorgensen, Denoël, 2006 (rééd Livre de poche)

1- Post-scriptum à la grammaire de Tanger, Ce qui n'advint pas se termine comme un poème, vers ou énoncés, discontinu. Retour. Quelque chose comme une élégie inverse.
2- Relecture des Poèmes évidents à l'occasion de la sorte de Ce livre. Il y  a chez Guy Bennett quelque chose d'un artiste conceptuel, pince sans rire et très drôle, qui à la fois est dans la pochade et une grande réflexion sur les formes qu'il utilise: le poème, le livre. On peut en avoir plusieurs lectures, de surface puis vers quelque chose de plus sérieux, mais dans les deux cas dans une gaieté communicative et enthousiasmante.
3- Traduit de l'américain. (un énoncé étrange)
4- Rémi Froger travaille sur deux formes fixes en alternance ou presque, toujours par 10 (des dizains ou deux quintils, qui vont aussi par 10). C'est fluide, il y a la coupe. Cela évoque la photographie et la peinture. On a l'impression, après lecture, d'avoir vu un tableau, un tableau à l'oeuvre, quelque chose de très visuel. Et c'est très beau. Il faut que je creuse encore.
5- Le polar du soir, pas mal dans la description du harcèlement au travail, c'est très lent, cela en rend bien compte, mais il a fallu finir, et il vaut mieux oublier (on oublie toujours la fin).
6- Le polar du soir a bien souffert de la concurrence avec la vidéo (films, revu pas mal de Tarkovski et la série Rectify - très bien, et étonnamment lent, mis à part la fin ou tout se renoue de façon un peu artificielle.



Livres lus ou relus (terminés entre le 17/2 et le 23/2)

- Emmanuel Hocquard, Une grammaire de Tanger, CipM, 2008
- Emmanuel Hocquard,Les babouches vertes, CipM, 2009
- Emmanuel Hocquard, Les coquelicots, CipM, 2011
- Emmanuel Hocquard, Avant, CipM, 2012
- Marie-luce Ruffieux, La nageoire de l'histoire, Contrat maint, 2016
- Rosmarie Waldrop, Manuel de mandarin, traduit de l'anglais par Bernard Rival, Contrat maint, 2016

1- Relire la grammaire de Tanger d'Hocquard pour le CCP. Un autre cadre, et un certaine appréhension (je repense à ce que m'avais dit Sébastien: pour écrire sur un auteur, aime-le). Dépacer la révérence.
2- C'est une grammaire au sens large, un livre de lecture, un livre d'histoires, un livre léger, un livre profond, un livre de désir, de plaisir.
3- Hocquard interroge, il provoque une démarche d'investigation, ce qui en fait un auteur précieux. On sort de ses livres avec une démarche un peu différente, et pas avec le sentiment d'avoir passé du temps sur quelque chose d'ardu. Il s'est passé quelque chose.
4- La question du "genre". Comment classer ces livres?
5- Marie-Luce Ruffieux, quelque chose d'onirique dans ces proses, leur écriture. quelque chose qui m'intéresse, me pose problème en ce moment.
6- Un petit grand livre de Rosmarie Waldrop, par un excellent traducteur.
7- "Toutefois, sans entrer dans les complexités de cause et d'effet, l'espace entre deux langues n'est pas l'histoire entre des miroirs, mais il se courbe le long de la grande muraille de l'erreur, une forme raffinée d'aventure."
8- Ce qui advient dans l'erreur, l'errance, six livres de questions.

Livres lu ou relus (terminés entre le 10 et le 16/2)

- Léon-Paul Fargue, Fantôme de Rilke, Fata Morgana, 2007
- Claude Royet-Journoud, La Finitude des corps simples, POL, 2016
- Claude Royet-Journoud, Sur quelques titres de Tom Raworth pris au hasard dans ma bibliothèque, lnk, 2010
- Tom Raworth, A vide, Traduction collective relue par Pierre Alferi, Créaphis, 1994
- Tom Buron, Le Blues du 21e siècle et autres poèmes, Maelström, 2016
- Loïc Demey, D'un coeur léger, Carnet retrouvé du Dormeur du val, Cheyne, 2017

1- Anecdotes, papiers, archives. Sans doute pas la meilleure idée pour aborder Fargue, une sorte de marginalia, avec un beau portrait photographique inédit du fantôme. Rilke, spectral, qui revient en ce moment, à cause du mot "paume", et d'échanges avec Christophe. Au hasard des rencontres: relire les poèmes français.
2- Relu le dernier CRJ pour la quatrième ou cinquième fois cette année, sous un éclairage nouveau. Travail aussi de nudité, dans la sensualité et la matérialité de la langue.
3- En oublier lnk. Reprise par l'extérieur, uniquement comme lecteur, à neuf, cet hommage à Tom Raworth: "Elle défait le sens pour mieux évaluer l'intrus."
4- J'avais oublié que Tom Raworth, décédé récemment, travaillait aussi la forme fixe: 5 / 2 / 1. Effet de rapidité, de condensation: y voir quelque écho à d'autres préoccupation. Un précipité.
5- "universel / surplus disponible / à l'époque moderne / pas trop clair ou bien les images projetées / s'effacent // monde / formant une table // pour collections accumulées"
6- Tom Buron, un premier livre, sous l'égide de la poésie beat (Ginsberg et surtout Pélieu, à décanter, pas très 21e du coup). Quelques fulgurances, mais la machine tourne à vide, souvent, dans les influences.
7- Ces carnets retrouvés de Loïc Demey, une sorte de pas de côté, uchronique aussi. Un roman, l'histoire d'un soldat dans la débâcle de 1870, qui écrit des lettres d'amour, déserte, disparaît dans un "nous", croise Rimbaud, quelque chose aussi par ricochet, d'Hugo Vernier.
8- Travail formel de la phrase: elle semble imiter de façon un peu naturaliste (et de fait le roman est très documenté) le phrasé, lexique, de la fin du XIXème siècle, d'une certaine façon, mais c'est autre chose: jeu sur le rythme, la phrase courte, élidée, les effets de rupture, de pointe.
9- On retrouve la lyrique amoureuse du livre précédent (Je, d'un accident ou d'amour), dans ce journal d'un soldat, destiné à sa fiancée. La répétition amoureuse, la variation. Je pense à la production de sonnets, ce qui les fait toujours semblables et différents, ce jeu formel, technique, amoureux, dépôt dans l'objet, une littéralité mine-de-rien. Il y a chez Loïc Demey quelque chose de cet ordre, avec le relai narratif, la distanciation (Je est un autre!).

jeudi 13 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 3 et le 9/2)

- Claude Royet-Journoud, Laque sur polaroïd, Michel Chandeigne, 1996
- Claude Royet-Journoud, Le récit de Lars Fredrikson, A la pension Victoria, 2012
- Pierre Alferi, Intime, Argol, 2013
- Uccio Esposito-Torrigiani, FK, manuscrit (paru depuis ici)

1- Un livre d'images. Les gribouillis de CRJ, dans la répétition des motifs, avec un quelque chose de l'enfance et de l'archétype. Le magnifique texte de Dominique Fourcade pour le clore. Quelque chose d'objectif, et pas tellement pornographique (ce qu'une première approche pourrait laisser penser) et l'idée de compression, aussi.
2- Le contraire: un texte sur un artiste, évoquant une "FIGURE DISPERSANT LA VERTICALITE" et le "simulacre d'un corps".. Un livre d'image.
3- Récit par lettres en vers. Je suis toujours fasciné par la dextérité de Pierre Alferi, une simplicité efficace et la coupe particulièrement. Lettres images et son. (Avec un DVD et la musique de Rodolphe Burger)
4- Trois rapports. Trois différences.
5- Donner son avis sur un texte qui compte beaucoup pour son auteur, lequel compte beaucoup pour moi. La phrase d'UET est très étrange dans son effet: elle oscille entre la période très longue et une forme d'anacoluthe, qui ne tarde pas à avoir un effet presque fiévreux, onirique, sur le lecteur. Ici, un roman uchronique: FK n'est pas mort de la tuberculose et il est parti vivre dans un kibboutz après avoir détruit la majeure partie de son œuvre. Un très beau livre et une belle expérience de lecture encore, avec ce sentiments de bifurcations constantes, de perte, un peu brumeuse.
6- Il arrive des jours où l'on a le dégoût des livres. L'un de ces soirs-là, j'ai pris Environs de L. dans la bibliothèque, qui m'a été un antidote efficace.Lisez UET!

mercredi 12 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 27/1 et le 2/2)

- Claude Royet-Journoud, La poésie toute entière est préposition, Eric Pesty Editeur, 2007
- Jean Daive, Un transitif, Spectres familiers, 1984

1- Des notes sur, et pourtant tout aussi inépuisables. Des notes de, alors peut être?
2- "J'attends pour écrire que le livre précédent me devienne illisible."
3- "Les accidents sont essentiels. Ils sont ce qui donne la forme et la lisibilité."
4- "Chercher les accidents que la langue ne cesse de provoquer au-dessous de la surface."
5- Un manuel de lecture, une activité manuelle, celle de faire bouger les pages, de regrouper des pages.
6- Encore en écho, la copie par Jean Daive de pages d'Etat, d'Anne-Marie Albiach: d'abord, juste la ponctuation, puis les pages, avec la ponctuation sur du calque. Ce qui se passe dans le blanc, la temporalité. Un bel objet.
7- Entre les deux, le texte de Jean Daive (et en souvenir, une lecture de celui-là par celui-ci au CipM, voix ample, marquante), un obscurcissement, noir sur blanc, éclairant aussi le texte d'Albiach.
8- "L'abîme des déchets, un thème en ouvre la parenthèse."

mardi 11 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 20 et le 26/1)

- Claude Royet-Journoud, Les natures indivisibles, Gallimard, 1997
- Claude Royet-Journoud, Lettre de Symi, Fata Morgana, 1980
- Claude Royet-Journoud, Théorie des prépositions, POL, 2007

1- De le relecture de la tétralogie à celle des "œuvres complètes": décision, passage.
2- Une lettre personnelles comme livre, par l'initiative de celui qui la reçoit (Roger Laporte): un commentaire, une écriture, un choix. Quelque chose qui oscille entre différents entre-deux.
3- "Relisant la première séquence, je me surprends à penser - curieusement devant le mot colère - qu'il y a là "lyrisme". Un lyrisme perturbateur."
4- Matérialité de la langue - et, à nouveau, sensualité du matériau (un "lyrisme perturbateur", là aussi?).
5- Je me souviens d'une lecture complètement ratée de Théorie des prépositions: je lisais, mais rien ne se faisait, aucun lien, un discontinu sec, aucune élaboration dans la préhension du texte. Un vide. Uniquement: le matériau, papier et impression. Et rien d'autre. Peut-être aussi une lecture pas si ratée: un rapport autre. Qui éclaire les suivants.
6- Le livre: continu et séparé. Un objet, qui a son rythme et son bornage propres.
7- "le bord est un apparat du sens / un étirement de la voix "

livres lus ou relus (terminés entre le 13 et le 19/1)

- Claude Royet-Journoud, Le renversement, Gallimard, 1972
- Emmanuel Hocquard, Méditations photographiques sur l'idée simple de nudité, POL, 2009
- Claude Royet-Journoud, La notion d'obstacle, Gallimard, 1978
- Jean Daive, Décimale blanche, Mercure de France, 1967
- Claude Royet-Journoud, Les objets contiennent l'infini, Gallimard, 1983
- Hubert Lucot, Travail du temps, Carte blanche, 1985

1- Décès d'Hubert Lucot. Langst. Relire Travail du temps, un des livres d'accompagnement, l'un de ceux auxquels on revient régulièrement, qui jouent un rôle de borne, sans qu'on puisse en déceler la raison profonde. Une évidence. Dans ce qui évide, aussi.
2- La lecture de ce livre, parmi d'autres, dans les rayons de la bibliothèque de Rennes, cote XD, à une période où j'ai beaucoup arpenté les rayonnages, essayé quelques lectures, souvent par ricochet, parce que le nom de l'auteur me disait vaguement quelque chose. Belle période de découvertes. Et souvent de choses que je ne cherchais pas forcément.
3- Fulgurance de la prose de Lucot. Le découpage, le surgissement, travail de la temporalité, le temps vécu, ressassé, remâché, et pourtant nouveau à chaque instant. Instantanés en continu. Film. Montage.
4- "Le "Connais-toi au monde" est révolutionnaire."
5- Livres d'accompagnement. Rotation continue, bornée, lente ou rapide des volumes. Ce qui habite, à un moment, la lecture, ce qui intrigue, révèle les questions.
6- La tétralogie, jeux d'angles, un carré, combien de fois l'ai-je lue depuis 20 ans?  Chaque fois, c'est autre chose qui apparaît/disparît. Chaque lecture n'est pas seulement cumulative, elle poursuit son chemin propre, il ne peut y avoir de saisie de l'ensemble (jeux d'angles, à nouveau), ou de remémorisation de ce qui s'est imprimé dans les expériences précédentes. Cela vaut, je suppose, pour tout livre. Ici, le processus est poussé dans ses limites, ce qui en fait, savamment je crois, autant qu'intuitivement, une construction infinie, inépuisable.
7- Ce qui, aussi, se construit dans les affects sur la durée (je me souviens de ma première lecture d'Une méthode descriptive, à la BU de Rennes, encore).
8- Cette lecture, sous le signe d'une sensualité de la langue (son, rapport au corps, dans sa théâtralisation, également). Quelque chose que je n'avais pas vu.
9- Un objet concret.
10- Au détour d'une conversation, relire les Méditations. Relire aussi comme neuf, ce qui se redéveloppe dans la reprise du volume seul, dans ses liens avec la sensualité de la langue, de la pensée, aussi, du coup, méditative.
11- Les jeux d'écho: Daive, Albiach, CRJ. Trois livres, comme trois parallèles, y trouver les points de renvois, fuyants. Comme en perspective.
12- "elle parle elle renouvelle ses précipices"


dimanche 9 avril 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 6 et le 12/1)

- Eugène Savitzkaya, Marin mon coeur, minuit, 1992

1- Il y a des semaines ou on lit peu. Lecture du bus. Ce qui se projette en pointillés, dans, justement, les trajets successifs.
2- J'avais lu ce livre à la naissance de ma fille. C'est un roman de la nomination, des noms propre (On peut penser aussi à A prank of Georges, de Thalia Fields et Abigail Lang, qui est un très beau livre), qui trouvait alors écho dans cet événement.
3- Une relecture joue toujours à plusieurs niveaux (souvenir, resouvenir, éléments rapportés à ce souvenir, angles différents, conditions de lumière, circonstances...). Repenser une lecture après quelques mois est une activité étrange, comme si elle n'existait plus, peut-être.
4- Une écriture clinique, une fragmentation plus évidentes pour moi. La fable.
5- " Puis il sut qu'en reculant on avance autant qu'en avançant." "Un beau désordre vaut mieux qu'une inerte ordonnance." "Ce genre de repas ne peut se prendre qu'en très bonne compagnie."