vendredi 10 avril 2020

Livres lus ou relus (terminés entre le 6 et le 12/03)


- Ulf Stolterfoht, Lexique des superstitions allemandes, intraduction de l’allemand Bénédicte Vilgrain, Théâtre typographique, 2019
- Senna Hoy, numéro 1, décembre 2019

1- Composé de 9 poèmes de 5 quintils aux vers très longs, ce Lexique des superstitions allemandes m’a fait visuellement très vite penser à ces textes denses de Prynne (To Pollen par exemple, chez Barque Press) et il s’avère que Stohlterfoht est traducteur de Prynne en allemand. Voilà pour une parenté qui m’a enchanté.
2- Un texte à la fois compact et luxurieux, en anacoluthes et télescopages (« questions d’un équarrisseur / en train de lire » - 3), rejets, pousses (« j’appelle / ça : poncer intriguer décheter » -3), dont l’amplitude du vers « aplanit » (5) la vitesse des assertions. Tout se joue entre deux rythmes mais prend corps assez rapidement dans la lecture. Il s’agit de faire des liens, des branchements, élaborer des relations (« faim relationnelle » - 4) dans cette « littérature en camelote » (7) qui joue sur l’accumulation et la condensation. Au premier abord, c’est abrupt, puis on y prend plaisir, à tracer des chemins variés, à faire jouer le texte. Vraiment un très belle découverte...
3- « Senna Hoy, une revue de poésie en anglais et en français, publiée par Luc Bénazet et Jackqueline Frost » est une revue bilingue donc : textes écrits en anglais ou traduits en français et vice-versa. Pas de traduction en regard, en miroir. Trois auteurs pour ce numéro, sans contextualisation ou note biobibliographique, texte brut, donc : Christina Chamers, Nat Raha et Victoria Xardel. Les textes sont souvent politiques et d’une lucidité sans concession (« Ton goût pour le désordre / n’est qu’une autre forme de maîtrise. Une prédilection pour les thèses extravagantes/  et comme telles, inattaquables […] – Victoria Xardel). L’assemblage joue sur une alternance des auteurs, dont les textes ne constituent pas un bloc (« diphtongs by rotations. concentration by flotation. » - Christina Chalmers), interrogeant notre rapport à l’auteur et à la lecture, déstabilisant nos attentes. Une belle revue, qui donne à penser dans sa forme.

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