Appétit de lecture.
Le Journal de Jean-Luc Lagarce (aux Solitaires intempestifs, deux forts volumes), d'abord facile, est un vrai plaisir de lecture, comme on suit un roman. Le personnage, décalage et ironie, est touchant: backrooms des boîtes "pédé" (mot qu'il utilise plutôt qu'homo ou gay - le "politiquement correct" est passé depuis), sexualité active des années 80, et la profonde solitude là-dedans (Tome I) et la maladie (Tome II). Une terrible lucidité: "C'est peut-être le principe d'un Journal: remplacer la vie manquée." (II, 465). Le paysage culturel, aussi qui défile devant les yeux, celui des année 1980-1995, choses vues aussi, pour l'amateur de listes.
Le bio- et l'autobiographique.
Trois poètes danois (éditions du Murmure, qui viennent de publier un livre sur Lagarce). Comment aborder ce qui est si près et exotique, quelles traditions dans cette poésie, quelle tradition aussi de l'anthologiste? Lu pour l'instant uniquement les deux premiers: Ursula Andkjaer Olsen - une impression de scandé dans la multiplications des "je", le carcatère un peu anaphorique, mais une diversité des formes qui fait effet, diversité est le mot, mais une forme d'homogénéïté - et Morten Sondergaard, dont je retiens:
"Le cerisier
derrière la maison
est en fleurs.
Personne ne l'a vu,
mais maintenant
c'est fait."
Renga, de Paz, Roubaud, Sanguineti et Thomlinson, avec une très belle préface de Claude Roy, qui se termine (presque) sur une belle citation de Tristram Shandy: "Mon bon ami, dis-je, c'est aussi sûr que je suis moi et que vous êtes vous. - Et qui êtes vous? deamanda-t-il. - Ne me mettez pas dans l'embarras. "
jeudi 3 novembre 2011
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