lundi 9 juillet 2018

Livres lus ou relus (terminés entre le 29/6 et le 4/7)

- Julio Le Parc, Petite bifurcation de celui qui n'est pas, Poèmes traduits par Olivier Salon et Eduardo Berti, Editions Sylvain Courbois, 2018
- Jack Spicer, Les papiers d'Oliver Charming, traduit de l'américain par Eric Suchère, L'ours blanc 11 / héros Limite, 2016
- Juliana Spahr, Va te faire foutre - Aloha - Je t'aime, traduit de l'anglais (USA) par Pascal Poyet, L'attente, 2018
- Dorothée Volut, Poèmes premiers, Eric Pesty Editeur, 2018

1- Julio  Le Parc est un artiste argentin, installé près de Paris, dont l'oeuvre est dans la proximité de l'Op Art (vastes mobiles monochromes sur supports transparents, adoptant des formes géométriques, et, ici, variations sur des formes dans un pointillisme en dégradé). Poèmes, dit-on, d'un ensemble qui ne fait pas "livre" mais recueil. Rien de complexe dans la syntaxe, des choses simples, sans prétention, jeu sur les paradoxes, notes, "poésie lyrique", parfois, et convaincantes. "après avoir fini / il oublia de mettre / fin / les gouttes ont augmenté / l'oubli sans fin". (69)
2- Peter Gizzi a publié un ensemble de textes retrouvés de Spicer, dont ces papiers, traduits par Eric Suchère, qui publiera le volume complet chez Nous en automne (qui complètera son édition chez Le Bleu du ciel). Je peine un peu à me retrouver dans ce récit décousu (journal, procès théâtralisé), très influencé par les avant-gardes européennes du début du siècle (Dada, Mertz, Surréalisme  - j'y trouve peut-être des échos d'Ubu). Ils datent d'avant After Lorca et annoncent l'éclectisme de Spicer, un certain humour pince-sans-rire. La publication de l'ensemble me permettra sûrement une lecture plus approfondie, qui permettra de voir comment Spicer élabore sa poétique, dont les conférences nous indiquent l'importance, s'il fallait s'en persuader. Un bon avant-goût.
3- Juliana Spahr a écrit quelques livres qui prennent source dans son expérience à Hawaï où elle a enseigné un temps (voir The transformation, chez Atelos press, par exemple). La langue, la construction, le jeu sur la répétition et le lieu commun ("da kine", mot fourre tout largement employé dans le créole hawaïen, par exemple), la référence à l'histoire ou aux parler locaux, les pyramides humaines qui servent de support au texte, tout interroge la notion de communauté, d'un nous qui se construit dans l'altérité, qui sous tend tout le travail universitaire et d'écrivain de l'auteur.
4 - Dorothée Volut met souvent en scène le corps du scripteur, dans l'acte poétique, en ce qu'il a de quotidien - dans le décor posé ici, aussi - et de volontaire, d'ardu. De brèves disjonctions syntaxiques, qui passent au départ inaperçu, insistent sur ce travail d'une langue qui semble d'abord couler sans difficulté - première? -. Je pense à un rapport avec une tradition (le jardin, la campagne, largement présents) qui, sans la renier, pousse l'objet plus loin (Poèmes premiers n'est pas Premiers poèmes), qui justement, en l'objectivant, attire l'attention sur le texte en train de se faire, de s'écrire. Et donc, de se lire.



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