mardi 24 juillet 2018

Livres lus ou relus (terminés entre le 13 et le 19/7)

-  Anne F. Garréta, Dans l’béton, Grasset, 2017 
-  George Oppen, 21 poems, New directions, 2017
 -  Jo Nesbo, L’homme chauve-souris, traduitdu norvégien par Elisabeth Tangen et Alexis Fouillet, Gaïa, 2002 
-  Yves Ravey, Cutter, Minuit, 2009 
-  Einar Mar Gudmundsson, Le testament des goutes de pluie, traduit de l’islandais par Eric Boury, Gaïa, 2008 
-  Nicolas Tardy, Gravitations autour d’un double soleil, Série discrète, 2018

1-      Avec son orthographe orale à la Queneau, le roman de Garréta paraît lui être une sorte d’hommage, ainsi qu’à Perec (celui du Petit vélo). La narratrice, une enfant drôlement malpolie, passionnée par le béton et la taloche, raconte ses aventures familiales par brefs épisodes-chapitres, souvent autour d’un travail d’homophonie, de calembours et de paronomase, dans un lexique thématique me semble-t-il (un schéma d’allusions dans chaque partie). Elle peine à avancer, comme Tristram : « Et puis si je digresse, c’est pour mieux aller à ma fin. » (159) 
2- Les 21 poems ont été retrouvés par David B. Hobbs dans les papiers d’Ezra Pound, conservés à l’université de Yale. Découverte incroyable de juveniliae qui annoncent le premier livre d’Oppen, Discrete series. Première lecture très rapide, repérage des lieux, et c’est magnifique. 
3- Polar du soir, un peu lourd, avec son tueur en série, et les relais improbables. 
4- Ravey : une écriture très cinématographique, dialogues et brèves descriptions, mouvement, une enquête, un enfant narrateur. Détail curieux : les voitures (Ami 6, R8, Ford Taurus), évoquent les années 70 ou 80, et le contexte y fait penser. Pourtant, la monnaie est en euros (16-17). Je ne me l’explique pas. Détail du conte se présentant comme tel, topoï fictionnel ? 
5-  Étrange roman se déroulant dans « les abysses », un quartier d’une banlieue de Reykjavik. Le récit avance par vignettes, centrées autour d’un personnage (le conteur-sellier, le pasteur, son épouse, le coiffeur, le gardien du jardin botanique). Une nuit avec un bateau fantôme, un revenant, une hallucination, on ne sait trop, mais beaucoup d’obscurité et des gouttes de pluie, qui forment le fondement de l’ensemble. On oscille du métaphorique poétisant, du mythe, au franchement grotesque, au détail des plus prosaïque. Cheminement chaotique, parfois contradictoire, d’une chronologie labyrinthique, tenant de l’aoriste (« il était une fois » - 237, qui relance un épisode – on pense à l’art du conteur et on se demande si le narrateur n’est pas le conteur-sellier du début – le conte du conte, en abyme). La réduction et l’ampleur. Un beau texte. 
6-  Entre l’année de naissance et celle de la mort de Sun Ra, Nicolas Tardy propose une brève histoire de la conquête de l’espace, de la musique et du cinéma populaires, de la politique internationale, des rapports entre noirs et blancs (et d’autres couleurs), sous forme de petites proses qui joue de la périphrase de façon parfois très drôle (« Sur des écrans plongés dans le noir, une mystérieuse fièvre sévit uniquement en fin de semaine.» - 77), et en tous cas en ralentissant la lecture de manière efficace, par le décodage nécessaire, en attirant l’attention sur ce qui passerait vite. Une forme d’accéléré-ralenti. Un bel hommage.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire