vendredi 25 décembre 2020

Et puis...

 

                                                            Tricycle, juillet 2020, Coutainville

Quelque chose comme un longue pause avec des velléités de reprendre des listes, d'écrire des posts, un peu aphasique. La question de l'oubli, du dispensable, de ce qui va et vient dans la mémoire, s'anamorphose. De belles lectures pourtant et puis une lassitude, un manque temps. Des tas, des bouts de papiers, un mélange un peu difficile à débrouiller, somme faite de tous les mouvements enlisés dans le sable de la clepsydre. Reprendre.


lundi 20 avril 2020

Livres lus ou relus (terminés entre le 20 et le 26/03)


- Thomas H. Cook, L’étrange destin de Katherine Carr, traduit de l’anglais (États-Unis) par Philippe Loubat-Delranc, Seuil, 2013
- Gudule, Destination cauchemar !, Nathan, 1998
- Ron Siliman, You, traduit de l’anglais par Martin Richet, Vies parallèles, 2016
- Fabien Vallos, Le poétique est pervers, Mix, 2006
- Jacques Roubaud, Tridents, Nous, 2019
- Senna Hoy, numéro 2, mars 2020
- Koshkonong, numéro 17, Hiver 2020, Éric Pesty Éditeur
- Koshkonong, numéro 17, Hiver 2020, Éric Pesty Éditeur

1- Étrange polar, à propos duquel je ne parviens pas à trancher s’il est bon ou mauvais. Trois histoires parallèles, au moins, qui se rejoignent, des décrochements narratifs vers un double manuscrit découvert au fur et à mesure (un journaliste dont le fils a disparu enquête un peu au hasard sur la disparition d’une femme, poète, dont il lit les manuscrits au fur et à mesure de ses rencontres avec une petite fille, Alice, passionnée de romans policiers et qui est atteinte de progéria et va donc disparaître): une impression de flottement, de discontinuité dans la lecture et la mémoire. Un récit en surfaces discontinues, qui interroge dans sa forme.
2- Lecture de travail. Gudule est un auteur souvent apprécié par les élèves - lecture en plus.
3- You (25ème livre de son Alphabet) répond à une procédure simple dans la pratique : écrire un paragraphe par jour (« Le paragraphe comme figure à quatre faces » - 15) pendant un an et regrouper chacun de ses paragraphes par sept. Observations diffractées, reprises, accumulées dans la rupture sémantique et syntaxique (« Paragraphe au mauvais endroit » - 94). Il se construit un récit elliptique, une année («Poème aussi graduel que le temps qu’il fait. » - 36), dans ses manques volontaires, par effleurements (« Au terme d’une journée, le tatouage éphémère commence à se fondre dans la texture de la peau.» - 88), pointage : « c’est ici ». (« Les détails déferlent, bourdon de mille traits, chacun infiniment spécifique, apparent. L’art du temps à la teneur des tons. Engrenages et leviers d’une seule main, cachés sous la chair, convergent pour soulever ce stylo. Ce que je n’écris pas c’est le choc de te voir malade. » - 14) « Chaque phrase comprise comme boîte de dialogue. » (73), qui explique sans doute ce You, car le procédé envoie le lecteur à sa quotidienneté, à ce qu’il peut embrasser par le regard ou la phrase, ou encore la « figure à quatre faces » qui cadre l’énoncé qui prélève dans le jour. – en tous cas fait son travail de toile, de relier, d’interrogation de ce qui s’écrit là, dans un présent d’énonciation, presque devant lui, dans l’immense possibilité d’arrangements de ses facettes.
4- Le petit livre de Fabien Vallos fonctionne comme une boîte à outils (Je pense à Agamben, Idée de la prose – Bourgois, 1998 -  qui est d’ailleurs cité d’emblée – 7). Chaque outil est exploré en partant le plus souvent d’un travail sur l’étymologie – travail aussi au sens ou le matériau travaille et dévie, dérive en apportant son lot de modifications, d’enrichissements, vers une ouverture spéculative. « L’œuvre d’art, poétique, se redéfinit ainsi dans la description du principe d’ « instaurateur de discursivité », c'est-à-dire que le texte n’est plus alors un livre, un objet, mais une fonction de discursivité, de fabrique du discours, qui selon le mot de Foucault, établit une possibilité infinie de discours, entre la fonction-auteur et le lecteur. » (24)
5- L'étrangeté de reprendre un livre commencé il y a longtemps, terminé sans être relu.
6- Plus je lis Roubaud et plus je vois son univers à la fois en expansion et réduction, dans le sens ou les réseaux se forment se reforment et donne l’impression d’un œuvre close, comme un labyrinthe, et en même temps ouvert, vu du dessus, permettant au regard interne d’appréhender un espace de plus en plus vaste dans ses replis, comme la mémoire. Les tridents sont une forme simple, assez minimaliste, et de ce fait permettent une variation infinie et une construction sans bornes.
7- Plus je lis Roubaud et plus j’ai envie de le relire.
8- Moments de lecture dans ce qui échappe, ne prend pas (voir aussi : l’absence de contextualisation, et je perds pied, mais j’aime aussi cette perte) – il faudra reprendre Senna Hoy. Je note juste : l’étrangeté de lire Marie-Louise Chapelle en anglais (une familiarité, un exotisme, conjoints).
9-Deux numéros très denses (Anne-Marie Albiach, Claude Royet-Journoud, George Oppen, Norma Cole – traduits par Yves Di Manno et Martin Richet : textes ou ensembles longs, lecture plus intense) de Koshkonnong dont les couvertures s’articulent autour de deux dessins d‘Anne-Marie Albiach, et dans une forme double, miroir, dans l’agencement des numéros. « le mouvement pris dans le tissu / ne chasse pas l’écho » (CRJ) – « le cœur alternatif // l’espace parcourt / les membres // livrés au hasard » (AMA).

Un outil

"[...] le vers est ce qui tend vers, ce qui avance et va, pour finir à travers (le point, le blanc), vers un autre vers, et cet autre vers vers un autre vers, encore, etc."
(Jean-Marie Gleize, "Je ne sais situer", in  Jean Tortel L’œuvre ou vert, textes réunis par Catherine Soulier, Université Montpellier, 2001 - 16)

mardi 14 avril 2020

Livres lus ou relus (terminés entre le 13 et le 19/03)


- Paul Eluard, Man Ray, Les Mains libres, Gallimard, 1947
- Philippe Claudel, De quelques amoureux des livres que la littérature fascinait, qui aspiraient à devenir écrivain mais en furent empêchés par diverses raisons qui tenaient aux circonstances, au siècle de leur naissance, à leur caractère, faiblesse, lâcheté, mollesse, bravoure, ou bien encore au hasard qui de la vie fait son jouet & entre les mains duquel nous ne sommes que de menues créatures, vulnérables & chagrines, Finitude, 2015

1- Brefs poèmes d’Eluard sur des dessins de Man Ray (et non l’inverse : semi-ekphrasis, dérivées, oniriques - ce qui m'intéresse).
2- Énumération de ratages littéraires fictifs, tous débutant par l’esperluette, un peu borgésiens et souvent vraiment drôles (j’ai éclaté de rire plusieurs fois  – 28, par exemple) – le dernier est peut-être de trop : « Quant à moi […], 112, parce qu’il referme l’absurdité fictionnelle qui fonctionnait si bien. Le jeu sur le titre long, qui fait la couverture, irait dans ce sens dans son étirement.
3- Je pense à plusieurs livres sur les œuvres détruites, que j’ai envie de relire.

vendredi 10 avril 2020

Livres lus ou relus (terminés entre le 6 et le 12/03)


- Ulf Stolterfoht, Lexique des superstitions allemandes, intraduction de l’allemand Bénédicte Vilgrain, Théâtre typographique, 2019
- Senna Hoy, numéro 1, décembre 2019

1- Composé de 9 poèmes de 5 quintils aux vers très longs, ce Lexique des superstitions allemandes m’a fait visuellement très vite penser à ces textes denses de Prynne (To Pollen par exemple, chez Barque Press) et il s’avère que Stohlterfoht est traducteur de Prynne en allemand. Voilà pour une parenté qui m’a enchanté.
2- Un texte à la fois compact et luxurieux, en anacoluthes et télescopages (« questions d’un équarrisseur / en train de lire » - 3), rejets, pousses (« j’appelle / ça : poncer intriguer décheter » -3), dont l’amplitude du vers « aplanit » (5) la vitesse des assertions. Tout se joue entre deux rythmes mais prend corps assez rapidement dans la lecture. Il s’agit de faire des liens, des branchements, élaborer des relations (« faim relationnelle » - 4) dans cette « littérature en camelote » (7) qui joue sur l’accumulation et la condensation. Au premier abord, c’est abrupt, puis on y prend plaisir, à tracer des chemins variés, à faire jouer le texte. Vraiment un très belle découverte...
3- « Senna Hoy, une revue de poésie en anglais et en français, publiée par Luc Bénazet et Jackqueline Frost » est une revue bilingue donc : textes écrits en anglais ou traduits en français et vice-versa. Pas de traduction en regard, en miroir. Trois auteurs pour ce numéro, sans contextualisation ou note biobibliographique, texte brut, donc : Christina Chamers, Nat Raha et Victoria Xardel. Les textes sont souvent politiques et d’une lucidité sans concession (« Ton goût pour le désordre / n’est qu’une autre forme de maîtrise. Une prédilection pour les thèses extravagantes/  et comme telles, inattaquables […] – Victoria Xardel). L’assemblage joue sur une alternance des auteurs, dont les textes ne constituent pas un bloc (« diphtongs by rotations. concentration by flotation. » - Christina Chalmers), interrogeant notre rapport à l’auteur et à la lecture, déstabilisant nos attentes. Une belle revue, qui donne à penser dans sa forme.

mercredi 25 mars 2020

Livres lus ou relus (terminés entre le 28/2 et le 5/3)

- Esther Salmona, Amenées, Eric Pesty Editeur, 2017

1- Deuil, inventaire, objets, jaillissement, journal, vide, mémoire collective et individuelle: "Ce qui est laissé comme désossé une pièce échoïque. Un nombre important de plaques sur lesquelles la mémoire vient à manquer."
2- Toujours le temps du livre, entammé, il ya longtemps, et puis repris d'une traite. Un très beau texte, à relire.

vendredi 13 mars 2020

Livres lus ou relus (entre le 21 et le 27/2)

- Henning Mankell, Une main encombrante, traduit du suédois par Anna Gibson, Seuil, 2014
- Tony Papin, Attention, Memyself, 2018
- Tony Papin, L'ordre du mérite, Memyself, 2017

1- Un roman policier, nouvelle expansée, et une postface éclairante sur le travail d'Henning Mankell par rapport à son héros (Wallander, que je rapproche de Maigret), et dans la construction des livres, toujours en prise aux événements contemporains de leur écriture.
2- Deux livres d'images. J'aime les photographies de Tony Papin, depuis longtemps, dans leur dépouillement, leur prosaïsme. je le suis de manière un peu épisodique, à travers son site, et plus récemment, sa newsletter. C'est une chose. Je découvre depuis un couple d'année la photographie. C'est autre chose. Ce qui me marque ici, c'est le halo, qui se dégage de chaque photographie, un regard qui s'attache , dans le prosaïque des objets quelconques, à faire de ce rien une luminosité particulière. Un halo, disais-je, une couronne de lumière qui entoure souvent l'objet, l'excède et le recntre, et c'est très beau, un regard sur le flou et le net, quelque chose qui me renvoie à la naissance de la photographie, ou de  mon regard. Pay attention.

samedi 22 février 2020

Degrés (114 sur 365) -Théâtre typographique

En 2017, j'ai écrit un texte par jour, adoptant toujours la même forme, avec des contraintes, le plus souvent grammaticales, mais légères, variées. Une sorte de journal, si l'on veut, mais dont chaque unité est décontextualisée et ne se rapporte, finalement à rien de très datable (avec le recul, je me rends compte que j'ai oublié beaucoup de choses - chaque poème fonctionne ne circuit fermé, si l'on veut, sans attache claire -l'ensemble des derniers vers, m'a-t-on fait remarquer au départ, pourrait faire une texte en lui-même, contrainte que j'ai suivie par la suite). Bénédicte Vilgrain en a fait un choix, sous une forme inspirée par le Yi king, selon ses propres contraintes (prosodiques). Je suis heureux et très fier que ce beau petit livre, un chapbook, soit publié au Théâtre typographique, avec une image d'Olivier Parault, dans la collection "intraduction".


vendredi 21 février 2020

Livres lus ou relus (terminés entre le 14 et le 20/02)


- Sébastien Smirou, Pierre Sky l’enchanté, Marest, 2019
- Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine, édition de Jean-Louis Backès, Gallimard, 1996
- Bruno Delarue, Monet, cathédrales, Terre en vue, 2010
- Jacques Roubaud / Jean-Pierre Gilson, Scotland, Créaphis, 2019 (réédition amoindrie de 1991)
- Jean Rolin, Savannah, POL, 2015
- Anne Immelé / Jean-Luc Nancy, Wir, Filigranes, 2003
- Bernard Plossu / Bernard Noël, Lire / écrire, Yellow Now, 2019
- Jean Rolin, Ormuz, POL, 2013
- Jean Rolin, Les événements, POL, 2015
- Francis Ponge, Nioque de l’avant-printemps, Gallimard, 1983
- Elizabeth Floch, Neiges pour mémoire, Contrejour, 1991
- Roland Barthes, Journal de deuil, Seuil/ Imec, 2009


1- Voyages ferroviaires et lecture.
2- Le livre de Smirou forme avec le livre de Pierre Sky (Chant-contre-chant, chez le même éditeur), un couple inséparable, comme les deux faces d’une médaille, dont le revers serait changeant, moiré. Il y a d’une part un essai cinématographique très probant de Pierre Sky sur la notion de chant-contre-chant dans le cinéma de Nanni Moretti, et d’autre part, un essai du psychanalyste Sébastien Smirou, sur ce même Pierre Sky, qui fut un temps son patient avant de disparaître. Récit de cas, donc, ou récit biographique. Essai ou récit, les frontières se brouillent et le livre même de Pierre Sky vient s’inclure dans le récit que font les deux livres (comme des poupées Russes, l’un s’incluant dans l’autre, mais ayant sa propre existence extérieure aussi). L’auteur Sébastien Smirou chapeaute le tout, tire les ficelles de la fiction, travaillant sur l’idée du double (thème récurrent dans son œuvre, comme le signalait Sébastien Rongier dans un entretien organisé à la Maison de la Poésie, qui fut le lieu du dévoilement) du dédoublement, ajoutant brouillage au brouillage. Récit ou essai : on retrouve là le travail d’investigation entamé par Smirou dans son essai sur Cappa, ou l’essai joue de ses frontières avec la fiction, le désir d’analyse, qui permet des regards différents mais croisés, puisqu’il s’agit de donner à voir, de fabriquer du sens, probable et probant. Biographie ou roman, essai ou roman : chacun des deux livres peut se lire comme un essai et se suffit amplement, mais la dimension romanesque déploie encore le champ, multiplie les jeux de miroirs (et du coup de cet autre miroir dans la construction romanesque : une part d’autobiographie peut-être, dans l’auto-analyse, le rapport à la parole, le double alter ego, mais dans une anamorphose singulière ? Un drôle de théâtre se joue entre ces deux livres (car il ya bien une théâtralisation, une mise en perspective, qui fait jouer les livres, les personnages, sur une scène où se tiennent des êtres de chair et de papier), qui multiplie les interrogations. Et le livre qui se joue entre les deux, non écrit, celui du lecteur, est une merveille de mécanique, qu’il faudra revisiter encore.
3- Onéguine à nouveau, dans une autre traduction, dont l’auteur admet l’insuffisance à rendre la langue « limpide » de Pouchkine (29). Ce qui répond à une de mes questions, puisque je ne parle pas Russe, sur la façon dont serait perçu le texte original. Maintenant, lire une troisième traduction, et l’absence de lassitude à une autre lecture m’étonne. Je n’ai pas d’autre souvenir de m’être accroché à plusieurs traductions ainsi, mis à part peut-être pour Pétrarque. Une lecture en variations. J’aimerais trouver une traduction en prose, pour voir. A poursuivre.
4- Variations qui me fascinent dans la peinture de Monet (et j’apprends : les peupliers, les meules de foin – chercher), que je découvre seulement maintenant, du moins dans un vrai rapport frontal – depuis disons à peu près un an, un tour à Giverny et puis récemment la lecture d’un livre de Marianne Alphant.
5- Dans ce système d’échos, Scotland renvoie à d’autres livres de Roubaud (le Gil, la poésie, les aventures de Mr. Goodman…), aux ciels anglais et autre « châteaux de nuages ». Motifs et sens de la profondeur que l’on retrouve dans les magnifiques photographies de Jean-Pierre Gilson, dont la construction précise, est reprise par Roubaud, bien qu’on puisse soupçonner un effet inverse, bien qu’il soit impossible. Les ekphrasis fonctionnent ici aussi en double, en variations. Mais sans doute est-ce un effet de lectures multiples.
6- Trois livres de Jean Rolin et trois rapports à la fiction : de l’autobiographique Savannah, qui double un premier voyage avec Kate Barry, sur les traces des souvenirs, pudiquement et sans s’appesantir à la fiction complète, post-apocalyptique, de Les événements, avec le statut un peu entre-deux d’Ormuz. Rolin a rejoint les quelques auteurs dont j’ai bien avoir un livre en réserve, au cas où (comme Chevillard, Echenoz…), et que je lis avidement, happé dans le récit, la plupart du temps. Il y a quelque chose de très similaire dans les trois livres : un rapport aux lieux, au descriptif en action, où chaque endroit se rapporte à l’œil qui le voit, avec un exotisme de regard, ou bien un regard qui donne l’impression d’une familiarité :  « uniformité qui développe chez moi le sentiment de n’être nulle part, ou d’être n’importe où. » (Ormuz - 101). Le monde est « un théâtre de dimensions prodigieuses » (ibid. - 187), ce qui lui confère aussi des dimensions réduites, celle de la tête, de l’œil, où se reflètent les personnages et les décors de cet espace théâtralisé.
7- Trois livres d’images, dont deux de type anthologiques thématiques (la lecture, par Plossu, et la neige par divers photographes, regroupés par Floch – j’aime et je n’aime pas les anthologie, pourtant les vertus apéritives, les systèmes de renvois, de lecture seconde) et le troisième dont je perçois chaque cliché comme au bord de l’effondrement, un instant dramatisé sans que pourtant rien ne puisse m’y faire penser, puis je lis dans la post face de Jean-Luc Nancy : « la menace et la chance que les êtres, les étants viennent à s’effriter dans cette granulation impondérable et se décomposent en ne pulvérisation dont la lumière elle-même constitue le brouillard au lieu d’allumer les rayons qui le dissiperaient. »  (60)
8- Ponge et la fabrique. Montrer le texte en fabrication, ce qui donne le texte, ses variations, ses miroitements. Une relecture, qui en entrainera d’autres (Et de La Fabrique du pré, aussi, je pense). Quelque chose qui nourrit.
9- Très vite, à la lecture du Journal de deuil, et en pensant à Incidents du même auteur, me vient l’expression Journal en miettes (Ionesco, après vérification). Fragmentation et travaux en cours (Ponge, encore), et évidemment, en mémoire, Le Tombeau d’Anatole, bien qu’ici il s’agisse plutôt de Proust. « Au début, chose bizarre, j’avais une sorte d’intérêt à explorer la situation nouvelle (solitude). » (95), il ya en effet un rapport presque naïf, neuf, au rapport au deuil, qui confine à l’analyse de ce qui est éprouvé (sans doute en faire un écran, aussi ?), en faire un faisceau de signes, à domestiquer : « Je cherche ma place. » (188).