jeudi 29 octobre 2009

Bricolage & improvisation

J'aime beaucoup ce titre d'un livre de Bruce Andrews (Roof books, 1995), quand bien même je ne l'ai pas lu.


Plusieurs chapbooks de Keith et Rosmarie Waldrop. De cette dernière Second language (Backwoods Broadsides Chaplet Series #92, 2005) et Trace Histories (Belladonna books, 2002). On trouve des points d'intersection (mais sont-ils construits par une lecture dans la succession?), notamment cette idée d'un entre deux (entre deux langues, entre deux récits - Trace histories emmêlant différents vestiges qui se jouent dans un rapport à une psychanalyse, mais "the anlyst is silent" -10- termine le livre - "the worl is hidden by signifiance" -2). Commencé Le Mouchoir du roi Pépin (Liana Levi, 1989) qui me fait penser à Arno Schmidt dans la construction du récit (par bribes, fulgurances, mais ici plus développées, avec un style plus "délicat) et le rapport à l'autobiographie. Il y a un récit parfaitement lisible et des espaces d'entre-deux, des éléments qui se succèdent et en amènent un troisième. Dès la première page, une phrase alléchante: "Mais pour ce qui est du sexe comme de la météorologie, le nombre des particules impliquées est tel qu'un inventaire exact de leur position et de leur vitesse est improbable." (15)

De Keith Waldrop, Six poems from Always in arises (Backwoods Broadsides #93, 2005), des pièces très courtes, assez minimalistes, ai-je presque envie de dire (vocabulaire, vers d'un mot, anacoluthes cependant) et Intervals (Awede, 1981), que j'ai relu avec plaisir et gourmandise: le titre dit tout sur l'espace qui se construit dans le texte, dans le lien à la musique, aux espaces traversés et à un entre-deux qui est un troisième. La lecture en est toujours très riche. La forme est ici fixe (10 vers: 3 2 3 2), avec des vers plutôt courts et un lexique savamment mêlé.

Dictionnaire.


Relu avec beaucoup d'émotion Kardia de Claude Royet-Journoud (Eric Pesty éditeur, 2009), une lecture qui m'a presque submergé cette fois-ci, d'une traite. Blocs de prose et passages versifiés mais sans dispersion sur la page, avec des références aux livres de la tétralogie. Il est toujours difficile de parler d'un livre de cet auteur, tant il est un lieu qu'on habite et qu'on explore. Chez le même éditeur, Figuren de Michèle Cohen-Halimi (2009), dont je tire cette citation qui éclairera sans doute ce que j'essaie de dire: "Sa première lecture est toujours la seconde, qui était déjà." (7). Familiarité et profonde extériorité, évident et lointain. Une forme d'horizon.



Trois textes d'Oscarine Bosquet, tous trois très différents mais qui se rejoignent par certains points: l'aspect ludique dans la recherche d'une langue, d'une forme, avec des côtés "exercices de style", expérimentation dans la façon de percevoir et de rendre les choses (Mauvaise observation dans Territoires, anthologie chez Fourbis, 1996, et Chromo, même éditeur, même année). Le troisième est cependant très différent parce que que très dur et très politique: Participe présent (Le Bleu du ciel, 2009). Il s'agit encore de rendre une perception d'évènements (guerres, images médiatisées, notre rapport à ça, à la difficulté à dire, voir, se souvenir). C'est un poème politique vraiment réussi, avec le richesse de lecture et de questionnement que cela induit. Le travail sur le forme est précis et, du côté grammatical, une analyse très fine du travail des pronoms et de ce à quoi ils renvoient, à la fois par des indices très clairs "Dans ma bouche nous / quel nous?" (22) et par un brouillage très subtil dans l'utilisation des différentes personnes. Le langage comme lieu politique aussi, en plus de la thématique très claire par les objets de mémoire (Rosa Luxembourg et les images de guerre et leur questionnement).

samedi 17 octobre 2009

récits / jeunesse

Trois livres plutôt destinés à un jeune public lus dans la semaine.
Dans la collection "Echos personnages" chez Hachette, qui date des années 80 (1983 pour les deux). Alexandre Dumas, Le prince des mousquetaires de Jean Thibaudeau, qui donne envie de lire Dumas dont j'aime les interventions faussement naïves de l'auteur de l'auteur. J'y relève (59): "Et le théâtre n'est pas une illusion, mais un aspect de la réalité." Le roi Arthur, au temps des chevaliers et des enchanteurs de Jacques Roubaud, plein de malice et toujours très érudit en faisant mine de rien.
L'idée de ces biographies me plaît bien, personnages fictifs et réels dans le même bateau, récit, un théâtre de personnages.
Aux éditions Lire c'est partir, Aventures de Lydéric d'Alexandre Dumas, qui pioche joyeusement dans tout un tas de récits traditionnels (on retrouve différents contes, romans du Moyen Age, L'Iliade, etc.) pour un petit roman de chevalerie.
Lectures liées au travail mais avec le même plaisir naïf de lecture.

mercredi 7 octobre 2009

b/d/t

Lecture de deux Roubaud. Alice et les 36 garçons (Mac/val, 2006, avec Claude Lévêque): réécriture à partir d'Alice, ludique, logique, onirique. Un beau petit objet. Le Chevalier Silence, une aventure des temps aventureux (Gallimard, 1997), qui noue le fil "roman médiéval" et le fil "Hortense". Il y a le goût de l'intrication, de l'emmêlement, du Lancelot en prose. Simple à la lecture, il joue avec la narration médiévale, le statut de l'auteur et du narrateur. Je pense à Nous les moins que rien, fils aînés de personne (Fayard, 2006), présenté comme autobiographie, ce qui n'est pas faux d'une certaine façon, mais comme biographies de multiples personnages, dans lesquels on retrouve les facettes du travail de l'auteur. A quel point chaque texte se lie à l'ensemble, comme branche.

Ouverture de La Chambre (Gallimard, 1968) de Jean Roudaut et surprise (et fascination) de trouver sur la page de garde, en place du terme générique attendu (roman, nouvelles, poésie, récit...), cette mention: "Parenthèse".

jeudi 24 septembre 2009

Anatole

Relu le Tombeau d'Anatole de Mallarmé (Seuil), brouillons d'un poème finalement non écrit: tombeau du fils, fragments publiés par Jean-Pierre Richard en 1955. Ce qui étonne, c'est la grande délicatesse du poème de deuil allié à l'extrême brutalité du texte, sans doute lié son caractère fragmentaire de notes pour un poème, qui accentuent le désastre auquel l'auteur fait face. Les coupures, figurées par des tirets, comme on bloque. Ici aussi, l'inépuisable, ce qui touche vraiment, le concentré. Le projet, brouillon, devenu texte, comme corps du deuil.

Cette lecture: attention particulièrement portée à des fragments plus décontextualisés ou décontextualisables.

mercredi 23 septembre 2009

Centre

"Comme si le centre était toujours mobile (et absent), la circonférence amicale." (Claude Royet-Journoud, Les Objets contiennent l'infini, Gallimard, 1983 - 53)

L'inépuisable.

nième reprise de la lecture de la tétralogie de Claude Royet-Journoud (Gallimard: Le Renversement, La Notion d'obstacle, Les Objets contiennent l'infini, Les natures indivisibles - publiés entre 1972 et 1997). Toujours partagé entre l'évidence du texte et son inaccessibilité ("la transparence est un leurre", La Notion d'obstacle, 1978 -18), dans cette tension, à la limite du reader's block dont parle Susan Schultz, avec l'impression de n'avoir jamais lu, d'être face à un texte foncièrement inépuisable. Chaque lecture amène son lot de découvertes, son regard foncièrement différent, son parcours singulier dans l'espace, plus que pour tout autre livre, celui-ci quadruple.

"l'espace est une phrase que le point rassemble" (ibid. -41)

mardi 7 juillet 2009

Toucher


"Toucher n'existe pas, toucher n'a pas de lieu." (Dorothée Volut, Alphabet, Eric pesty éditeur, 2008)