mardi 24 octobre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 21 et le 27/07)

- G. Schmitt, Délassements poétiques sur les rives du Mékong, Imprimerie Française d'Outre-Mer, (3 rue Rudyard Kipling) - Saïgon, 1951
- Ryoko Sekiguchi, Manger Fantôme, Argol, 2012
- Marc-Antoine Decavèle, Un livre qui essaye de produire un sens sans être tenu par l'unité d'un titre, Eric Pesty, 2017
- Olivier Salon, Le Disparate François le Lionnais, Le Nouvel Attila, 2016
- Olivier Salon, El Capitan, in Trilogie des cimes, Éditions Transboréal, 2014

1- Étrange de trouver un livre vraisemblablement à compte d'auteur (quelque chose de classique, d'amateur, dans la forme, et partant, de touchant) et puis d'y découvrir, sur papier pelure, un addendum au papier carbone, grossièrement relié à la colle. Quelque chose de privé, passé, une résurgence.
2- Ryoko Sekiguchi explore les goûts, avec beaucoup de finesse, ouvre l'appétit et la curiosité, fait songer les papilles. Ici quelque chose qui oscille entre la sensation, le rêve et le désir.
3- Marc-Antoine Decavèle fait de la peinture et de l'écriture. Dans les deux cas, "l'indétermination // s'allonge // en geste". C'est très subtil, discret (en général, ses livres ne font pas mention d'auteur), les choses se mettent en place et s'effacent, il reste une impression, un climat. Et en même temps, cela marque, durablement.
4- Une biographie oulipienne d'un oulipien par un oulipien. Un jeu d'échec, une somme. Ouvrage très fouillé, auquel Olivier Salon a consacré beaucoup de temps, fait de belles découvertes (des textes inédits de FLL). Il ne s'agit pas du tout d'une hagiographie: l'auteur est sans concession, et monte les témoignages (tentative de recollement d'un puzzle biographique nous indique le sous-titre) qui montrent un FLL arrangeant avec ses souvenirs, parfois trouble, particulièrement dans la période de la guerre (et quel témoignage sur la fin de la guerre!). On s'y laisse prendre comme à un roman fleuve.
5- El Capitan est le récit d'une ascension (OS est alpiniste), c'est aussi un exercice de style (OS est oulipien), c'est aussi une aventure humaine (OS est un humain), un livre d'amitié. C'est surtout un beau livre de poésie, qui peut aussi être lu par des enfants et des adolescents, ouvrir un champ.
6- Lire comme explorer.

lundi 23 octobre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 14 et le 20/07)

- Jan Knappert, 37 fables d'Afrique, traduit de l'anglais par Rose-Marie Vassalo, Castor poche Flammarion, 1998
- Simone de Beauvoir, Une mort très douce, Gallimard, 1964
- David Lespiau, équilibre libellule niveau, POL, 2017
- Maurice Roche, Un petit rien-du-tou ttout neuf plié dans une feuille de persil, Gallimard, 1997
- Bernard Friot, Pressé? Pas si pressé! , Milan, 2006
- Yannick Torlini, Camar(a)de, éditions Isabelle Sauvage, 2014
- Frédéric Forte, Système Jianpu, Contat maint, 2017
- Rémi Froger, Planches, POL, 2016
- Emilio Arauxo, Aqui, Amastr-N-Gallar, 2017
- Anne Portugal, et comment nous voilà moins épais, POL, 2017
- Charles Perrault, La peinture, Droz, 1992
- Jean Tortel, Instants qualifiés, Gallimard, 1973
- Guillaume de la Tayssonnière, L'Attiflet des demoiselles, L'Epithalame, Droz, 1992

1- Lecture pour le travail. Goût pour la fable, le conte, lecture d'enfance.
2- Par une liste de toponymes, arrêt de bus, passerelle, ..., s'apercevoir qu'on a jamais lu Simone de Beauvoir. Un texte autobiographique, très touchant, portrait de la mère qui s'en va. A creuser. "C'est connu le pouvoir des objets: la vie s'y pétrifie, plus présente qu'en aucun de ses instants." (140)
3- Relecture du livre de David Lespiau, d'autres choses se mettent en place, comme la forme d'un récit: "diffusion de bruit blanc à base de plis, de couches, de vagues. Les propriétés mécaniques du sol."
4- Le mot vague, le mot climat.
5- De Maurice Roche, on reconnaît certains invariants, qu'on pourrait qualifier parfois de tics, et pourtant on se laisse prendre, et c'est très frais, un petit rien-du-tout, une feuille de persil, autobiographique:"Je  tente de suivre un discours qui part seul dans la nuit et je reste avec le souvenir de cette petite aventure. " (116)
6- Bernard Friot, la suite du précédent, avec les mêmes défauts. On change le point de vue du personnage, en miroir. (Du coup ne garder que les autres.)
7- Yannick Torlini écrit et rythme de façon très précise. Pour s'en convaincre, il faut le voir lire. Travail du corps. On se laisse vite prendre (le rythme), et ça sonne très juste.
8- Frédéric Forte produit un texte à partir de la gamme (musique) en associant à chaque note un son voyelle. Un léger décalage entre la gamme et le vers, et la dextérité de l'auteur. Mauricio Kagel, en mire. Très beau.
9- Relecture du livre de Rémi Froger: l'aventure, l'image, les deux. Encore une belle lecture.
10- Les livres d'Emilio Arauxo sont pour moi des livres d'images, la langue étrangère décale aussi l'image. Un témoignage (la photographie, Isolina Punar), une abstraction(la langue, les pages dessinées).
11- Chaque livre d'Anne Portugal est un événement. Trois formes qui jouent avec le dialogue, l'apologue, l'image, l'ekphrasis, le politique, la langue, qui se transportent, se télescope, dans un fonctionnement précis et qui échappe en même temps. On est saisi, soufflé tout en même temps.  C'est très fort. Lire et faire lire Anne Portugal. ("je me trouve toujours plus beau en cœur croisé")

12- Poème qui tient du didactique, du lyrique et de l'éloge (au service du roi). Un Perrault peut-être méconnu. "Avec tant d'agrémens avoir sçu le former, / que ce fut même chose & le voir & l'aimer." (148)
13- "L'instant de la qualification / Étant celui, par des voies arbitraires, / Audibles ou non, sinueuses, / Contre l'obstacle, / Jeu ou chute, du passage / De l'image dans la figure, / L'image est toujours maltraitée." (Tortel - 47 - un autre livre, d'images, de regard, vignettes brèves, traits).
14- Guillaume de la Taysonnière, traité d'éducation pour une jeune fille, de vertu: "Or voicy, c'est à vous, petite Damoyselle, / que j'adresse cecy". Plaisir du vers, du désuet et du renversement.





dimanche 15 octobre 2017

Livres lus ou relus (terminés entre le 7 et le 13/7)

 - Gilles Ortlieb, Tombeau des anges, Gallimard, 2011

1- Un nom jamais lu, familier depuis l'adolescence (?): le catalogue des éditions Le temps qu'il fait. Comment, dans la bibliothèque mentale, en mouvement, on construit des attentes, des repères sans lieu, un nom propre qui n'est qu'articulation de vocables, rien à y rattacher ou si peu.
2- Les anges, ce sont les villes en -ange, qu'on trouve beaucoup en Moselle. Le livre est une sorte de carnet de voyage dans ces villes où l'on ne voyage pas, ou si peu - pas de tourisme, un carnet de peu, d'anecdotes, de réflexions. On y croisera le bouquiniste de Clouange, où j'allais de temps à autres, et où l'achat d'un ensemble de lettres racontera une histoire. Lecture agréable, comme on se promène, et à laquelle je rattache forcément des images - ici affection, fragments de mémoire, d'archive, journal implacable et rêveur.
3- "Les expéditions débutent souvent, on le sait, par des arrêts d'importance toute pratique (s'assurer une dernière fois que rien n'a été oublié, parmi l'indispensable), teintés d'une humeur variable mais volontiers contemplative à l'idée de ce qui nous attend, de l'inconnu - si connu soit-il par ailleurs - au devant de quoi on a décidé d'aller." (- 89)
4- Vagues échos.