- Thomas H.
Cook, L’étrange destin de Katherine Carr, traduit de l’anglais (États-Unis)
par Philippe Loubat-Delranc, Seuil, 2013
- Gudule, Destination
cauchemar !, Nathan, 1998
- Ron Siliman, You,
traduit de l’anglais par Martin Richet, Vies parallèles, 2016
- Fabien Vallos,
Le poétique est pervers, Mix, 2006
- Jacques
Roubaud, Tridents, Nous, 2019
- Senna Hoy,
numéro 2, mars 2020
- Koshkonong,
numéro 17, Hiver 2020, Éric Pesty Éditeur
- Koshkonong,
numéro 17, Hiver 2020, Éric Pesty Éditeur
1- Étrange
polar, à propos duquel je ne parviens pas à trancher s’il est bon ou mauvais.
Trois histoires parallèles, au moins, qui se rejoignent, des décrochements
narratifs vers un double manuscrit découvert au fur et à mesure (un
journaliste dont le fils a disparu enquête un peu au hasard sur la disparition
d’une femme, poète, dont il lit les manuscrits au fur et à mesure de ses
rencontres avec une petite fille, Alice, passionnée de romans policiers et qui
est atteinte de progéria et va donc disparaître): une impression de flottement,
de discontinuité dans la lecture et la mémoire. Un récit en surfaces discontinues,
qui interroge dans sa forme.
2- Lecture de
travail. Gudule est un auteur souvent apprécié par les élèves - lecture en plus.
3- You
(25ème livre de son Alphabet) répond à une procédure simple dans la
pratique : écrire un paragraphe par jour (« Le paragraphe comme
figure à quatre faces » - 15) pendant un an et regrouper chacun de ses
paragraphes par sept. Observations diffractées, reprises, accumulées dans la
rupture sémantique et syntaxique (« Paragraphe au mauvais endroit » -
94). Il se construit un récit elliptique, une année («Poème aussi graduel que
le temps qu’il fait. » - 36), dans ses manques volontaires, par
effleurements (« Au terme d’une journée, le tatouage éphémère commence à
se fondre dans la texture de la peau.» - 88), pointage : « c’est
ici ». (« Les détails déferlent,
bourdon de mille traits, chacun infiniment spécifique, apparent. L’art du temps
à la teneur des tons. Engrenages et leviers d’une seule main, cachés sous la
chair, convergent pour soulever ce stylo. Ce que je n’écris pas c’est le choc
de te voir malade. » - 14) « Chaque phrase comprise comme boîte de
dialogue. » (73), qui explique sans doute ce You, car le procédé envoie le lecteur à sa quotidienneté, à ce
qu’il peut embrasser par le regard ou la phrase, ou encore la « figure
à quatre faces » qui cadre l’énoncé qui prélève dans le jour. – en tous
cas fait son travail de toile, de relier, d’interrogation de ce qui s’écrit là,
dans un présent d’énonciation, presque devant lui, dans l’immense possibilité d’arrangements
de ses facettes.
4- Le petit livre de Fabien Vallos fonctionne comme une boîte
à outils (Je pense à Agamben, Idée de
la prose – Bourgois, 1998 - qui est d’ailleurs cité d’emblée – 7). Chaque
outil est exploré en partant le plus souvent d’un travail sur l’étymologie –
travail aussi au sens ou le matériau travaille et dévie, dérive en apportant
son lot de modifications, d’enrichissements, vers une ouverture spéculative. « L’œuvre
d’art, poétique, se redéfinit ainsi dans la description du principe d’ « instaurateur
de discursivité », c'est-à-dire que le texte n’est plus alors un livre, un
objet, mais une fonction de discursivité, de fabrique du discours, qui selon le
mot de Foucault, établit une possibilité infinie de discours, entre la
fonction-auteur et le lecteur. » (24)
5- L'étrangeté de reprendre un livre commencé il y a longtemps, terminé sans être relu.
6- Plus je lis Roubaud et plus je vois son univers à la fois
en expansion et réduction, dans le sens ou les réseaux se forment se reforment
et donne l’impression d’un œuvre close, comme un labyrinthe, et en même temps
ouvert, vu du dessus, permettant au regard interne d’appréhender un espace de
plus en plus vaste dans ses replis, comme la mémoire. Les tridents sont une
forme simple, assez minimaliste, et de ce fait permettent une variation infinie
et une construction sans bornes.
7- Plus je lis Roubaud et plus j’ai envie de le relire.
8- Moments de lecture dans ce qui échappe, ne prend pas (voir
aussi : l’absence de contextualisation, et je perds pied, mais j’aime
aussi cette perte) – il faudra reprendre Senna
Hoy. Je note juste : l’étrangeté
de lire Marie-Louise Chapelle en anglais (une familiarité, un exotisme,
conjoints).
9-Deux numéros très denses (Anne-Marie Albiach, Claude
Royet-Journoud, George Oppen, Norma Cole – traduits par Yves Di Manno et
Martin Richet : textes ou ensembles longs, lecture plus intense) de Koshkonnong dont les couvertures s’articulent autour de deux dessins d‘Anne-Marie
Albiach, et dans une forme double, miroir, dans l’agencement des numéros. « le
mouvement pris dans le tissu / ne chasse pas l’écho » (CRJ) – « le cœur
alternatif // l’espace parcourt / les membres // livrés au hasard » (AMA).
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