- Michel Chaillou, Michel Deguy, Florence Delay, Natacha Michel,
Denis Roche, Jacques Roubaud, L’hexaméron, Seuil, 1990
- Frank
Smith, Katrina, L’attente, 2015
- Françoise Sagan, Bonjour tristesse, Julliard, 1954 (Livre de
poche, 1967)
- Georges Perec / Cuchi White, L’œil ébloui, Chêne / Hachette, 1981
- André Souris, Sept portraits de Marie enfant et un autre, Les
livres Nus, 1971
- Georges Rodenbach, Bruges-la-morte, Actes sud, 1994 (et plus
tard : Espace nord, 2016)
- Denis Roche, Ellipse et laps, Maeght, 1991
- William Henry Fox Talbot, Le crayon de la nature, traduction de
Jean-Luc Ben Ayoun, Casimiro, 2014 (1844)
1- « Il y a
prose et prose », nous disent six voix (« Ou alors une époque,
celle-ci. » - Natacha Michel – 70), dont je retiens ce que je n’avais
jamais lu (Chaillou), l’apparition de Mr Goodman ( Roubaud), Denis Roche,
puisque c’est la période (photographique de la page 93). « J’aime que ce
qui a été écrit erre selon un but quelconque, irrécupérable pour la mort. »
(Natacha Michel - 66)
2- J’avais
entendu Frank Smith lire Katrina à la librairie Le Tour du monde
au printemps dernier : un propos, une voix et quelque chose de séduisant
dans ce texte exploratoire. Un peu déçu à la lecture du texte (je n’y retrouvai
pas le grain voix, le ton, mon oreille s’est fermée – tout est affaire de
circonstances - « Ce qui compte :
l’aventure réitérée du mouvement quotidien. » - 33). Il n’en reste pas
moins que je suis pris : l’aspect dialogal (le « tu » qu’on
retrouve dans Chœurs politiques, et cette préoccupation de la polis,
de ce qui est commun, y compris dans le relevé, l’entrevue, le journalier). Une
isle, dans son repli singulier (« Tu te familiarise avec sa
grammaire. » - 80), mais aussi son ouverture exemplaire, micro par macro.
(« Autour de l’île, les eaux. Pas de limitation pourtant, et aucun
contour, presque. » - 14). Un livre d’amitié aussi, de rencontres, c’est
sensible, dans l’ouvert : « C’est quoi une île ? / La question
stagne, elle ne se pose déjà plus. / Laisser dire et faire. C’est une vocation. »
(113)
3- Un roman de
Sagan, pour le trajet, et le plaisir du romanesque – et un autre : celui du
vieux livre de poche, couverture ancienne, lavis.
4- Errer dans une
autre bibliothèque – gourmandise.
5- Un livre d’images,
de photographies de trompe-l’œil (retournement étrange – s’étonner :
plans, aplats, ce qui se met dans la perspective, baroque) : « Toute
une série d’effets que l’on pourrait appeler ‘effets de réel’ (ou de vécu), où
tout ce que l’on mettrait spontanément, ‘naturellement’, du côté de la vie, de
la nature, et pas du côté de l’art, de l’artifice, c’est-à-dire, en vrac, le
désordre, l’usure, la patine, la poussière, l’un-peu-sale, l’accidentel, le
petit défaut, l’irrégularité, etc., sera très précisément mis en scène, pour
bien signifier à notre œil ébaubi et sidéré que l’on est dans la réalité
vivante et vibrante […] » (Georges Perec).
6- André Souris,
dans une série d’ekphrasis : poème bref, simple, d’une évidence fluide, en
face de photographies de la face aimé – enfance et une autre, plus tardive :
« Tu », dans le geste.
7- Bruges-la-morte,
récit presque fantastique, fantasmagorique, roman-énigme aussi. La ville comme
image de la morte, espace de deuil et de souvenir, d’une vie de deuil (« Ç’avait
été déjà un phénomène de ressemblance, et parce que sa pensée serait à l’unisson
avec la plus grande des Viles Grises. » - 50), musée intime : la
femme aimée, qui se réincarne dans une autre femme – images de l’image, mise en
abyme constante, dans une technique narrative pourtant classique du XIXème
siècle, mais comme enchâssée, dans ce bijou miroitant – les canaux, le
resserrement et le jeu des images entres elles (« le paroxysme de la
ressemblance et de l’infini de l’oubli » - 57), l’écho des cloche dans l’air
vibrant, « au fil des miroirs en qui le visage des morts subsiste »
(99).
7bis- Une autre
édition, qui reprend celle de 1892, avec des photographies de Bruges, toutes ou
presque vides, sans vie (spectres bougés), une Ville Grise, fantôme, musée, qui
échange avec le texte, reflet et différence. Et qui m’interroge aussi (la
photographie, l’origine, l’impression).
7ter- Revu
aussi : Vertigo, d’Hitchcock, autre écho, autres clochers.
8- Denis Roche
encore, familiarité des clichés, des images, et d’autres et la photographie :
dans le geste de saisir. « J’ai souvent rêvé d’un mot, d’un nom, qui
aurait donné naissance au mot ‘photographie’ mais dans le plus grand secret. D’un
mot, donc, éponyme, dont moi seul aurait connu le lien mystérieux qui l’aurait
lié à ‘photographie’, un mot connu, répertorié dans les dictionnaires, ni savant,
ni trivial, mais moins bête. Et surtout un mot qui serait du mot ‘photographie’
à la fois le commentaire – un adjectif donc – et l’éponyme : celui qui en
aurait fait son fruit dans le plus parfait silence des grammaires. Ce mot, c’est
‘nonpareille’. […] » (160).
8- William Henry
Fox Talbot, en remontant le fil, l’origine (les origines), le premier livre de
photographies (1844). Invention : recherches, balbutiements, essai,
essais, bricolage, improvisation et tenter d’en faire la grammaire, ce qu’on
peut en faire.
9- Souvenirs d’une
conférence de Patrick Talbot- bribes.
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