vendredi 2 mars 2018

Livres lus ou relus (terminés entre le 13/2 et le 1/3)

- Jean-Luc sarré, Poèmes costumés, suivi de Bât. B2, Le bruit du temps, 2017
- René Char, Lettera Amorosa suivi de Guirlande Terrestre, Poésie/Gallimard, 2007
- Olivier Salon / Philippe Mouchès, Carambolages, Cambourakis, 2017
- Jack London, Un survivant de la préhistoire, Nicolas Chaudin, 2004
- Olivier Salon / Philippe Mouchès, Histoire de l'art et d'en rire, Cambourakis, 2016
- Charles-Félix- Pierre Fesche, Tahiti au nom du roi, Nicolas Cahudin, 2007
- Deux histoires de champignons, traduits du japonais par Ryoko Sekiguchi et Christophe Honnoré, La Cocotte, 2011
- Dennis Lehane, Moonlight mile, Harper, 2010

1- Je n'avais jamais lu Jean-Luc Sarré , un nom mis de côté pour plus tard, un jour. C'est un peu tard. Avec une préface de Jean Roudaut. J'aime la précision ciselée de ces images, on pourrait dire d’Épinal-avec-recul (au moins pour Poèmes costumés), l'objet poème tel qu'il se présente et s'énonce, au rythme juste: "Quand revenu de courre le loup / on ne retrouve pas son carrosse, / il y a celui du cousin / qui prendra celui du cousin. / Ce sont des histoires de branches / dont la forêt ne s'étonne pas." (20). "laissant les phrases m'ouvrir les yeux" (141), je le feuillette comme un album: il faudra y revenir.
2- Je n'ai jamais réussi à vraiment lire un livre de René Char, que je ne connais presque pas (rares tentatives où je reste en surface - de vieux comptes à régler, sans doute, alors que ses œuvres en Pleïade ont été compilées par Jean Roudaut, ce qui devrait me mettre en appétit - alors questionner ma lecture, mes réticences de lecteur, comment ça s'est construit). Celui-ci fait partie de le petite série de livres en couleurs de Poésie/Gallimard, qui reprennent des éditions bibliophiliques: Braque et Arp. C'est nécessairement beau à voir (encore que le format frustre). je note, pas grand chose, et plus en écho: "Tu es plaisir, avec chaque vague séparée de ses suivantes. Enfin toutes à la fois chargent. C'est la mer qui se fonde, qui s'invente. Tu es plaisir, corail de spasmes." (26)
3 - Deux livres textes / images par Salon / Mouchès. Il s'agit de mixer deux tableaux, selon le principe du zeugme pour le second (qui est aussi le premier paru), Zeugme que l'on retrouve dans le titre et dans le texte. Les titres sont souvent irrésistibles. Les textes font rouler les calembours, approximatifs souvent, par euphonie, ce que j'aime assez. Micro-nouvelles contraintes par l'image, inégales mais à picorer (certaines sont extrêmement drôles, salon joue sur plusieurs registres comiques). La réussite de ces deux livres est ailleurs, dans ce qui casse par le rire, et le regard porté, neuf, sur les tableaux  ici mélangés: travail de l’œil, de la mémoire (ce sont des tableaux célèbres et il est souvent fait référence à François Le Lionnais, La peinture à Dora) - on redécouvre des œuvres patrimoniales, on se surprend à regarder plus précisément.
4- Amusante nouvelle de Jack London, qui évoque le dernier Mammouth. Le récit se joue du vrai, du faux, du vraisemblable, de la fiction, jusqu'à la fin, malicieuse. Un beau texte.
5- Fresch était de l'expédition de Bougainville. Il s'agit ici d'un extrait de son journal de voyage, qui retrace les souvenirs de la Nouvelle Cythère, Tahiti. Je ne comprends pas bien comment le texte a été établi (orthographiquement par exemple, et pourquoi avoir changé le titre, si titre il y avait?). Reste un texte vivace, curieux, regard exotique: "Sont-ce cela des sauvages? Non, certainement. C'est nous au contraire qui nous sommes conduits comme des barbares [...]." (79)
6- Deux histoires de champignons du XIIème siècle, anonyme, avec une postface de Ryoko Sekiguchi. C'est bref et vif et j'aime surtout la première histoire, d'empoisonnement. Se laisser aller au conte.
7- Le polar du soir, tiré d'une série avec les mêmes personnages. Le détective privé est marié et père de famille. Tradition et variation. Le récit prend, bien qu'un peu invraisemblable sur la fin. C'est aussi le portrait d'une génération, et d'un certain état des États-Unis après la crise des sub-primes. "I just notice people sometimes mistaketheir life choices for their moral ones." (142)
8- Et ceci, qui résonne avec la naissance de l'image, à propos du regard des nouveaux-nés: "Everything was unknown and unnamed. There was no "normal", no frame of reference. No language, no self awareness. Even the concept of a concept was unknown." (235)



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