mercredi 21 mars 2018

Livres lus ou relus (terminés entre le 2 et le 8/3)

- Frank Smith, Choeurs politiques, L'Attente, 2017
- Bertrand Belin, Littoral, POL, 2016
- Edward Gorey, Les Enfants fichus, traduit de l'américain par Ludovic Flamant, Attila, 2011
- Eugène Savitzkaya, Portrait de famille, Librairie Tropismes, 1992
- Edward Gorey, Le chien méfiant, traduit de l'américain par Patrick Mauriès, Le promeneur, 1996
- Paul Gadenne, Baleine, Actes sud, 1982 (2014)
- Edward Steichen, introduction de William A. Ewing, Photo poche / Actes sud, 2007
- Françoise Heilbrun, Alfred Stieglitz, Musée d'Orsay, 5 continents, 2004
- Maurice Blanchot, L'instant de ma mort, Fata Morgana, 1994
- Charles Juliet, Rencontres avec Samuel Beckett, Fata Morgana, 1986
- Robert Walser, Histoires d'images, choix de Robert Echte, traduit de l'allemand par Marion Graf, ZOE, 2006
- Robert Walser, Cendrillon, traduit de l'allemand par Roger Lewinter, Gérard Leibovici, 1990
- Robert Walser, Blanche-Neige, traduit de l'Allemand par Hans Hartje et Claude Mouchard, José Corti, 2001

1- Découverte de Frank Smith: quelque chose entre l'essai, le livre-de-poésie et le théâtre, qui joue entre les trois, dans la polyphonie, avec des mots d'ordre, paradoxaux, une politique de la parole, dans ce qui se joue, entre, les  deux (?) voix - le questionneur et le répondeur, avec leurs jeux d'inversion. "Prends place où ça parle littéralement [...]" (43) et "La puissance des questions vient toujours d'ailleurs que des réponses, alors jouis d'un libre océan qui ne se laisse pas résoudre - écrire doit être agencements dans l'écriture - , et fais naître ce qui n'existe pas encore, on en est là." [Entre temps, une lecture dans une librairie, Autour du monde, et l'intérêt qui s'aiguise - à approfondir].
2- Passer quelques jours à prendre dans une autre bibliothèque, retrouver, découvrir, petits livres, et choses dont j'avais envie. Un étrange bonheur.
3- Bertrand Belin, dont j'aime les chansons, fait un récit bref, dans le répété et la rupture, par glissements, dans les voix narratives, Histoire et histoires - lire Requin.
4- Deux abécédaires cruels d'Edward Gorey, souvent très drôles, le premier sur les prénoms et le second étrangement sur les adverbes (et la traduction de Mauriès). Des livres d'image, pince-sans-rire.
5- Deux autres livres d'images, qui s'entrecroisent dans l'itinéraire des deux photographes. De Steichen, beaucoup de photographies vues à la Villa Vauban, au Luxembourg, où l'exposition se termine bientôt. Les nuages, l'association, le mouvement. Histoire(s) de la photographie et travailler le regard. J'aime beaucoup, je m'interroge. (et en parallèle, vu aussi d'autres photographies, techniques, ressorts privés, mémoire morte, beaucoup de choses).
6- Savitzkaya un peu inattendu, presque autobiographique ("Tu as dit, je suis en Belgique, parce que ceux que tu accompagnais alors ont dit, nous sommes en Belgique [...]." (16), et cet étrange "Éloge du beurre" qui clôt le livre (22).
7- Un tout petit récit de Paul Gadenne, volontiers mystique dans son dénouement, avec des échos littéraires multiples, Melville, Baudelaire, Shakespeare ("Figurez vous que cette pourriture m'attire comme un conte de fée." - 16). Une chose précieuse.
8- Je ne connais pas bien Maurice Blanchot, j'ai oublié beaucoup, et je n'ai jamais vraiment bien connu, de fait. Flottements dans le phrasé, le récit, les pronoms, le statut de personnages - narrateur, jeune homme auteur, de la diégèse? (quelque chose d'apéritif, qui renouvelle quelque chose, peut-être, da  sma mémoire perceptive).
9- Lecture circonstanciée, ancienne du livre de Juliet (et je me souviens des rencontres avec Bram Van Velde, en photocopies - qui signe ici le frontispice), renouvelée ici (là aussi, reprendre Beckett, l'envie): "Je suis comme une taupe dans sa taupinière." (19 - Beckett, mais qui parle, en fait?)
10- Dans la traduction de Marion Graf de alser, un mot revient souvent: "ravissant" (à la fois la joliesse, et ce qui ravit - l'objet, sa disparition) Il y a quelque chose du tissage, de la broderie, derrière le prétexte de tel ou tel dont on s'éloigne qu'on reprend: le geste de coudre, de ravauder - un récit se fabrique, ou pas, dans le coq-à-l'âne. " Ce que j'ai omis de dire, d'autres pourront le dire." (15): " Il y avait là, souvent, quelque chose à boucler et à déboucler, la plupart du temps, on portait quelque chose." (62)
11- " Il arrive souvent que celui qui lit doive s'interrompre à brûle-pourpoint, vivement agité par toutes sortes de pensées en rapport avec sa lecture." (85 - une phénoménologie de la lecture, en jeu, ou de l’œil, qui se joue aussi dans le texte, son tissage, mais je vais vite - et d'ailleurs la vitesse de lecture, le lieu, ce qui s'y joue).
12- Deux "dramolets": un théâtre (mental?), autour du conte - le jeu sur le répétition (le sot dans Cendrillon, l'amour dans Blanche-Neige, entre autres - la moire, le reflet, quelque chose qui scintille dans la lecture, tire l’œil ("N'es-tu qu'un simulacre / dont le prestige m'éblouit?" - Cendrillon, 21), et la construction comme de longues pièces poétiques, par éléments brefs.. Le conte, jouenat le rôle personnage, prétexte, narrateur, en regard de ce qui est narré, rêvé (la culture commune, et ce qui s'en dégage chez Walser, la suite, continuation d'un récit, un retour, après-coup - le personnage tragique de Blanche-Neige, qui m'évoque Antigone. "ce jeu troublant" (Blanche-Neige, 83)

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