jeudi 14 janvier 2010

To and fro, Stevenson

"To and fro" est une expression qui revient très souvent (une bonne dizaine de fois) dans la section de Treasure Island qui raconte le vol de L'Hispanola par Jim, son échouage et la mort d'Israël Hands, tué par Jim, plus ou moins volontairement. En Echo, le "Fort und da" de Freud (cité dans La Lecture comme jeu de Michel Picard, Minuit, 1986), à cause des préoccupations du moment. To and fro: le roulis, l'aller-retour qui résumerait le voyage de Jim, le jeu de la quête du trésor, le passage d'une figure paternelle à l'autre (intéressant de penser comme l'action héroïque de Jim, le vol du bateau, qui constitue un des noeuds de l'initiation, est aussi celui d'un meurtre, comme le départ était lié à la mort du père, à la peinture blanche qui efface le passé dans l'auberge), les mouvements des poissons entre les cadavres des deux pirates, l'intermittence - des lumières dans la nuit, des relations avec Long John Silver... -, ce qui se cache et se montre, les lectures successives du texte (voilant et dévoilant), le "black spot" comme signe de mort (pour Bones), puis signe de signe (pour Silver, qui le tourne en dérision en renvoyant les matelots à leur superstition - le second "black spot" a été déchiré dans une Bible, mauvais signe pour le coupable d'un tel outrage - ce qui permettra à Silver de se sortir d'un mauvais pas)...
Le texte est toujours à la fois resserré (dans les détails qui fonctionnent souvent par paires, les retours de différets mots, expressions, figures) et lache (dans le récit, la fuite en avant du texte vers le dénouement, la découverte du trésor - aussitôt caché par Jim par l'effacement des ccordonnées de l'île sur la carte -, à moins que le dénouement ne soit le retour en Angleterre).
Chaque lecture avance ainsi, to and fro.

1 commentaire:

  1. Il faut une grande intimité avec le texte pour arriver à cette densité, intensité de lecture. Ca promet.

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